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Témoignages d’enseignants : « Les élèves et les personnels sont en danger »

Ce jeudi 13 janvier, de nombreux établissements sont fermés pour cause de grève des enseignants. Ils se sentent méprisés par leur hiérarchie.

Ce jeudi 13 janvier, de nombreux établissements scolaires, surtout en maternelle et élémentaire, sont fermés en raison d’une grève des enseignants. Les causes de leur mécontentement sont nombreuses : protocoles sanitaires sans cesse modifiés, non remplacements des professeurs absents, manque de masques… Tous se disent méprisés par leur hiérarchie et se sentent en danger dans leur classe.

Déjà en novembre 2020, les enseignants du lycée Marcel-Sembat dénonçaient leurs conditions de travail en pleine crise sanitaire.

Groupe scolaire Jean-Moulin :
« Nous nous sentons méprisés »

Ce jeudi matin, tous les enseignants de l’élémentaire sont en grève. Des professeurs qui jusqu’alors n’avaient jamais participé à des mouvements de grève ont décidé de rejoindre le mouvement et d’aller manifester à Lyon. « Mes quinze profs et moi-même sommes exaspérés, explique Christophe Tsalichis, le directeur. Notre institution ne nous protège pas, nous n’avons pas de gel hydroalcoolique, pas de masque, pas d’autotest. En une semaine d’école, nous avons changé trois fois de protocole et quand on appelle la cellule de crise de l’académie, les réponses sont très évasives. »

Depuis la rentrée, le 3 janvier, les enfants de huit classes ont été testés en raisons de cas positifs au Covid. « Systématiquement, nous avertissons les parents par mail que leur enfant est cas contact. Mais nous savons que certaines familles ne regardent pas les mails, on est obligé de leur téléphoner. Heureusement les parents sont très compréhensifs. »

Ce sont avant tout les protocoles sanitaires multiples et la gestion des cas positifs, cas contacts et retour de tests qui monopolisent l’attention des enseignants. « Neuf enseignants, le matin, vérifient que les tests des cas contacts ont bien été faits et qu’ils sont négatifs. Mais l’annonce du nouveau protocole sanitaire le dimanche 2 janvier, à la veille de la rentrée, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ! Pour le troisième protocole mis en place, nous l’avons appris par Jean Castex, Premier ministre, au cours du journal de France 2 le 10 janvier à 20 heures ; information que je n’ai reçue par voie interne qu’à 11 h 30 le 11 janvier. Les équipes sont fatiguées. »

« En 2020, j’ai vraiment tout fait pour que les parents remettent leurs enfants à l’école, mais aujourd’hui on repère très bien la chaîne de contamination : quand un petit est positif, nous sommes à peu près certains que son voisin de classe le sera le lendemain. Au début de la pandémie, les enfants se contaminaient dans le milieu familial. Aujourd’hui c’est dans la classe. Il faut un protocole clair, unique et fiable. »

Collège Aragon :
« Les élèves et les personnels sont en danger »

De nombreux profs seront également en grève au collège Aragon ce matin, syndiqués ou non. Ils expriment leur plus vive inquiétude face au variant Omicron et surtout aux conditions d’accueil des élèves.

« Le protocole mis en place par M. Blanquer est totalement insuffisant, incapable de protéger efficacement les élèves et les personnels contre une maladie dont les conséquences peuvent être dramatiques, assure un enseignant gréviste. Nous avons alerté notre hiérarchie et plusieurs signalements ont déjà été faits. »

Quotidiennement, les élèves se massent et s’entassent dans la cour et les couloirs, en particulier lors des récréations ou des interclasses. Beaucoup d’élèves malgré les rappels à l’ordre portent mal le masque . « Quant aux personnels, ils ont des masques chirurgicaux achetés sur leurs propres deniers car le rectorat et la Métropole de Lyon n’ont fourni que des masques en tissus, alors même qu’ils sont beaucoup moins protecteurs. L’achat de masques FFP2 est hors de question pour nous vu leur coût. »

« Nos effectifs par classe sont certes réduits en éducation prioritaire, mais nos salles étant petites, les élèves sont souvent proches les uns des autres, ce qui rend toute distanciation impraticable. »

La situation est particulièrement critique depuis le début de la semaine, car les absences sont nombreuses, le tout sans remplacement : « Des agents sont absents, ce qui empêche un nettoyage et une désinfection correcte. De plus, la moitié des AED sont absents, ce qui empêche un fonctionnement correct de la vie scolaire. »

Depuis plusieurs mois, organisations syndicales et fédérations de parents dénoncent ces réalités, appelant à la mise en place d’un vrai protocole, réellement protecteur. « Nous nous heurtons à une fin de non-recevoir de notre hiérarchie, au niveau académique comme à l’échelon national ». Alors que le variant Omicron est hyper-transmissible, « notre ministre choisit au contraire de maintenir un protocole dont les insuffisances sont avérées, et qui vise essentiellement à limiter les fermetures de classe. Nous ne pouvons accepter une telle mise en danger de la santé des personnels et des élèves, quels qu’en soient les motifs. Il y a là une question majeure de santé publique, qui doit tous et toutes nous préoccuper ».

