Une partie des agents des TCL le redoutaient. Le Sytral le leur a imposé. Le scénario de l’allotissement a été approuvé lors du dernier conseil d’administration du 10 mars. La question avait irrité les syndicats, qui avaient appelé à la grève, le 9 février et le 10 mars. La première journée d’action, très suivie, avait fortement perturbé les déplacements.
Concrètement, le réseau de transports sera ouvert à la concurrence. Depuis 1993, son exploitation était confiée à Keolis Lyon, une entreprise privée, dans le cadre d’une délégation de service public. Dès le premier janvier 2025, deux opérateurs pourraient se partager le gâteau.
En effet, deux lots seront soumis à l’appel d’offres. Le lot « modes lourds » englobe les infrastructures, le métro, le funiculaire, le tramway, Rhônexpress, l’informatique, la sécurité et le contrôle des tickets pour dix ans. Le second lot concerne les bus, trolleybus et le contrôle des titres pour six ans. Le service Optibus est géré par marché public pour quatre ans. Enfin, la relation usagers et les parcs relais reviennent dans le giron public via une Société publique locale (SPL) cogérée par le Sytral et la Métropole.
Grâce à ce morcellement du marché, le Sytral espère séduire d’autres opérateurs « pour faire mieux au juste prix ». Cette mise en concurrence sortirait le Sytral d’une situation de dépendance vis-à-vis de Keolis . Lors du dernier appel d’offres de 2017, la filiale de la SNCF avait en effet été seule candidate.
Le socle social ne fait pas l’unanimité
« Ne pas bouger, c’est rester dans une situation de monopole privé, ce qui est tout à fait contraire au développement du service public », a résumé l’écologiste Jean-Charles Kohlhaas, premier vice-président du Sytral, lors du CA. Ce n’est ni favorable aux usagers ni aux salariés. »
De leur côté, les syndicats redoutent une mise en concurrence des agents TCL et une remise en cause de leurs acquis et droits sociaux. « Seule une gestion directe permet de ne plus avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête », ont affirmé la CGT Ugict, la CGT et la CFDT le 2 mars, par le biais d’un communiqué.
Pour rassurer les 4 500 salariés de Keolis Lyon, le Sytral a concocté un « socle social ». Selon le président Bruno Bernard (EELV), cet engagement assure « la continuité des rémunérations, droits et acquis sociaux quels que soient les opérateurs retenus. C’est une première en France pour un réseau de transport urbain. » Les organisations syndicales se disent prêtes à négocier ce socle social mais préfèrent que les salariés soient regroupés dans une seule structure.
L’allotissement divise aussi les élus de gauche
Le découpage des lots n’emballe pas particulièrement l’aile gauche du conseil métropolitain. Trois composantes de la majorité sont opposées au nouveau mode de gestion : le groupe Communistes et républicains, la Métropole insoumise, solidaire et résiliente et Métropole en commun. « En désaccord mais pas en rupture », communistes et insoumis ont cosigné un communiqué en faveur d’un lot unique.
Unique représentante vénissiane au Conseil d’administration du Sytral, la communiste Marie-Christine Burricand explique sa position à notre rédaction : « Je ne crois pas que la mise en concurrence soit la solution aux problèmes. Un allotissement se conclut toujours par une perte d’unité et une fragilisation du service public. On l’observe avec la SNCF. » Par ailleurs, l’élue émet quelques doutes quant à la viabilité du socle social : « Pour les salariés, des inégalités risquent de s’installer. Les conditions de travail sont déjà difficiles. Les salaires ne sont pas attractifs. Les agents ont besoin de se sentir sécurisés. »