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Les Troiselles : toutes pour une, une pour toutes

La Vénissiane Françoise Guyennon-Duchêne s’associe à Chantal Payet et Caroline Giroud pour créer Les Troiselles. Elles participent à la Biennale Hors Normes qui se déroule en septembre et octobre.

La Vénissiane Françoise Guyennon-Duchêne s’associe à Chantal Payet et Caroline Giroud pour créer Les Troiselles. Elles participent à la Biennale Hors Normes qui se déroule en septembre et octobre.

Plusieurs lieux de la métropole lyonnaise mais aussi Bourg-en-Bresse, Vienne, Grenoble et Aurillac vont, en septembre et octobre, s’intéresser aux libellules. Pourquoi ? Tout simplement parce que « C’est pour cela qu’on aime les libellules » est le thème de la neuvième Biennale Hors Normes (BHN)

Enseignante retraitée de l’école de musique Jean-Wiener et ancienne élève des ateliers Henri-Matisse, la Vénissiane Françoise Guyennon-Duchêne s’est associée à Chantal Payet et Caroline Giroud pour créer le collectif artistique des Troiselles. « Trois comme notre trio, L comme des ailes qui unissent et motivent notre travail », disent-elles. Cela tombe bien car les libellules ne manquent ni d’L ni d’ailes.

Elles se sont rencontrées au Polaris, à Corbas, à l’école municipale d’arts plastiques où enseigne Caroline. « Notre travail est intuitif, reconnaissent-elles. Nous aimons transformer les objets. Nous avions envie d’exposer mais ne nous sentions pas suffisamment fortes pour le faire séparément. D’où l’idée de constituer un groupe. »

Pour la BHN, où elles vont exposer dans trois lieux différents (*), elles présentent des boîtes de Petri (utilisées en microbiologie) colonisées, des cocons et des chemises de femmes. Ces trois séries méritent bien d’appartenir à cet art singulier mis en avant par la BHN. Petites explications.

« L’idée des boîtes de Petri, commence Chantal, est qu’on devait les coloniser, comme des bactéries qui se multiplient. Ce sont des hybridations. Les miennes sont plutôt végétales, celles de Françoise, qui en a plus de 70, sont textiles, avec des ajouts en bronze ou en porcelaine et celles de Caroline mélangent deux terres, avec une ambiguïté entre le vivant et ce qui dépérit. »

D’Alice à Ophélie, via Hypatie

Quant aux grandes chemises féminines des siècles passées, elles portent toutes un nom, ceux de femmes ayant connu un destin tragique ou issues de la littérature. Ainsi Françoise a-t-elle choisi d’illustrer Alice (« du pays des merveilles »), Marie (« qui peut être la mère, la boniche ou la Marie Couche-toi là ») et Diane (« la chasseresse »). Caroline s’est reportée sur Hypatie (philosophe, mathématicienne et astronome grecque d’Alexandrie, ayant vécu au IVe siècle), Fantine (personnage des Misérables de Victor Hugo) et Blanche (Neige, des contes et du dessin animé). Chantal s’est intéressée à Jeanne (« d’Arc bien sûr, mais aussi aux femmes considérées comme des sorcières ») et à Ophélie, pour son histoire d’amour tragique avec Hamlet.

Et puisque l’hybridation est omniprésente dans les créations des Troiselles, elles se sont également penchées sur les planches anatomiques anciennes, entre autres celles d’Ernst Haeckel, datant de la fin du XIXe-début du XXe siècle. « Ses planches très belles ont été une source d’inspiration. Nous proposons des hybridations improbables, croisements d’espèces, comme s’il n’existait plus de frontière entre les règnes animal, végétal et minéral. »

La série des cocons participe à ces étranges mutations. Chez Caroline, ils sont un habitacle dont on se demande quelles formes de vie ils peuvent abriter. Ceux de Françoise sont habités, ceux de Chantal « très denses, plutôt du monde végétal ». Les plus gros dépassent les deux mètres, les plus petits sont d’un diamètre d’une dizaine de centimètres. Ils sont destinés à être suspendus. « Quand ils le sont, ils font aussi penser à des astres, des planètes. »

 

Françoise, Caroline et Chantal développent aussi chacune un travail personnel. On a toutefois raison d’affirmer que l’union fait la force, une devise que ne renieraient pas les mousquetaires de Dumas. Les Troiselles en sont un bel exemple.

(*) À l’université catholique de Lyon (campus Saint-Paul au 10, place des Archives et campus Carnot au 23, place Carnot, tous les deux dans le 2e arrondissement de Lyon), du 16 septembre au 15 octobre. Vernissage le vendredi 17 septembre à 18h30.
À la galerie Léty, au 15, rue des Clercs à Vienne, du 24 septembre au 14 octobre. Vernissage le 26 septembre de 16 à 20 heures. Ouverture du mercredi au dimanche de 14h30 à 18h30.

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