La file d’attente s’étire à l’ombre du bâtiment Quai 43 du Campus de la Doua de Villeurbanne. Nous sommes le samedi 26 mars après-midi. Les étudiants qui font la queue devant l’Espace Double Mixte ne sont pas venus pour acheter des billets de concert. Tous sont là pour la distribution alimentaire. Un samedi sur deux depuis plus de deux ans, Evénements solidaires est fidèle au rendez-vous. Les bénévoles de cette association vénissiane déploient des tables pliantes et y disposent victuailles, produits d’hygiène et même quelques jeux de société.
« Au début, ils étaient vingt, se souvient le président Amara Fenniche. Maintenant, on compte 160 inscrits. Tous ne viennent pas à chaque fois mais on sait qu’il y avait un réel besoin. C’est ma fille qui m’avait alerté. Les étudiants qui ont besoin d’aide ne se manifestent pas. Alors on est allé dans les allées du campus pour se faire connaître. »
Pour aider les étudiants précaires à remplir leur frigo, Amara Fenniche récupère des fruits et légumes frais auprès de forains, gratuitement ou à bas coût. Des donateurs remplissent la caisse de l’association. L’employeur du responsable associatif contribue également à l’élan de solidarité: « Renault Retail Group nous offre le financement pour acheter des boîtes de conserve. »
« D’habitude, on se restreint »
Lors des distributions de colis, de nombreuses nationalités se côtoient. Tous ces étudiants au budget ric-rac semblent ravis de remplir leur cabas. « Notre bourse ne nous permet pas de bien faire les courses, confient André et Leonardo, deux camarades brésiliens. Et ici, les légumes sont meilleurs qu’au supermarché. »
Julia, l’une de leurs compatriotes, est une habituée depuis un an. Allergique au gluten, cette étudiante à l’Institut national des sciences appliquées (Insa) dépensait des sommes folles pour s’offrir des produits adaptés à son régime : « Le Monsieur me prépare toujours mon panier. Ici, je n’ai pas de bourse. Ni du gouvernement brésilien ni du gouvernement français. L’autre problème, c’est que notre monnaie, le réal brésilien, est faible par rapport à l’euro. »
Même constat pour Seydou et Paul, originaires de Côte d’Ivoire où le cours du franc CFA ne joue pas en leur faveur. « À Lyon, les loyers et les déplacements sont chers, observent ces deux étudiants en école de commerce (Idrac). L’école aussi : une année de Master coûte plus de 9 000 euros. »
Cyanne est Française. Etudiante en école d’ingénieurs en chimie (CPE), elle partage les mêmes difficultés que ses deux amies coréennes : « L’année d’études coûte plus de 7 000 euros. Nos parents nous aident à la financer mais il faut bien payer le reste. Les fins de mois sont compliquées. J’ai essayé de travailler en restauration le soir mais c’est très dur. Venir à la distribution, c’est un soulagement. D’habitude, on se restreint. »
Samedi 7 mai, ces jeunes gens au pouvoir d’achat en berne pourraient se retrouver lors d’un gala organisé à la salle Joliot-Curie, à Vénissieux. Le projet tient à cœur à Amara Fenniche : « S’ils n’ont pas assez de sous pour manger, ils ne peuvent pas non plus faire la fête… »
Contact : Evénements solidaires : Facebook : evenements.solidairess/ / E-mail : evenements-solidaires@outlook.com
Lieu de distribution : 19, av. Gaston-Berger à Villeurbanne