Lycée Marcel-Sembat :
« Nous sommes maltraités, il y a un total mépris institutionnel »

Du côté du lycée Marcel-Sembat, l’exaspération se fait aussi ressentir. « Les protocoles ne font que changer, nous n’avons pas de masque alors que nous sommes totalement exposés. Il y a une problématique de moyens que le Covid ne fait que révéler. Nous sommes face à un panier percé. » Les professeurs s’inquiètent avant tout de la continuité pédagogique de leurs élèves. « Nous avons des effectifs flottants avec 20 à 50 % d’absence, c’est ingérable. Entre les tests, les cas positifs et les cas contacts, les élèves et le personnel vont et viennent. Il est difficile de mener un travail continu : nous devons continuer le programme tout en rattrapant le retard des élèves absents. Et si les professeurs sont malades les cours sont complètement annulés, sans remplacement. Les épreuves du bac blanc approchent et les jeunes manquent de préparation. Le gouvernement fait croire que ça se passe normalement, mais ce n’est pas vrai. »

Depuis plusieurs mois, le personnel de l’établissement dénonce des conditions de travail délétères avec une augmentation des violences, expliquée en partie par la répercussion de la crise sanitaire sur les élèves « Les jeunes manquent d’attention, ils sont fatigués et stressés par la situation. Il y a un déni de réalité, nous perdons de nombreux élèves, certains se saisissent du protocole pour ne plus venir en cours. »

Lycée professionnel Marc-Seguin :
« La situation est chaotique en ce moment« 

Comme les écoles maternelles et élémentaires, le secondaire dénonce un manque de protection pour personnel. « Les contaminations sont exponentielles et elles touchent beaucoup le personnel, affirment les grévistes du lycée professionnel Marc-Seguin. On parle beaucoup du protocole, mais ce n’est pas le seul problème, c’est juste une goutte d’eau. Ce qui devrait inquiéter, ce sont les grosses conséquences engendrées sur l’apprentissage des élèves. On compte près d’1/3 d’absence dans le corps enseignant ou ils sont positifs ou ont des enfants soumis au protocole sanitaire, ce qui les empêche ensuite de faire classe. Le reste du personnel est aussi très touché par ce nouveau variant. »

Mais tout comme au lycée Marcel-Sembat, ce qui inquiète plus particulièrement les enseignants, c’est la santé des jeunes adolescents depuis le début de la crise sanitaire et tout particulièrement ces derniers mois. « Ils sont nombreux à avoir engagé un processus de vaccination, mais ils sont tout de même stressés, et ça se voit. Un rapport a même démontré l’augmentation des tendances suicidaires chez les jeunes. Les élèves vont mal, n’ont pas le moral et il faut les aider. »

1 Commentaire

1 Commentaire

  1. Vénissian

    14 janvier 2022 à 5 h 55 min

    Mr Blanquer (ami du couple Macron) n’est pas un bon ministre, incapable de gérer cette pandémie pour les élèves, les profs et le personnel des établissements scolaires. Les enfants et jeunes sont totalement déstabilisés, démotivés, parfois déprimés. les personnels exténués et démunis en moyens : Les informations arrivent soit par des pages de consignes soit par voix de presse à la dernière minute (comme pour cette nouvelle vague Covid). Comment travailler correctement dans de telles conditions. Les parents doivent se débrouiller comme ils peuvent entre tests, enfants à la maison, jeunes en souffrance etc… Quel gâchis pour tous.
    Les enseignants ont raison de se battre, après de belles promesses du gouvernement que devient l’éducation nationale? comme tous les services publics, il est le parent pauvre de cette société des riches qui fait la part belle aux marchés financiers, aux profits à court terme, au capitalisme. Les moyens peuvent être donnés à l’école, la santé, la sécurité, les services publics pour tous, mais ce n’est pas le choix de Mr Blanquer et consort, ils veulent favoriser une société à deux vitesses, l’élite riche qui se gave et les lambdas qui triment. Cette journée d’hier a montré la détermination des enseignants, soutenons leur action, les jeunes sont l’avenir ils ne peuvent être une génération sacrifiée.

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