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Pour célébrer le 60e anniversaire du cessez-le-feu en Algérie, la Ville et la Fnaca organisent une cérémonie le 19 mars. Retour sur cette guerre.

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Kader Kharroubi, militant par la force des choses
Débarqué en France à 18 ans quelques mois avant la fin du conflit, Kader Kharroubi collectait l’impôt révolutionnaire pour le FLN. 

Orphelin dès ses 15 ans, Kader Kharroubi arrive à Marseille le 6 juin 1961, à l’âge de 18 ans, avec pour seuls bagages un diplôme de maçonnerie. Il se rend immédiatement à Lyon, où l’attend une promesse d’embauche de l’entreprise Avenir. « Je quittais l’Algérie pour la France où la situation était également très tendue, se souvient Khader, qui fêtera l’an prochain ses 80 ans. On m’avait informé que la communauté nord-africaine vivait repliée sur elle-même, pas forcément apaisée puisque deux factions rivales, le Front de libération nationale et le Mouvement national algérien, s’affrontaient en un combat secret pour obtenir l’adhésion et la cotisation qui s’élevait à environ 8% du salaire. »

Le Vénissian se rappelle avec netteté de sa première nuit, passée dans un hôtel près de la place Guichard, pour la modique somme de 8,40 francs.

« Par la suite, j’ai trouvé un hébergement dans un foyer de l’avenue Paul-Santy. J’ai immédiatement eu la visite de deux contrôleurs œuvrant pour le FLN. Bien évidemment, j’allais comme tout le monde payer l’impôt révolutionnaire chaque mois. On allait même me confier la mission de collecter la cotisation dans le foyer, moi qui n’avais que 18 ans, sachant très bien que celui qui refusait de la payer avait droit à une sévère correction ou à une mise à mort. »

Quand il est intimé à Kader et un autre collecteur d’aller corriger un mauvais payeur, le scénario ne se passe pas comme prévu. « On l’avait emmené rue du Château à Vénissieux. Mon équipier lui plongeait la tête dans un conteneur d’eau. Mais au bout d’un moment, je lui ai dit d’arrêter. Il n’était pas question pour moi de tuer qui que ce soit. En retrouvant les donneurs d’ordre, je leur ai rappelé que je n’avais que 18 ans, que je refusais de tuer, et que j’acceptais par contre de collecter les cotisations. »

Kader se souvient également de la visite surprise de gendarmes venus contrôler au foyer, fin 1961. « J’ai fait le naïf, leur expliquant que je n’étais à Lyon que depuis quelques mois, que je ne savais rien de ce qui pouvait se passer, que je passais mon temps au travail et au foyer. « 

Ce qui était en grande partie exact. « Les seuls loisirs, je les trouvais le week-end, en allant boire un verre avec quelques rares amis au café de la Paix, à Bellecour. Parfois un ciné, à l’Alhambra, grande rue de la Guillotière, ou au Familia, vers la place Guichard, on y passait beaucoup de films en arabe. Plus tard, il m’arrivait d’aller faire un tour en 2 CV avec un ami, en Suisse, découvrir le lac de Genève. Les contrôles, je n’en ai pas trop subi. Il faut dire qu’en semaine, je ne traînais pas dans les rues. »

Comment Kader a vécu les accords d’Évian négociés secrètement aux Rousses, près de la frontière suisse, et signés le 18 mars 1962 ? « Sans excès car on savait depuis plusieurs mois que l’on se dirigeait vers un processus de sortie de guerre, répond-il. En fait, du début à la fin, j’ai traversé cette guerre en m’adaptant à toutes les situations. Sans avoir vraiment le choix. Mais c’est l »histoire de ma vie, je n’ai jamais connu la facilité : la mort violente de mes parents, mon apprentissage dans un centre de formation tenu par des militaires à Orléansville, mon arrivée à Marseille avec ma petite valise… ».

Kader Kharroubi n’est retourné en Algérie qu’en 1978, voir une tante. Depuis, il franchit la frontière régulièrement, au gré de ses envies. Mais c’est à Vénissieux qu’il passe l’essentiel de son temps, avec sa famille, dans le quartier du Charréard, à quelques encablures de cette rue du Château… où il refusa à l’âge de 18 ans de commettre l’irréparable.

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