Le secteur médico-social était en grève, mardi 1er février. Près de 80 % des salariés de l’accueil du jour de Parilly ont débrayé, pour demander une revalorisation salariale et être inclus dans le Ségur de la santé.
Ils étaient près de 2 500 manifestants d’après les syndicats, 800 pour la préfecture. Les salariés du social ainsi que du médico-social se sont donné rendez-vous devant la Métropole pour faire entendre leur mécontentement.
Après une première mobilisation en décembre dernier, moniteurs, éducateurs spécialisés, aides médico-psychologiques, sont de retour dans la rue afin d’obtenir une revalorisation de leur salaire.
Estelle Antoine est monitrice-éducatrice et élue CSE CGT au centre d’accueil de jour de Parilly, où près de 70 % des salariés ont fait grève le 1er février. Géré par l’Adapei 69 (l’Association départementale des amis et parents d’enfants inadaptés), le centre reçoit des personnes en situation de handicap, pour la journée.
Estelle constate une dégradation de ses conditions de travail : « Nous avons une énorme perte de pouvoir d’achat, nos salaires n’ont pas été revus depuis 20 ans. Il y a un manque d’attractivité dans notre métier et nous manquons cruellement de personnel ».
Une ubérisation de la profession
Depuis quelques années, elle a remarqué un important recours à l’intérim, choix qui séduit de plus en plus les directeurs, mais aussi certains éducateurs qui cherchent à augmenter leurs revenus tout en préservant leur liberté de mouvement. Une évolution que la monitrice-éducatrice regrette. « Dans ce métier, ceux qu’on accompagne ont besoin de repères, il y a une perte de sens, témoigne-t-elle. On fait un métier qu’on aime, riche, humain ; pourtant on sent une démotivation. » Pour limiter l’impact sur les personnes accompagnées, l’accueil de jour de Parilly essaie bien de « fidéliser les intérimaires et limiter ainsi le turnover ». Sans égaler toutefois la stabilité de salariés embauchés en CDI.
Dans les foyers, où les patients résident, ce « turn-over » est encore plus déstabilisant. « On accompagne les résidents au coucher et lors de leurs toilettes, affirme Estelle Antoine. Les résidents ont besoin d’avoir des personnes qu’ils connaissent. » Un constat partagé par Anita Hasse, monitrice-éducatrice depuis 24 ans au Foyer l’Étape, situé au centre-ville de Vénissieux : « Il y a comme une ubérisation de la profession alors que les patients ont besoin de stabilité ».
L’autre motivation de la mobilisation du 1er février concerne le Ségur de la Santé. « Seuls les soignants comme aides-soignants, AES, infirmiers ou psychologues ont été intégrés et vont être augmentés de 183 euros », rappelle Maxime Rota, éducateur spécialisé et représentant de la CGT Adapei 69. Le syndicaliste dénonce un accord accepté unilatéralement par la CFDT, alors que les trois syndicats majoritaires du secteur étaient contre.
Estelle Antoine anticipe d’autres mobilisations si aucune solution n’est proposée. « On espère quand même qu’il y aura une prise de conscience. Nous avons l’impression d’être invisibles alors que tout le monde peut être confronté de près ou de loin au handicap. »