Le ciel ne tombera pas sur la tête des 44 salariés de Robert Bosch France à Vénissieux. Le bureau d’études, dernier vestige d’un site industriel jadis florissant, était pourtant voué à disparaître à son tour.
Le groupe allemand assure un avenir à son irréductible unité vénissiane en le dotant d’un banc d’essai à 700 000 euros. Exit le rail destiné à la motorisation Diesel. Cet outil permettra à Bosch Vénissieux de tester des piles à combustible à hydrogène. Grâce à cet investissement global d’1,4 million d’euros, le bureau d’études s’inscrit pleinement dans le projet FresH2 qui opère la transition entre le Diesel et l’hydrogène pour les camions frigorifiques. L’impulsion a été donnée par l’usine Bosch de Rodez. Dans l’Aveyron, deux ingénieurs ont eu l’idée de mettre au point un système de pile à combustible pour alimenter les groupes froids des semi-remorques.
À Vénissieux, les sections syndicales CFDT et CFE-CGC ont joué un rôle proactif dans ce sauvetage au long cours. Dès 2020, les salariés ont réclamé au groupe de développer la filière hydrogène à Vénissieux, puis proposé un effort financier.
« Sans ce projet, on fermait en 2022 »
« On a demandé que le CSE participe à l’achat du banc à hauteur de 20 %, soit 140 000 euros, révèle Choukri Errachidi (CFDT), secrétaire du Comité social et économique. Les Allemands ont vu qu’on était attaché à notre site et à nos métiers. »
Le 5 mai, la direction générale de Bosch France a annoncé la bonne nouvelle aux salariés. Les travaux d’adaptation commenceront en septembre 2022 avec l’aménagement de systèmes d’extraction et de réservoirs de stockage d’hydrogène. Le banc d’essai devrait être livré un an plus tard, au second semestre 2023.
« Notre avenir est lié avec celui du site de production de Rodez, précise Choukri Errachidi. L’accord qui a été signé court jusqu’au 31 décembre 2028. Nous avons six ans devant nous. » Grâce à cette nouvelle dynamique, Bosch Vénissieux devrait pouvoir recruter. Selon le syndicat, quatre embauches, « des ingénieurs spécialisés dans l’électricité et la mécanique de puissance », seraient espérées. « On est toujours là, martèle Choukri Errachidi. On veut exister et on fait tout ce qu’il faut pour. Sans ce projet, on fermait en 2022. On est vraiment passé près de la correctionnelle. »
Contactée, la direction de Robert Bosch France n’a pas répondu à nos sollicitations.
De 1 000 à 44 : le nombre de salariés en chute libre
Qu’il semble loin, le temps où Bosch employait plus de 1 000 salariés à Vénissieux ! En 2008, juste avant son déclin, l’usine du boulevard Marcel-Sembat abritait environ 800 salariés en CDI partageant un projet commun : la fabrication de pompes à injection Diesel pour l’automobile.
La naissance du site remonte à 1939 avec l’implantation de la Sigma (Société industrielle générale de mécanique appliquée). Le groupe Bosch absorbera cette entreprise spécialisée dans la construction de moteurs d’avion en 1974.
Promis à la fermeture en 2009, Bosch Vénissieux retrouve des couleurs en 2012 grâce à la productions de panneaux solaires. Une embellie de courte durée. En 2014, Bosch cède son outil à Sillia VL. Le fabricant breton vivotera trois ans avant d’être liquidé par le Tribunal de commerce de Lyon en 2017. Le groupe allemand versera plus de 10 millions d’euros de primes supra-légales à ses 128 ex-salariés qui avaient opté pour Sillia. La même année, Bosch met un terme à son activité Diesel. « 98 personnes étaient rentrées dans le cadre du PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi), se souvient Choukri Errachidi. Certains salariés sont partis en préretraite, d’autres ont été accompagnés en formation. Certains ont été intégrés par BoostHEAT. »
Toujours propriétaire du terrain, le groupe allemand vend ses 11 hectares à la SERL (Société d’équipement du Rhône et de Lyon) en 2018. Cette société, contrôlée par la Métropole de Lyon, développe un campus industriel innovant. Usin Lyon Parilly ouvre ses portes en janvier 2021. Dès lors, Bosch Vénissieux n’est plus que locataire.