Ils sont douze élèves, entre 11 et 17 ans, originaires de Côte d’Ivoire, du Portugal, de Syrie, d’Albanie ou encore d’Éthiopie. Dans cette classe du collège Paul-Éluard, les élèves font partie d’une “unité d’accueil strictement réservée à des élèves allophones nouvellement arrivés en France”, c’est-à-dire, qui ne savent ni lire, ni écrire en Français.
Alors pour cette première année d’initiation à l’écrit, l’oral et à la lecture, et afin de leur faire découvrir le monde du livre, les élèves accueillent pendant un mois et demi Laurine Thizy, auteure du livre Les maisons vides, lauréate du Prix du Roman Marie-Claire.
“C’est une sorte de médiation culturelle, nous explique leur professeure, Hakima Bennaïr. Ils vont pouvoir découvrir le monde de l’édition, découvrir ce qu’est un livre, et qui de mieux placé pour parler de ce sujet qu’une écrivaine ?”
Découverte de l’auteure
Pour cette première séance, Laurine Thizy et les douze élèves prennent le temps de faire connaissance, notamment grâce aux questions préparées par les collégiens. Des interrogations sur le parcours de la jeune femme ou sur le nombre de livres qu’elle a écrit.
L’auteure répond de façon claire afin de faciliter la compréhension par les jeunes, encore en plein apprentissage de la langue française. “J’ai écrit un roman, c’est une longue histoire, avec beaucoup de mots, mime-t-elle en même temps. Elle est inventée. J’aime écrire des romans. Le monde est plus grand quand on s’autorise à imaginer des choses qui n’existent pas, comme un chat qui parle.” Un exemple qui ne manque pas de faire rire l’assemblée.
Un des élèves lui demande si l’on peut écrire des histoires sans savoir lire. “Écrire, ce peut être écrire à la main, mais aussi raconter des histoires, nuance Laurine Thizy. Dans certains pays, les histoires sont récitées à l’oral et on les retient. On n’a alors pas besoin de support papier. Quand j’étais petite, que je ne savais pas encore écrire, je racontais les histoires à maman et c’est elle qui les écrivait.”
Portrait chinois
Puis c’est au tour de l’auteure de mener l’interview. Pour découvrir ces douze élèves aux parcours si différents tout en facilitant les échanges, elle leur propose de se livrer au jeu du portrait chinois. Les collégiens vont devoir exprimer, à tour de rôle, quel fruit, animal, ou encore quelle couleur les représente le mieux.
Même si la barrière de la langue se fait sentir, tous jouent le jeu. Ils décrivent, miment, demandent de l’aide aux copains et copines afin de trouver l’animal ou le fruit qu’ils considèrent être. “C’est marron et blanc à l’intérieur et on le casse” dit l’un d’eux. “Une noix de coco ?”, lui demande l’écrivaine en s’appuyant sur une photo. “Oui ça”, répond-il fièrement. Les rires fusent dans la salle et les élèves en oublient leur timidité passagère.
Dès que la sonnerie retentit, marquant la fin de la rencontre, la classe souffle de déception. Madame Bennaïr les rassure : “Laurine sera avec nous la semaine prochaine”. Naram, 13 ans ,va remercier l’auteure et nous confie, “j’ai tout aimé dans ce cours, c’était trop bien, surtout la partie sur les animaux. Je veux qu’elle revienne.”