C’est finalement toujours pareil. Lorsqu’un journaliste d’Expressions est en reportage et qu’il nomme le journal, il croise des regards étonnés. D’Expressions, on ne connaît souvent que le grand monsieur moustachu. Le photographe. Celui qu’on observe la plupart du temps en contre-plongée.
Il faut dire que depuis son entrée au journal, en 1990, Raphaël Bert en a photographié, des Vénissians. Des politiques, des syndicalistes, des sportifs, des cultureux, des enfants dans les écoles, des personnes âgées, ils sont très nombreux à être passés devant ses objectifs.
Ce n’est pas parce que c’est un collègue et un ami, mais Raphaël, qui a pris une retraite bien méritée ce 30 juin, savait y faire. Pour mettre quelqu’un en confiance devant son appareil photographique, il n’a pas son pareil. Un mot gentil, une plaisanterie, un conseil ou deux et le tour est joué. Ou presque. Après deux-trois clics, sa « victime » se croit délivrée mais Raphaël lui fait prendre une autre pose et recommence le mitraillage. Au final, personne n’a à se plaindre et, compliment toujours apprécié par Raphaël, aucun modèle ne s’est senti trahi par le résultat. Au contraire.
Raphaël raconte toujours avec fierté, et il a raison, que le portrait qu’il fit de Blandine Chagnard — hélas disparue en 2013 — a été placé dans un parc de Jenine, la ville palestinienne pour laquelle Blandine avait beaucoup milité.
Raphaël aurait pu être comptable et, aujourd’hui encore, il raconte en riant à quoi il a échappé. Sa passion pour la photo s’est affinée au cours d’un grand périple accompli en 1979. Avec quelques copains, il partit en voiture à travers la Turquie, parvint en Iran au moment de la révolution islamique, traversa le Pakistan et se retrouva en Inde et au Népal pendant plusieurs mois. À son retour, il se dit qu’il verrait désormais sa vie à travers un œilleton et il eut raison car ses images relèvent d’un art certain : celui de la construction, de la mise en espace des divers éléments, de la captation d’un geste ou d’un regard.
Sa carrière professionnelle, il la démarra dans des journaux mutualistes (tel Viva) ou d’entreprises avant de passer par diverses rédactions, entre autres celles de Lyon-Libération ou de L’Humanité. Ne pensez pas que ce grand bavard ne vous parle ensuite que focales, zooms et homothétie des photos. Car Raphaël se passionne pour des sujets très divers. À commencer par le cinéma, avec une passion non feinte pour Michel Audiard. Il aime d’ailleurs rappeler ce dialogue du Cave se rebiffe : « Eh bien, messieurs, ce cave a une paluche qui vaut de l’or. Une main raphaélienne. » Citons encore les voyages, l’histoire, le cyclisme, les voitures (parce qu’il a lu tout petit les aventures de Michel Vaillant), la bande dessinée, la radio, la cuisine — Ah ! Les recettes gourmandes de Raphaël — et tant d’autres. Au cours de son travail, chaque rencontre est devenue pour lui une façon de s’enrichir, d’apprendre, d’échanger.
On ne peut aujourd’hui que souhaiter à notre ami une excellente retraite et qu’il profite du mieux possible de sa famille, de sa femme Françoise et de ses deux enfants, Félix et Sébastien.
Carlos SOTO
8 juillet 2021 à 21 h 24 min
Bonne retraite Raph et merci pour ta vision de la vie.
Dutailly
8 juillet 2021 à 8 h 39 min
Très bonne retraite et bonne vie Raphaël !