À partir du 11 septembre, l’artiste australienne Sarah Sandler présente au centre d’art Madeleine-Lambert Boolagoorda, un travail qui prend en compte des données scientifiques, écologiques et culturelles.
Boolagoorda : quel drôle de nom, me direz-vous. Invitée au centre d’art Madeleine-Lambert, l’artiste australienne Sarah Sandler explique le titre de l’exposition qu’elle présente du 10 septembre au 20 novembre.
« Boolagoorda est un mot traditionnel qui désigne un site australien, le point le plus à l’ouest du continent. On le doit au peuple Malgana qui vit là, autour de Shark Bay, depuis 20 000 ans. Il peut se traduire par « eau noire » ou « baie noire ». Ce site naturel contient des structures géologiques, les stromatolithes, constituées d’organismes vivants, des bactéries, et de sédiments. Elles datent de 3,5 millions d’années et sont les plus anciennes formes de vie connues sur la Terre. Les Malganas nomment ces entités noires « old people », les ancêtres. Le site est mondialement reconnu par les géologues. Je l’ai visité lorsque j’étais enfant. »
Décrivant les stromatolithes, Sarah évoque leur structure laminaire, qu’elle rapproche de « différentes couches d’histoires ». Dont celle de la pandémie.
« L’idée m’est venue pendant le premier confinement. J’ai senti notre fragilité et combien nous n’étions pas maîtres de ce qui nous entourait. » Son travail est également politique, qui parle de l’héritage colonial et de la place des Aborigènes dans la société australienne. « Je veux jouer avec la perception et la notion de temps. »
La deuxième question qui se pose naturellement, après la signification de Boolagoorda, est de savoir comment une artiste australienne peut-elle être exposée à Vénissieux ?
« À la base, répond Sarah — qui parle un excellent français —, j’ai suivi des études d’architecture à Perth. Puis je me suis inscrite, à Grenoble, à l’école du Magasin (NDA : un centre national d’art contemporain) avant de passer mon Work Master à Genève. »
Par des amis communs, Sarah rencontre Xavier Jullien, directeur du centre d’art vénissian, qui, intéressé par son travail, lui propose une exposition. « Il est très généreux et m’a laissé le champ libre. Quand j’ai vu la taille de la salle d’exposition, je me suis sentie comme devant une immense toile blanche, quand on ne sait pas où mettre la première main. »
Sarah a l’habitude de montrer des installations, des sculptures et des vidéos, souvent accompagnées de performances. Elle a participé à des expos collectives à Helsinki, Rome, Zurich, Venise, Genève, Marseille et Lyon (à la Factatory de la galerie Tatort). Toute seule, elle a été invitée en Suisse, à Lyon, Paris et en Isère.
Boolagoorda de Sarah Sandler. Au centre d’art Madeleine-Lambert (Maison du peuple), du 11 septembre au 20 novembre.
Vernissage le 10 septembre à partir de 16h30.
Le 18 septembre à partir de 16h30, la visite de l’exposition fera partie des « Chemins de traverse », balade urbaine organisée par la Ville dans le cadre des Journées européennes du Patrimoine. Elle sera suivie d’ateliers créatifs.
Renseignements : 04 72 50 89 10 – www.ville-venissieux.fr/arts_plastiques