Imaginez. Depuis la gare de Vénissieux, en plus de l’offre de tramway T4 (actuelle) et T10 (future), une autre option crédible pour rejoindre le centre de Lyon : le train. Avec une rame toutes les 15 minutes, et un trajet court et direct vers les principales gares lyonnaises de la Part-Dieu et de Perrache. Et la même possibilité offerte à de nombreuses autres gares du Rhône, voire de la région tout entière. Le nom très officieux de ce projet ? Le « RER à la lyonnaise ».
Évoqué pendant la campagne des élections régionales en 2021, vivement souhaité par la Métropole de Lyon, ce projet avait pourtant récemment encore des allures d’Arlésienne. Mais il s’est offert un retour dans l’actualité en ce début de printemps, lorsque Bruno Bernard, président (EELV) de la Métropole, a écrit au président de la Région Laurent Wauquiez (LR) pour l’inciter à accélérer la réalisation de ce nouveau maillage ferroviaire en Auvergne-Rhône-Alpes. Il l’a aussi pressé d’envisager « [l’intégration] de l’offre TER dans les abonnements et titres des réseaux urbains qui le souhaitent », avant « l’introduction d’une tarification zonale de type RER ».
Laurent Wauquiez a répondu au président de la Métropole de Lyon dans une interview à nos confrères du Progrès. Il a ainsi indiqué avoir pour objectif le développement d’une offre de transport « tous les quarts d’heure, aux heures de pointe, sans avoir besoin de consulter les horaires », avec « une amplitude horaire de 5 heures à 23 heures », permettant aux usagers de « conjuguer les moyens de transport : train, tram, tram-train, bus ou cars ».
Un RER à la lyonnaise qui serait désormais possible, selon la Région, grâce à une augmentation des investissements dans les infrastructures (rails, gares, rames…), le plus notable de tous étant le nouveau visage donné à la gare de la Part-Dieu — dont la voie L ouvrira fin juin, permettant à la gare de passer de 125 000 voyageurs par jour à 175 000. « Nous allons travailler sur une densification du nombre de trains en étendant les plages horaires, en renforçant les heures creuses, le tout en faisant tourner plus de rames, promet Laurent Wauquiez. Nous pourrions d’abord expérimenter sur l’axe Vienne-Lyon-Villefranche (ce qui constituait une demande de la Métropole, ndlr). »
Au total, le chiffrage de ce projet pourrait atteindre 7 milliards d’euros, entre l’achat de nouvelles rames plus grandes, le prolongement de certaines lignes et la rénovation d’équipements locaux. Pour une finalisation envisagée à l’horizon 2035.
Un réaménagement nécessaire de la gare de Vénissieux
Pour Pierre-Alain Millet, conseiller métropolitain et adjoint au maire de Vénissieux, ce retour dans l’actualité du RER à la lyonnaise est avant tout « une bonne nouvelle ». « La Région annonce vouloir y travailler, la Métropole en reparle aussi, c’est très bien, indique l’élu. Il va y avoir prochainement un nouveau plan de mobilité de l’AOMTL (ex-Sytral), et donc des études. Le contexte est donc le bon pour réfléchir à l’offre de transports en train dans la région. Mais certains sujets doivent être soulevés. »
« Le véritable enjeu, c’est bien sûr le financement, explique Pierre-Alain Millet. Combien la Région veut-elle consacrer à ce projet ? Et l’État, que ce soit directement ou à travers la SNCF ? Et surtout, quels aménagements faut-il prévoir ? À Vénissieux, la réalisation du RER à la lyonnaise impliquerait notamment l’exigence de revoir le quartier gare, et d’agrandir la gare. Car, qui dit renforcement de la fréquence, dit augmentation très nette du nombre de passages. Et actuellement, la gare de Vénissieux n’est pas dimensionnée pour cela. Il faudrait aussi trouver un moyen pour que cela n’augmente pas, en plus, le trafic automobile vers cet équipement, généré par des voyageurs qui veulent prendre le train. Il faut donc également réfléchir à l’offre de transports en commun vers la gare de Vénissieux, avec des lignes fortes et régulières depuis et vers d’autres communes proches, comme Corbas. »
Sans oublier la question de la tarification des trajets. « Un RER à la lyonnaise, ce n’est possible qu’avec une tarification unique, abordable pour tous les voyageurs, estime l’élu. Cela peut se financer, par exemple en augmentant les cotisations des entreprises dédiées au transport. Celles-ci seraient les premières à bénéficier de la réalisation du projet, avec des trajets domicile-travail plus faciles pour les salariés. Mais tout cela doit se discuter. J’espère qu’une grande concertation sera bientôt lancée pour évoquer tous ces sujets. Cela permettrait véritablement d’avancer et de voir ce qui peut nous attendre dans une ville comme Vénissieux. »