Une histoire « invraisemblable », « ridicule », dont ils peinent à se remettre. Récemment, quatre salariés de l’usine Ponts et Essieux de Renault Trucks à Saint-Priest ont été licenciés. Et pour certains d’entre eux, la direction leur reproche… le vol de deux cannettes dans un distributeur.
« En fait, ce sont ces salariés qui avaient commencé à être volés eux-mêmes puisqu’ils avaient mis de l’argent dans un distributeur de boisson qui ne leur avait rien délivré, précise Ali Hamada, délégué syndical (CGT). Et ils sont nombreux à se faire ainsi arnaquer. Ce qui pour le coup n’a jamais gêné la direction. La direction accuse aussi ces travailleurs d’avoir un peu secoué le distributeur pour récupérer leur argent. Ce que tout travailleur a dû faire au moins une fois dans sa vie. »
La direction leur reproche également, dans le courrier de licenciement que nous avons pu consulter, une pause prise trop tôt, un masque chirurgical mal porté et une cigarette électronique allumée dans un espace partagé. « Tout ça, ce sont des excuses, tonne l’un des salariés concernés. La direction nous fait payer nos engagements pour nos conditions de travail. Globalement, en ce moment à Renault Trucks, tout ceux qui dérangent sont convoqués puis licenciés. »
« Dans le secteur des Pièces de Rechange à Vénissieux, un technicien, reconnu travailleur handicapé, a été convoqué, là aussi en vue de licenciement, alors qu’il n’avait fait que demander un aménagement de son poste de travail, et aussi de pouvoir télétravailler plus souvent chaque semaine, suivant ainsi les recommandations du gouvernement mais aussi celles de la direction générale de Renault Trucks, reprend Michel Piot, délégué CGT. Finalement, ce travailleur a écopé d’une sanction de 5 jours de mise à pied. Une semaine entière sans salaire pour avoir simplement demandé à bénéficier de ses droits, cette sanction est là aussi scandaleuse ! À l’usine Moteurs, à Vénissieux, un autre travailleur était lui aussi menacé de licenciement suite à des accusations sans aucune preuve de son chef. Un débrayage de plus d’une centaine de personnes l’ayant accompagné à son entretien disciplinaire, la direction a reculé et lui a infligé une sanction de 3 jours de mise à pied. Une sanction elle aussi scandaleuse prise en se basant sur une accusation sans preuve ! À Renault Trucks, il n’y a pas de présomption d’innocence mais une présomption de culpabilité. »
Les salariés concernés annoncent qu’ils vont contester la légalité de leur licenciement. « C’est aussi une question de principe, de fierté. Nous étions dans l’entreprise depuis plusieurs années, que tout s’arrête comme ça, pour ce genre de raison, c’est terrible à vivre… »