Organisé par l’Espace Pandora de Vénissieux, le Magnifique Printemps se tient en distanciel, avec des enregistrements au théâtre des Asphodèles, à Lyon, ou à Pandora. Avec, comme invité d’honneur, le poète Yvon Le Men.
Ce matin-là, 22 mars, c’est aux Asphodèles, dans le 3e arrondissement de Lyon, que le rendez-vous a lieu. Directeur de l’Espace Pandora et maître d’œuvre du Magnifique Printemps qui se déroule jusqu’au 28 mars, Thierry Renard reçoit l’invité d’honneur de la manifestation, le poète Yvon Le Men qui arrive de Bretagne. « Il est le plus lyonnais des poètes bretons, précise-t-il, lui qui est venu à de nombreuses occasions dans la région et plusieurs fois à Vénissieux ».
« C’est la première fois que je prends un train depuis un an », annonce le globe-trotter de Lannion, qui est l’une des chevilles ouvrières du festival de Saint-Malo Étonnants voyageurs. C’est justement d’un livre de déplacements dont il est venu, entre autres, parler aujourd’hui : La Bretagne sans permis qu’il publie aux éditions Ouest-France.
Comment raconter sa région autrement, se questionnait Yvon Le Men. La réponse lui fut soumise par son ami, l’écrivain Alexis Gloaguen. « Il possède une voiture sans permis, une de celles pour lesquelles, quand je les double, je dis toujours « Oh là là ». Nous avons traversé quatre fois la Bretagne. C’était le lendemain du jour où la vitesse avait été réduite sur les routes de 90 à 80 km/heure. Quand je relis le texte aujourd’hui, j’ai un sentiment de liberté, de joie, de divagation. »
Il est vrai qu’avec des pointes à quelque 50 km/heure, les deux voyageurs ont pris leur temps. Dont « celui de voir les yeux des vaches, infiniment doux ». Le récit est tout aussi humoristique que poétique, « un petit frère », ainsi que l’assure Yvon, d’un livre qu’il publia en 1997, La Clé de la chapelle est au café d’en face, dans lequel il cherchait « des poèmes qui seraient enfouis sous nos pas, dans la vase des grèves ou dans l’herbe de l’île ».
La nécessité de l’autre
Écoutons le poète parler de son travail et en lire des extraits — dont La Baie vitrée, qu’il vient de publier aux éditions Bruno Doucey. Écoutons-le aussi évoquer les livres de ses amis : Déchiffrée par les lettres de Terez Bardaine ou l’anthologie Un poème est passé, tous deux édités à La Rumeur libre. Il raconte son confinement : « J’ai essayé de profiter de ce temps-là pour en tirer des leçons. J’ai écrit. » Avant d’arriver à l’essentiel, qu’il résume par ces mots : « la nécessité de l’autre ».
C’est aussi grâce à des poèmes échangés avec des amis qui vivaient en Chine, Espagne, Bulgarie et Allemagne qu’Yvon Le Men a continué à voyager, en allant « l’un vers l’autre ». « Tout peut se transformer, dit-il encore, l’échec en victoire et la victoire en échec. » Et ce livre commandé par Bayard sur Le Mont-Saint-Michel a évolué : « J’ai commencé à travailler dès le premier jour sur le fait que je ne pouvais pas y aller. Le poème se lit de haut en bas et le roman de gauche à droite, ils sont le résultat de tensions. »
Puis, revenant à ce besoin des autres : « On est dans le même monde, qu’on le veuille ou non. »
La Bretagne sans permis d’Yvon Le Men, éditions Ouest-France, 15 euros.
La Baie vitrée d’Yvon Le Men, éditions Bruno Doucey, 16 euros.
Un poème est passé, anthologie, La Rumeur libre, 13 euros.
Déchiffrée par les lettres de Terez Bardaine, La Rumeur libre, 10 euros.
Les capsules vidéo du Magnifique Printemps sont visibles sur la chaîne YouTube de la manifestation.