Ils se disent « surpris », « heureux », « émerveillés » par la nouvelle. Aya, Lola, Salima et Youssef, élèves de 6e et de 5e au collège Louis-Aragon, n’en reviennent toujours pas, tout comme leur professeure de français, Delphine Muhlbacher.
Il y a quelques semaines, ils ont appris qu’ils étaient récompensés du prix départemental aux Palmes Académiques. Pour ce concours « assez confidentiel », comme le décrit la professeure, les talents d’écritures des élèves ont été passés à la loupe. « J’ai été très heureuse de gagner, dit Salima, 13 ans. Je ne m’y attendais pas, j’en ai parlé à mes amis et à ma maman. » « C’est incroyable, mon neveu est né et on m’a annoncé que j’avais gagné ce prix, ce sont mes plus beaux cadeaux », témoigne Lola, 11 ans.
Cette année, le choix de la catégorie s’est tourné vers la « jeune nouvelle » et le thème était libre. « Le style de la nouvelle est un exercice assez difficile pour les 6e et 5e, explique Delphine Muhlbacher. Ils ne le connaissaient pas, ils étudient ce sujet en 4e ou 3e. Il a donc fallu leur expliquer quelle démarche il fallait aborder, qu’il devait y avoir un retournement de situation à la fin. » « C’est comme une blague », décrit de son côté Youssef. « J’ai l’habitude de faire des petites blagues qui ne font rire personne et donc avec de mauvaises chutes. Madame Muhlbacher nous a dit que ça pouvait être sur n’importe quoi, j’ai décidé d’essayer de faire quelque chose de drôle. » Pari réussi pour le jeune garçon qui nous fait esquisser un sourire une fois son texte terminé.
Des textes drôles et touchants
Les histoires composées par ces quatre jeunes sont très différentes les unes des autres. Mais toutes apportent aux lecteurs un enseignement éclairé sur des sujets importants comme l’amitié, le harcèlement, la richesse ou la vie.
À seulement 12 ans, Aya fait preuve d’une très grande subtilité et d’un réalisme rare dans son texte. Elle a choisi d’aborder le harcèlement en transformant les harceleurs en ogres dans une métaphore qui « décuple la force du texte », comme l’affirme Delphine Muhlbacher.
« Cher journal,
Je t’avais bien dit qu’un jour ma maison serait prise pour cible et ce jour est arrivé. Je vais t’expliquer : quand je suis rentrée du collège, j’ai découvert que notre jardin avait été saccagé et nos murs tagués ! Mes parents ont essayé de me consoler mais je suis détruite de l’intérieur et de l’extérieur, fatiguée, triste et stressée…
Je ne sais pas comment ces êtres (les orgres, ndlr) peuvent être aussi cruels et avoir zéro empathie. Ils n’ont pas de cœur ! Ils trouvent ça drôle de faire souffrir les gens comme ça. Bon je te laisse ou sinon je m’énerverais plus que je ne le suis déjà ! »
Extrait de la nouvelle d’Aya.
« Le sujet du harcèlement m’intéresse beaucoup, nous dit Aya. On parle beaucoup de ce qu’on voit, pas de ce qu’il se passe une fois l’élève chez lui. Il faut se rendre compte que c’est un sujet très grave, les gens se sentent déprimés et certains peuvent aller jusqu’au suicide à cause de ça. C’est horrible, chez eux, ils peuvent pleurer et ça me fait mal d’y penser. »
Pour sa part, Lola a trouvé l’inspiration autour d’elle. « J’ai écrit une nouvelle sur une femme enceinte parce que ma sœur attendait un enfant pendant la même période. J’ai voulu parler de toutes les péripéties assez uniques qu’une femme enceinte peut vivre. Les mamans risquent leur vie pour nous et j’ai voulu leur rendre hommage et parler de ce qu’elles ressentent. »
Tous attendent avec impatience le 8 juin prochain pour la remise de leur diplôme et de leur cadeau. Et pour Youssef, cette journée aura une signification encore plus particulière : « Je vais y aller avec mon papa. Il travaille beaucoup donc je ne le vois pas souvent. La remise des prix est deux jours avant mon anniversaire, il m’a dit qu’il posera sa journée et m’accompagnera. Je suis content, ça sera comme mon cadeau d’anniversaire. »
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