Puisque la célèbre discothèque new-yorkaise, Studio 54, avait été baptisée ainsi du fait de sa situation sur la 54e rue, le Théâtre de Vénissieux, ce 6 mai, s’est transformé en Studio 8. Situé au 8, boulevard Laurent-Gérin.
Dès 18h30, des cours de waacking se déroulaient dans la salle Albert-Rivat. Le waacking, qu’est-ce que c’est ? Une danse née dans les années soixante-dix dans la communauté noire et latino et pratiquée dans les clubs LGBT américains. En peu de temps, elle gagne les milieux hétéros et tout le monde se met à la danser, d’autant plus que l’émission Soul Train braque ses projecteurs sur cette nouvelle mode. Diffusé de 1965 à 2006, ce programme TV connaît un grand succès, surtout avec l’arrivée du disco, et programme essentiellement des artistes afro-américains.
Riche idée qu’a donc eue le Théâtre de Vénissieux de demander à Paul de Saint Paul d’initier les Vénissians au waacking. De son vrai nom Paul Moscoso, le maître de danse espagnol s’est installé à Lyon il y a six ans. En ce qui concerne le waacking, il le dit et le répète : « Peu importe le genre ou la sexualité, l’idée est d’exprimer ce qu’on a en nous. »
Pendant plus d’une heure et demie dans la salle Rivat, Paul a donc permis à la trentaine de danseurs présents de laisser libre cours à leurs corps. « Je ne sais pas quoi faire, annonçait Paul. J’ai une tête ? Je peux danser avec la tête. Après le bassin. N’oubliez pas que vous avez un corps. »
Et une fois que chacun, sur les musiques entraînantes des années disco, enchaînaient les mouvements avec la tête, le bassin puis l’ensemble du corps, Paul s’écriait : « Le Club Théâtre de Vénissieux, c’est le meilleur du 69 ! »
Dramatisme, divisme, incroyabilisme
Attention, il ne suffit pas de se tortiller n’importe comment pour pratiquer le waacking. « C’est une danse, reprend Paul de Saint Paul, qui s’inspire du cinéma hollywoodien. Le mot clef est que vous êtes des acteurs du Hollywood des années cinquante, entourés de caméras, et qu’il faut tout envoyer. Tout le dramatisme, le divisme, l’incroyabilisme. »
La bonne humeur du danseur est communicative. Hilares, les apprentis se regardent d’abord, histoire de voir ce que font les autres, puis se lancent, prennent du plaisir et continuent encore et encore jusqu’à ce qu’ils aient bien intégré toutes les recommandations du chorégraphe. Les arrêts sur image quand la musique stoppe et à nouveau le déhanchement lorsque Paul remet le son.
Il explique encore la portée politique du waacking lorsque, dans ces années soixante-dix compliquées, les clubs américains devenaient des lieux « safe » où pouvait s’éclater un public noir, gay et latino.
Quand il sentit que son groupe était prêt, Paul l’a entraîné dans le hall du théâtre où tournaient les boules à facettes. La haie d’honneur se forma et, au milieu, deux par deux, tous purent montrer leur joie et leur compétence. Y compris ceux qui, arrivés entre temps et n’ayant pas suivi l’initiation, se lancèrent à corps perdu dans la danse improvisée.
Une superbe soirée qui s’est poursuivie jusqu’à minuit par des créations danse-musique (Shafak et Obvious ; Grégory Ramirez & Naomi Ikomb et Outside ; Voltaïk et Fahron) et un set enjoué du DJ Kaynixe.