Dans le Rhône, seules 21 % des personnes âgées de plus de 75 ans ne sont toujours pas vaccinées. Mais le chiffre est bien plus élevé dans les communes populaires, dont Vénissieux où près de 37 % n’ont encore reçu aucune dose.
Les personnes âgées de plus de 75 ans hors EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) se vaccinent moins dans les quartiers populaires que dans les autres villes de la Métropole. Selon les chiffres publiés par la Caisse primaire d’assurance maladie, il y a bel et bien une disparité entre les communes : 36,9 % des Vénissians âgés de plus de 75 ans ne sont pas vaccinés, 39,9 % à Vaulx-en-Velin et 45,9 % à Saint-Fons ; alors que dans les zones où vivent les catégories sociales les plus favorisées les chiffres sont bien meilleurs (14 % dans les monts d’Or notamment).
Comment expliquer une telle différence ? Répondant à nos confrères de France 3, le directeur de la délégation départementale l’Agence régionale de santé (ARS) a avancé « des raisons sociologiques et peut-être culturelles ». Une analyse partagée par une infirmière vénissiane que nous avons rencontrée. Autrement dit – pour parler sans filtre – il y aurait dans les milieux populaires et d’origine étrangère davantage de personnes réticentes ou hésitantes à se faire vacciner que dans le reste dans la population. Vrai ou faux ? Une étude réalisée en décembre 2020 par deux sociologues auprès d’un échantillon de 85 000 personnes et mise en ligne récemment sur MedRvix livre pour la première fois le profil des phénomènes de rejet ou d’hésitation face aux vaccins. On y apprend que les plus modestes, les jeunes et les femmes sont surreprésentés. Mais pas les anciens. Quant aux différences culturelles, elles ne sont pas prises en compte.
Mohammed (le prénom a été modifié), Vénissian, dont les beaux-parents ont plus de 80 ans , avance une explication : « Je pense que les personnes âgées sont influencées par le discours des plus jeunes. Elles sont souvent dans l’ignorance et suivent les conseils de leurs proches ou de leurs aidants méfiants par rapport à la vaccination. À partir du moment où on leur explique les bienfaits de cette double vaccination, les comportements peuvent changer ».
Autre piste d’explication : le manque d’information sur les facilités d’accès aux soins. Les personnes âgées les plus défavorisées ne savent pas toujours que les pharmaciens, les médecins, les infirmières peuvent vacciner au cabinet ou à domicile. On peut également ajouter les difficultés de prise de rendez-vous à l’ouverture de la vaccination dès le mois de janvier pour les plus de 75 ans. Agathe, 79 ans, qui vit place Léon-Sublet, témoigne : « Je n’ai pas d’ordinateur, donc j’ai voulu appeler les numéros transmis par le gouvernement. J’ai passé des journées au téléphone, personne ne me répondait. Je suis allée au CDHS (centre départemental d’hygiène et de santé), pas loin de mon domicile, mais on m’a dit qu’il fallait téléphoner. Enfin quand mon médecin m’a parlé de la vaccination je ne voulais pas de l’Astrazeneca, alors vous savez, même si j’étais très motivée au départ, c’est vraiment décourageant. »
Une vaccination indispensable
Quoi qu’il en soit, le constat est là. Et cette moindre vaccination des plus fragiles inquiète les spécialistes, qui redoutent la possibilité d’une 4e vague à l’automne, voire avant la fin dé l’été. Le variant indien dit Delta prend le dessus sur le variant britannique et les contaminations risquent de redémarrer. Selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé), le Delta est désormais présent dans au moins 85 pays et il représente actuellement 9 à 10 % des nouvelles contaminations en France.
Pour permettre au plus grand nombre d’être protégé, il est nécessaire d’intensifier la vaccination des seniors à risque de Covid-19 grave. Face à cette situation dans la Métropole de Lyon, l’ARS amplifie les opérations de vaccination de proximité. Concrètement, les plus âgés non vaccinés sont repérés et contactés par téléphone, les collaborateurs de l’Assurance Maladie proposent des rendez-vous à domicile et les professionnels de santé interviennent avec le vaccin à dose unique Jansen.
Ce fut le cas le 22 juin à Vénissieux où une quarantaine de personnes ont été vaccinées chez elles, grâce au travail d’équipe de la CPTS (Communauté professionnelle territoriale de santé), de l’équipe mobile de vaccination de la Métropole, de l’URPS (Union régionale des professionnels de santé), du Conseil de l’ordre infirmier, de la Ville et du CDHS (Comité départemental d’hygiène sociale).
Les 6 et 9 juillet, à Saint Fons, toutes les personnes de plus de 12 ans éligibles à la vaccination ont pu recevoir le vaccin ARN Messager Pfizer-BioNTech sur la place du marché. L’accès était libre, sans rendez-vous. Pour recevoir la seconde dose, le dispositif sera de nouveau déployé le mardi 24 et le vendredi 27 août dans les mêmes lieux et aux mêmes horaires. D’autres actions sont envisagées au pied des immeubles.
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Les vaccins et le variant Delta, le cas israélien
En Israël, pays le plus avancé en termes de couverture vaccinale – environ 85 % de la population a reçu deux doses -, l’épidémie a repris quelques semaines seulement après la levée des principales restrictions avec l’apparition du variant Delta. Face à ce rebond, certains s’interrogent sur l’efficacité des vaccins. D’autant que parmi les nouveaux cas, il y a 40 % de personnes complètement vaccinées. Mais les chiffres peuvent être trompeurs. Le journal « Le Monde » s’est ainsi livré à une analyse proportionnelle, en tenant compte du fait que les non-vaccinés ne représentent qu’un demi-million d’adultes. Il en ressort que chez ces derniers le risque d’infection est 8,5 fois plus élevé que chez les personnes ayant reçu deux doses.