Pour les Régionales en juin dernier, le taux d’abstention chez les 18-24 ans s’est élevé à 84 % Un record. Et pour la prochaine échéance présidentielle, seulement 40 % d’entre eux seraient prêts à se rendre aux urnes. Les raisons de cette renonciation sont nombreuses : perte de confiance envers les politiciens, sentiment d’inutilité du vote…
Pour cette nouvelle génération, les partis politiques traditionnels semblent dépassés et ne pas incarner leurs revendications, comme en témoigne Rayan. Ce jeune homme, qui vient tout juste de fêter ses 18 ans, pourra voter pour la première fois en avril prochain. Un acte civique majeur qui devrait le motiver. Mais il est perplexe. « Je ne sais pas si je vais aller voter, j’ai l’impression qu’on nous oublie ou alors qu’on ne nous écoute pas, donc ça sert à rien, estime le Vénissian. Je vois ma famille galérer depuis toujours et il n’y a aucune solution, alors que pour d’autres, dès qu’il y a un souci, on a l’impression qu’on les aide direct. Et puis franchement, dans les candidats que je connais, jamais de la vie je ne vote pour eux. » Une vision partagée par ses amis autour de lui.
Cette perte de confiance est ancrée dans la tête des jeunes. Dans une récente étude de l’Institut Montaigne sur la désaffiliation politique des 18-24 ans, on apprend qu’ils sont près de 69 % à juger les politiciens corrompus. Un chiffre faramineux qui en dit long sur l’image des personnalités politiques françaises auprès des jeunes adultes.
Des combats choisis
Pourtant, ils n’ont pas tous complètement baissé les bras. Pierre Ambrosini a 19 ans et est très investi en politique, depuis ses 15 ans. Aujourd’hui, il est secrétaire fédéral des jeunes communistes du Rhône. Pour lui, il n’est pas question de considérer que les jeunes ne sont pas investis politiquement, même s’il reconnaît une défiance envers le monde politique. « Quand on me dit que les jeunes ne s’engagent pas, je trouve que c’est faux, conteste Pierre. On a pu en avoir de nombreux exemples ces dernières années avec les manifestations pour le climat ou le mouvement Black Lives Matter, la lutte pour le droit des femmes… Les jeunes choisissent leurs combats, ils se concentrent sur certaines questions plutôt que de combattre le système en entier. Depuis longtemps, les politiciens sont déconnectés de la vie, ils sortent des mêmes écoles, se connaissent… La politique devient un métier à part entière plutôt qu’un engagement. Cette défiance des jeunes est due au développement politique actuel et au système dans lequel il évolue. »
L’analyse de Pierre semble confirmée par l’étude de l’Institut Montaigne, qui indique que 64 % des jeunes ne se reconnaissent aucune proximité avec un parti ou une tendance politique. C’est par exemple le cas de Lydia, la vingtaine, qui s’apprête, elle aussi, à voter pour la première fois.
Elle a déjà une idée de la personne pour qui elle souhaite voter, même si, ni le parti ni le candidat ne correspondent à ses attentes. « Je vais voter parce que c’est important, mais je ne suis pas du tout convaincue. On ne parle pas assez de sujets qui me semblent importants dans les campagnes comme la précarité et notamment celle des jeunes. Ici, on la voit tous les jours, mais eux, là-bas, ne voient rien. Alors, oui, je vais y aller, mais plus par obligation… »
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