De Buenos Aires à Vénissieux, le parcours peut paraître compliqué. Celui de Natalia Magliano n’a pas été direct, avec des haltes au Mexique, à San Cristobal de las Casas et à Oaxaca, et au Brésil, à Rio de Janeiro. Arrivée en France il y a cinq ans et demi, Natalia a d’abord vécu à Vienne avant de venir s’installer avec sa famille à Parilly, il y a six mois. Ce parcours, quand Natalia le raconte, est empli de rencontres et d’expériences artistiques multiples.
« Je suis circassienne et comédienne à la base. J’ai fait l’école du cirque à Rio puis j’ai rencontré un directeur de cirque français qui m’a proposé du travail en France. C’était il y a vingt ans. Je suis repartie au Brésil, j’ai vécu plusieurs années au Mexique et j’ai rencontré mon actuel mari. C’était mieux de vivre et s’installer en France. »
Natalia ne vient pas d’une famille d’artistes. Ce qui ne l’a pas empêchée, depuis toute petite, de sentir en elle une sensibilité artistique. « J’ai toujours aimé chanter mais, en Argentine, il était alors plus facile de gagner sa vie avec le théâtre qu’avec la musique. Quand je suis revenue du Brésil en Argentine, j’ai commencé à écrire des chansons d’une manière intuitive, mystérieuse. Je n’avais pas fait d’études de musique pour me lancer dans la composition. J’étais en état d’inspiration. J’ai eu envie de développer cela, pour aider les gens à vivre cet état, à chanter… »
Après avoir sorti un album, Natalie enregistre à présent des singles, ce qu’elle fait actuellement à son rythme, « petit à petit », confie-t-elle. « Ce travail d’inspiration et de créativité m’a conduite à avoir une certaine position dans la vie. J’ai vraiment envie de partager cela, ce savoir-faire intuitif. »
Son style, elle le définit simplement : « Il est imprégné des musiques d’Amérique latine. Ainsi, je suis partie au Mexique étudier le son jarocho, pour apprendre cette musique traditionnelle, populaire et festive. J’y suis restée huit ans. Dans la région du Chiapas, j’ai côtoyé les zapatistes et je voulais accompagner cette noble cause. Mes influences viennent d’Argentine, du Brésil et du Mexique et de ce grand continent où l’on parle tous la même langue – sauf, bien sûr, au Brésil et en Guyane. Pour l’instant, j’écris en espagnol et je commence en français avec beaucoup de timidité. Je ne maîtrise pas totalement la langue (ndlr : en fait, elle la parle très bien), j’en ai une pratique surréaliste, avec des licences poétiques. Le partage, le social, l’artistique, la spiritualité, c’est tout un mélange dans le style latino-américain : rien n’est fait, tout est ouvert ! »
En France, Natalia s’est formée à la technique vocale avec Richard Cross, qui a collaboré avec de nombreux artistes : Vanessa Paradis, Zazie, Annie Lennox d’Eurythmics, Alain Chamfort, Jean-Louis Aubert, Louis Bertignac et même Michel Polnareff et Michel Sardou. Et, plus récemment, elle a suivi l’enseignement d’Emmanuelle Trinquesse, prof de technique vocale et de chant mais aussi kiné et relaxologue et, surtout, présidente de l’association VoxLab.
Le chant médecine
Natalia Magliano aborde la tradition chamanique des chants d’Amérique du sud, ce qu’elle appelle les chants médecine. « Cela existe beaucoup au Pérou, au Brésil et au Mexique. C’est tout un univers ! Issus de cette culture, existent de nombreux chants très simples, porteurs d’une énergie ancrée dans la vie, très puissante, en relation avec les éléments de la nature. Qu’ils soient exprimés en espagnol, en portugais ou dans des langues indigènes, ces chants sont intuitifs. J’ai commencé à en parler dans mes ateliers et, en France, il y a beaucoup de personnes que ça intéresse. Ce sont des chants pour le bien-être, comme la bande-son de notre vie. »
Elle poursuit : « On est souvent privé de chanter alors qu’il faut bien chanter, développer notre voix intérieure. Il faut accompagner les gens pour la découvrir et trouver du plaisir, se connecter avec son corps. La voix et le corps sont indissociables. J’appelle cela la voix médecine. Pour trouver le chemin du bien-être, de la libération à travers la voix. C’est aussi une façon de détourner la timidité. Combien de personnes me disent qu’elles chantent comme des casseroles et qu’elles n’osent du coup pas le faire. Cela relève chez elle d’une sorte de traumatisme. Et on se retrouve tous ensemble à faire de la musique. »
On l’a compris, Natalia anime des ateliers de yoga de la voix et de chants médecine et pratique également le coaching individuel.
« J’ai deux univers, la créativité et la transmission. Pour cette dernière, qui est un espace de partage, j’utilise aussi les percussions corporelles et les musiques circulaires. » Ces dernières sont inspirées des circle songs, principe des chants en groupe : un motif de base est lancé, il tourne de l’un à l’autre des chanteurs, qui improvisent avec des rythmes africains ou latinos ou traditionnels.
« Comme le printemps arrive, reprend, Natalia, j’aimerais pouvoir amener des gens au parc de Parilly, les faire chanter et se ressourcer. Les corps ont tellement été enfermés ces dernières années avec le Covid. »
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