« Vous étiez une classe difficile en seconde, a rappelé le proviseur, Kamal Youssefi, en préambule de la cérémonie. Il y avait des bagarres, des disputes et des incivilités. Grâce à ce projet, vous avez pris conscience d’un sens civique et des valeurs de la République. » Pour le chef d’établissement, ce grand projet pédagogique a porté ses fruits. Depuis leur entrée en seconde, les jeunes ambassadeurs ont travaillé en lien avec le Mémorial national de la prison de Montluc, dans le cadre de leurs cours d’histoire.
Le fort lyonnais fait partie des treize lieux de la mémoire de la Shoah en France. Il fut réquisitionné par l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. Près de 10 000 Juifs, otages et résistants y furent détenus pendant l’Occupation.
Une implication sur le long terme
Parmi leurs nombreuses actions, les lycéens ont multiplié des rencontres marquantes, comme celle avec Ginette Kolinka, survivante du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Les jeunes ont également participé à diverses cérémonies commémoratives en compagnie d’officiels, visité la prison de Montluc et la nécropole nationale de la Doua. Le groupe a réalisé un panneau d’exposition destinée au Mémorial, sur le thème des Justes parmi les nations.
« Ce qui nous a vraiment plus, ça a été de rencontrer des personnes qui ont vécu la déportation, confient Anita, Léa et Luciana, les trois ambassadrices qui ont joué un rôle moteur dans cette aventure humaine. Cette sincérité, c’était touchant. La visite de la prison nous a marquées. On a pu voir la réalité en face et faire le lien avec ce qu’on a étudié en classe. »
Ce diplôme viendra enrichir le CV de ces futurs bacheliers sur Parcoursup, la plateforme recueillant leurs vœux d’affectation. « Mes élèves se sont vraiment impliqués sur le long terme, souligne Djamel Mostefi, professeur d’histoire-géographie. Ils ont dû rogner sur certains samedis. Au départ, ils avaient une réserve et une certaine timidité. Ils ont beaucoup appris, notamment au niveau de l’aisance oratoire. Et nos ambassadrices ont représenté l’établissement avec beaucoup de fierté. »
« Nous étions considérés comme de la marchandise »
Vendredi, le temps fort de la matinée a été la rencontre avec Claude Bloch. Ce Lyonnais de 93 ans fut déporté avec sa mère, en tant que Juifs, en 1944. Le récit bouleversant de son expérience dans les camps de la mort, relaté dans les moindres détails, captiva l’auditoire. Il conclut, document historique à l’appui : « Nous étions considérés comme des pièces, comme de la marchandise. » Revenu de l’enfer, Claude Bloch parvint à fonder une famille et mener une carrière de comptable.
« J’en ai eu les larmes aux yeux », confieront certains élèves à l’issue du témoignage du rescapé. Entouré par plusieurs jeunes particulièrement émus par son parcours, Claude Bloch dévoila son matricule « B-3692 » tatoué sur son bras gauche lors de ce triste été 44.
barer
27 mars 2022 à 13 h 09 min
Bravo à toute l’&équipe éducative qui a su mettre à profit l’intelligence des jeunes et les faire avancer dans leurs vies de citoyen. Poursuivez ce travail essentiel pour le bien commun
Habitante
15 mars 2022 à 5 h 24 min
Ne jamais oublier l’horreur des camps d’extermination à l’heure où la guerre est aux portes de l’Europe. Les Nazis sont encore présents et certains propos haineux et racistes, pendant cette campagne présidentielle dans notre pays, font peur. Il est primordiale de faire connaître aux jeunes ce que ces idéologies peuvent produire.
Merci Monsieur Bloch pour ce travail de mémoire auprès des lycéennes et lycéens.