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La lutte au cœur

Porte-parole de l’APER, l’association qui défend les salariés de Renault Trucks opposés au constructeur après avoir été exposés à l’amiante sur le site de Vénissieux, Jean-Paul Carret a été, tout au long de sa carrière professionnelle, un homme de lutte(s).

Porte-parole de l’APER, l’association qui défend les salariés de Renault Trucks opposés au constructeur après avoir été exposés à l’amiante sur le site de Vénissieux, Jean-Paul Carret a été, tout au long de sa carrière professionnelle, un homme de lutte(s). Rencontre.

 

À quoi ça tient, une carrière professionnelle ? À des chemins que l’on emprunte, et à des chemins dont on se détourne. « Je suis entré à l’école Berliet en 1968, se souvient ainsi Jean-Paul Carret. À l’époque, il y avait des concours pour rejoindre les écoles professionnelles. J’avais le choix : Berliet, les transports en commun lyonnais… J’ai choisi Berliet, pour les perspectives professionnelles que m’offrait la formation. »

Résultat ? Une carrière remplie de luttes, de combats syndicaux. « Et ce, dès le départ. Après avoir obtenu mon CAP mécanique générale, en 1970, j’ai été affecté à l’usine de Monplaisir. On m’a dit ‘ne t’y habitue pas, ils veulent la fermer’. Eh bien, ça leur a pris un moment, puisque j’y suis resté, avec d’autres, jusqu’en 1986 ! »

C’est en effet en 1986 que Jean-Paul Carret rejoint l’usine de Vénissieux. Ce qui aurait bien pu ne jamais arriver : « Salarié engagé, syndiqué à la CGT, j’étais délégué du comité d’entreprise, secrétaire du CE, toujours prêt à me mobiliser pour mes collègues. Ils ont essayé plusieurs fois de me muter à Vénissieux, avec l’espoir de m’intégrer à un plan de suppression de postes. Ça aurait été plus facile qu’à Monplaisir : là-bas, étant un peu moins connu, mon départ aurait fait moins de vagues. Mais je ne me suis jamais laissé faire. Je suis resté jusqu’à la fin de l’usine de Lyon 8e et lorsqu’il a fallu partir à Vénissieux, mon poste était assuré. »

« Me montrer digne de la confiance qui m’était donnée »

Pilier de l’ACO (Atelier central de l’outillage) à Monplaisir, il se retrouve, après une formation, à l’ajustage. Et continue à s’engager pour la défense des salariés. « Les copains m’ont sollicité pour être délégué syndical, se rappelle-t-il. Au fur et à mesure des transferts de Lyon à Vénissieux, mon réseau s’est reformé sur le site historique de l’entreprise. Et puis, on avait mené des batailles communes entre les deux sites, on se connaissait un peu. Alors j’ai poursuivi mon engagement avec la CGT. J’ai eu un certain nombre de mandats pendant ma carrière : trésorier du comité d’établissement, élu au comité de groupe… C’était pas mal de responsabilités, beaucoup de travail. Mais je me suis donné à fond pour me montrer digne de la confiance qui m’était donnée. »

Et ce, y compris en dehors des murs de Berliet : Jean-Paul Carret restera également pendant 27 ans au conseil d’administration des Assedic et de Pôle Emploi. Il siégera aussi au bureau de la caisse de retraite d’Humanis. « Les journées étaient bien chargées ! Souvent, je partais à 5 heures du matin, pour ne rentrer qu’après 23 heures. Et puis, il faut se souvenir de ce qu’était le syndicalisme à l’époque. Il n’y avait pas les mails, pas les portables. Alors pour communiquer, il fallait tracter. Mais avant de tracter, il fallait rédiger les textes, les taper à la machine à écrire, puis produire les tracts à distribuer. Tout ce que l’on peut faire en une heure maintenant, ça en prenait alors beaucoup plus ! Mener une lutte, cela prenait du temps et de l’énergie… »

De nombreuses batailles contre des plans sociaux

Pourtant, cela ne l’empêchera pas, avec d’autres, de participer à toutes les grandes luttes de Berliet, devenue R-VI puis Renault Trucks. « On a souvent dit que Berliet était une entreprise familiale, où le patron se préoccupait de ses employés. Mais au gré des rachats et des prises de participation au capital, cela n’a pas plus été le cas ici qu’ailleurs. Les Berliet passaient dans les lignes de production, mais ils n’étaient plus ceux qui commandaient ! Je me souviens de toutes les luttes, comme la ‘bataille des 21’, dans les années 1990. On s’est battus pendant deux ans pour faire réintégrer 21 salariés injustement licenciés. On dormait même dans une caravane devant l’usine, et on improvisait des actions au jour le jour. À la fin, ils n’ont pas pu retrouver leurs postes, mais R-VI a été condamnée. Nous avons aussi mené la plus grande action collective de France de lutte contre les discriminations syndicales. Et je ne compte plus les batailles contre les plans de suppressions de postes… »

La dernière grande bataille pour les droits des salariés Renault Trucks est toujours en cours : c’est celle pour la reconnaissance du préjudice d’anxiété, subi par quelque 1200 salariés entre 1964 et 1996 pour exposition à l’amiante. Voilà quelques jours, le tribunal des Prud’hommes a choisi d’individualiser toutes les décisions, et non de rendre un jugement global (voir notre article page 4). Une décision « surprenante » et « pas à la hauteur », selon le président de l’association Prévenir et Réparer (APER), née au début des années 2000 lorsqu’il a fallu structurer et organiser le combat. « Les dossiers se sont multipliés, les témoignages de salariés aussi, se souvient Jean-Paul Carret. Cela a pris une ampleur énorme, nous avons été accompagnés, notamment par la 525e mutuelle de R-VI. Nous avons pu obtenir par la suite des locaux, et trouver une organisation pour répondre au défi que représentent ces plaintes. Aujourd’hui, nous n’avons pas été entendus comme nous l’espérions. La décision de la justice ne nous semble pas juste. Mais on ne lâchera pas. » Ce n’est pas, historiquement, le genre de la maison.

1 Commentaire

1 Commentaire

  1. teillard

    24 avril 2021 à 15 h 56 min

    Un bonjour fraternel de jean Claude
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