La Mission locale s’intéresse aussi à la santé, particulièrement éprouvée par la crise sanitaire, des jeunes qu’elle prend en charge. Le travail de la référente santé consiste à détecter, informer et orienter les personnes en souffrance.
À la Mission locale, on ne parle pas seulement d’insertion professionnelle. On évoque aussi, avec les jeunes dont la structure a la charge, tout ce qui a trait à la santé. « Lorsque les jeunes s’inscrivent chez nous, ils sont la plupart du temps dans une démarche d’insertion professionnelle, relève le directeur de la Mission locale de Vénissieux, Martial Guiguet. La santé passe après. Pourtant, avec la pandémie, les problématiques médicales des 16-25 ans sont en augmentation, ce qui impacte leur capacité à s’insérer professionnellement. »
Cette aggravation, on la retrouve dans les chiffres. En 2020, la Mission locale avait pris en charge 85 jeunes* pour les orienter vers des professionnels de santé, des structures de soin ou leur apporter informations et conseils. À la mi-novembre 2021, ce nombre avait déjà presque doublé, atteignant 157. « Je suis surprise par le nombre de problèmes de santé chroniques chez les 16-25 ans, s’alarme Chantal Goudran, référente santé depuis 2001 à la Mission locale vénissiane. Ils font face à des problèmes de dos, de vue, d’audition, à des allergies à certains produits. Il y a aussi beaucoup d’asthme, et même du diabète. D’autre part, nous constatons une augmentation très nette des problèmes de santé mentale, ainsi que des violences conjugales ou familiales où les jeunes sont victimes ou témoins. »
Du diagnostic à l’orientation
Pour établir le diagnostic, les occasions ne manquent pas. « La présence d’une référente santé permet au jeune de dire ‘J’aimerais voir la référente santé’ à son conseiller, plutôt que d’expliquer directement ce dont il souffre, souligne le directeur. Chantal tient par ailleurs une permanence santé pour les jeunes repérés par les conseillers, qui est l’occasion d’engager le dialogue. Par exemple en discutant des problèmes d’ouverture de droits, de ruptures familiales, de la difficulté à trouver des médecins spécialistes ou des lieux de soins pas trop onéreux, en examinant les demandes d’aides financières pour régler des dépenses de santé… »
Que faire ensuite, sachant que la Mission locale ne possède pas en son sein de personnel médical ? « On ne peut être que dans une action de prévention, d’information et de sensibilisation, répond Martial Guiguet. Notre travail consiste donc, après avoir établi un diagnostic, à mettre en place des partenariats pour trouver des dispositifs et à orienter les jeunes vers les structures adéquates. » La situation reste toutefois complexe pour les problèmes de santé mentale. « On est démuni, convient Chantal Goudran. Les jeunes peuvent difficilement consulter des psychologues libéraux. On les dirige vers le Point accueil écoute jeunes de la Ville (PAEJ) et plus rarement sur le Centre médico-psychologique (CMP), dont les délais sont beaucoup trop longs, 6 à 8 mois. »
En 2022, la Mission locale devrait toutefois bénéficier d’un poste de psychologue à mi-temps, financé par l’association des Missions locales Auvergne-Rhône-Alpes (AMILAURA). « La Mission locale, ce n’est pas qu’une histoire d’insertion professionnelle et d’accès à l’emploi. On va au delà des histoires de CV et de lettres de motivation », conclut Martial Guiguet.
(*) Et ce, alors que le nombre de contacts entre les jeunes et les conseillers, malgré le confinement, avait augmenté.