Avant de passer pro, le parcours de combattant d’un footballeur est riche en enseignements. Quelles sont les motivations premières qui peuvent habiter un enfant d’une dizaine d’années à se lancer dans une aventure que l’on sait semée d’embûches ? Une réflexion qui a incité Eléazar Bafounta, professeur de sciences et technologies du management et de la gestion (STMG) au lycée Marcel-Sembat, à inviter Joseph Désiré Job (44 ans), l’ancienne pépite de l’Olympique Lyonnais, à s’exprimer sur le sujet. Enrichissant pour des lycéens qui, pour la plupart, sont concernés par « Entreprendre Pour Apprendre », un dispositif intégré au programme des élèves de première STMG.
Les conseils de ce footballeur de 44 ans peuvent tenir en trois mots : travail, sérieux et respect. « Je n’étais pas plus doué que certains jeunes de ma génération (Bardon, Kanouté, Bassila…). Mais quand l’OL est venu me chercher, j’avais une douzaine d’années, j’étais insouciant mais convaincu que je ne savais faire que ça : du foot. Très vite, je me suis donné les moyens de réussir, je ne savais rien faire d’autre. Je voulais me faire ma petite place. Mais j’ai également su profiter des petits coups de pouce du destin. Alors que je n’avais jamais joué avec les pros, j’ai saisi ma chance. Cédric Bardon, un attaquant très talentueux s’était blessé, on m’a incorporé en équipe Une pour jouer en coupe Intertoto contre Odra Wodzislaw, une équipe polonaise. On avait gagné 5-2, j’avais réalisé le coup du chapeau (trois buts). Ensuite, Florian Maurice avait été transféré au PSG, il y avait une place à prendre, mon aventure a démarré ainsi. »
Une carrière sans échec n’existe pas
Pour autant, tout ne fut pas linéaire, le prometteur attaquant a connu son lot de blessures, dont l’une au genou qui l’a éloigné des terrains durant seize mois. « Le toubib de l’OL m’avait presque signifié que je ne pourrais plus rejouer. Je ne l’ai pas cru. Du moins, je me suis dit, ce n’est pas possible, je me suis accroché, j’ai fait une rééducation intense… Et je suis revenu sur les terrains. Il faut compter sur la confiance des proches et des pros. Les dirigeants de l’OL auraient pu me dire « merci, au revoir » quand ils ont appris ma longue indisponibilité… Bernard Lacombe qui entraînait alors, a toujours cru en moi, ça m’a aidé. Ma motivation était telle que je suis revenu plus rapidement que prévu. Être motivé dans tout ce que vous voulez faire… C’est mon seul conseil. »
Après avoir évoqué ses différents transferts (Lens, Middelsbrough, Metz, Al Ittihad, Sedan, Nice…) et sa victoire en coupe d’Afrique avec le Cameroun qui reste son plus grand souvenir, Joseph Désiré a abordé la question de la reconversion. Lui qui s’était d’abord lancé dans les affaires en Afrique, envisage aujourd’hui de passer ses diplômes pour revenir dans le milieu du football. « C’est vraiment là où je me sens et me sais compétent. Et c’est une manière de transmettre à mon tour. » Les lycéens ont apprécié.