« On sent que le bouche-à-oreille commence à fonctionner, les gens m’appellent de plus en plus et les commerçants jouent le jeu, ça veut dire qu’on est implanté maintenant. »
Justine Marchal, grand sourire, ne cache pas sa satisfaction. Depuis janvier, elle est la nouvelle ambassadrice des droits sur le quartier du Moulin-à-Vent. Employée par l’association Passerelle, elle tient permanence les mercredis et jeudis au centre social, et passe le reste du temps à « aller vers ». Autrement dit à prospecter dans le quartier pour repérer les invisibles, ceux qui ont des droits à faire valoir mais ne le savent pas. Flyers en mains, elle interpelle les habitants sur la place Ennemond-Romand ou au pied des résidences. Un travail de terrain indispensable.
Cinq mois après son lancement par le laboratoire d’innovation sociale Centsept (en partenariat avec la Ville de Vénissieux), le dispositif expérimental Territoire zéro non-recours (TZNR) a touché une cinquantaine de personnes. « Cela peut paraître faible mais depuis quelque temps je comptabilise entre cinq et dix rendez-vous hebdomadaires », précise Justine Marchal. La plupart de ceux qui la sollicitent sont des seniors et des familles monoparentales, quelques couples de jeunes parents également. Lesquels, grâce à son soutien, parviennent à enclencher des démarches pour percevoir la prime d’activité, la Complémentaire santé solidaire (CSS), ou encore le chèque énergie. « Ce sont les dossiers que je débloque le plus. Mais quand on commence à suivre les gens on découvre rapidement d’autres problématiques. Il y a beaucoup d’incompréhensions avec la Caisse d’allocations familiales (CAF) par exemple. Cela peut aussi déboucher, parfois, sur un accompagnement social plus poussé. »
Lever les freins
Il n’existe pas de chiffres officiels sur l’ampleur du non-recours en France. Une certitude : les sommes en jeu sont bien plus élevées que celles liées à la fraude sociale. Selon une enquête parue dans Alternatives économiques en novembre 2014, les seules prestations du RSA-activité, de la CMU (aujourd’hui la Puma) et de la CMU-C (devenue la CSS) représentaient entre 5,8 milliards et 6,6 milliards d’euros de non-recours, contre une fraude estimée par la Sécurité sociale en 2012 à 290 millions.
Le premier frein à la non-perception des prestations sociales est une mauvaise information. Quand les bénéficiaires connaissent leurs droits, ils peuvent aussi renoncer du fait de la complexité des démarches administratives, notamment pour des difficultés dans la maîtrise de l’informatique.
Pour mettre en confiance les habitants qu’elle accompagne, Justine Marchal propose des interventions à domicile. « Certains peuvent être réticents à venir exposer leurs soucis au centre social, j’essaie vraiment de lever tous les freins possibles. »
Hormis le secteur du Moulin-à-Vent à Vénissieux, où l’expérience prendra fin à l’automne prochain, le dispositif TZNR est testé à Paris, Bastia, et tout récemment dans le quartier de La Perralière à Villeurbanne. Dix nouveaux territoires pourraient être bientôt concernés.
Accueil individuel sur rendez-vous le mercredi de 13h30 à 19 heures et le jeudi de 10 heures à midi et de 14 à 19 heures.
Centre social du Moulin-à-Vent – 49, rue du Professeur Roux.
Tél : 07 81 80 24 47 (du lundi au vendredi).
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