Mercredi 23 mars après-midi : dans les ateliers de l’entreprise Gruau, des dizaines de bras empilent des masses de produits à l’arrière de deux camions. En quelques minutes, chacun de ces deux utilitaires caisse grand volume s’alourdit d’une tonne de marchandises. Dans quelques jours, ces denrées alimentaires, jouets, produits d’hygiène, médicaments et consommables en tous genres atténueront la détresse de familles ukrainiennes victimes de la guerre.
L’opération humanitaire est organisée par « Les Utilitaires de l’espoir », association portée par le groupe Gruau, en lien avec les associations Alysée et Lyon-Ukraine. Le lendemain à 7h30, les deux camions s’élanceront en direction du sud-est de la Pologne pour une course de 5 000 km aller-retour. Là-bas, la congrégation religieuse des Sœurs de Nazareth acheminera le chargement en Ukraine via le couloir humanitaire.
Les deux véhicules sont deux maillons d’une grande chaîne solidaire. Ils rejoindront un cortège de vingt camions, dont deux semi-remorques. Tous sont issus des usines du groupe.
« Gruau est une entreprise familiale de cinquième génération, précise Xavier Mâchoire, directeur de Gruau Lyon Lanéry. Lorsqu’une de nos unités rencontre un problème, on se doit de répondre présent. Gruau Pologne a lancé un appel. Nous avons des collaborateurs ukrainiens. Tout le monde s’est mobilisé. Nous avons cette sensibilité : nous travaillons pour les pompiers et le Samu. »
Cinq tonnes de dons
Le projet a été ficelé en un temps record. Pour collecter les dons, une semaine a suffi. Fournisseurs, salariés, entreprises, particuliers et communes y ont contribué. Entre quatre et cinq tonnes ont été déposés rue Fernand-Pelloutier. La charge utile des véhicules étant limitée, des associations récupéreront le surplus par la suite. En parallèle, Gruau a lancé une cagnotte en ligne (voir par ailleurs).
Pour mener les deux Renault Master à bon port, David, Jamel et Julien se sont portés volontaires. Venu de Corneliano d’Alba, près de Turin (Italie), Fabrizio est venu épauler ces trois salariés du site industriel vénissian.
L’aventure s’étale sur une semaine. « Ça va nous sortir du quotidien, lâche Julien. On va faire de la route pendant quatre jours mais ça ne me dérange pas de rouler. Un jour, j’ai fait du service après-vente à Cannes : 900 km aller-retour. »
L’expédition routière jusqu’à la frontière ukrainienne n’angoisse pas non plus Jamel : « Quand j’étais petit, avec mes parents, on traversait la France, l’Espagne et le Maroc pour aller en vacances en Algérie. C’est la première fois que je fais de l’humanitaire. L’entreprise nous donne l’occasion de faire une bonne action. Ce qui me motive, c’est d’aider mon prochain. »
Les Utilitaires de l’espoir. Cagnotte en ligne sur Leetchi