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La ZFE en mal d’acceptabilité sociale

L’extension de la ZFE a provoqué de vifs débats au sein du conseil métropolitain du 15 mars. La raison ? Des craintes sur l’accessibilité sociale des mesures prévues.

77 voix pour, 53 contre, 20 abstentions : c’est peu dire que l’extension de la ZFE a provoqué de vifs débats au sein du conseil métropolitain du 15 mars. La raison ? Des craintes sur l’accessibilité sociale des mesures prévues, qui visent notamment à interdire le diesel en 2026, sur un périmètre central qui reste à définir.

Pour réduire la pollution dans l’agglomération, peut-on aller jusqu’à en interdire, d’ici 5 ans, l’accès à tous les véhicules diesel, quelle que soit l’année de mise en circulation ? Oui, répond Bruno Bernard, président écologiste de la Métropole de Lyon. Un avis qui n’est pas partagé par tous les élus, y compris au sein de la majorité…

Car la question de l’accessibilité sociale des mesures prévues (interdiction des véhicules particuliers Crit’Air 5 et non classés dès 2022 dans le périmètre de la zone à faibles émissions, puis interdiction progressive des véhicules classés Crit’Air 4, 3 et 2 entre 2023 et 2026) a provoqué de vifs débats lors du conseil métropolitain du 15 mars. Il faut dire qu’à terme, elles entraîneraient la mise au rebut de plus du quart des véhicules en circulation sur le périmètre de la ZFE en 2020…

« Notre première hésitation est liée au contexte de la décision, avec la pandémie et les règles sanitaires qui rendent très difficile une vraie concertation publique, affirmait ainsi Pierre-Alain Millet, pour le groupe « Communiste et Républicain » (majorité), dont les membres se sont abstenus lors du vote. Certes, la mise en œuvre en deux phases donne une année pour cette concertation, mais nous voyons tous que le débat est lancé et qu’il est difficile quand la pandémie semble s’accélérer encore une fois. Pourtant, ce n’est pas un dossier simple et il y a besoin de débat, avec les contradictions et les différences de point de vue nécessaires. (…) On ne peut considérer l’utilisation d’un véhicule Crit’Air 2 comme une incivilité ou un délit. Pour accompagner les citoyens à l’évolution de leur mobilité, il faut les associer en tant que citoyens dans le débat public. »

« Notre deuxième hésitation porte sur l’impact social de la ZFE, poursuivait l’élu vénissian. Car pour beaucoup de salariés modestes pour qui changer un véhicule est un défi, le fait est que les plus riches n’ont pas de difficultés à acquérir un véhicule qui sera autorisé mais qui est inaccessible à la majorité. Nous soutenons, au nom des quartiers populaires, les politiques publiques d’amélioration de la qualité de l’air, notamment à proximité des infrastructures de transport ou des sites industriels. Mais, comme dans toute action de santé publique comme les vaccins, il y a un bilan coûts/avantages à prendre en compte. Il n’est pas possible de se trouver dans une situation où des dizaines de milliers d’habitants se retrouveraient interdits de véhicules, ou confrontés à des milliers de PV ! »

« Cette délibération risque de braquer une partie de la population et ne permettra pas d’atteindre des objectifs de dépollution que nous partageons pourtant », estimait pour sa part Laurent Legendre (groupe « Métropole insoumise, résiliente et solidaire », majorité, abstention lors du vote), assurant qu’il était « écologiquement aberrant de mettre à la casse des véhicules en bon état de marche » – rappelons notamment que les diesels classés Crit’Air 2 sont les véhicules fonctionnant avec ce carburant les plus récents, ne pouvant prétendre à un classement Crit’Air 1 ou 0.

« Aujourd’hui, la voiture occupe plus de 80 % de l’espace public pour moins de 50 % des déplacements, a notamment répondu Jean-Charles Kohlhaas, vice-président de la Métropole de Lyon en charge des déplacements. Sur les 510 000 foyers de la métropole, 170 000 n’ont pas de voiture. Ainsi, ce sont les mêmes personnes qui sont touchées par la pollution et qui cumulent de ne pas avoir de voiture. »

Estimant que sa majorité était divisée entre « un côté qui souhaite avancer vite et réellement » et des groupes qui veulent « avancer moins vite », Bruno Bernard a assuré que « l’ensemble de la majorité souhaite que cette ZFE se fasse dans la justice sociale ». « L’objectif de la concertation [sera] de trouver des solutions pour que chacun puisse continuer de travailler tous les jours à Lyon, par du transport en commun ou des dérogations. » Dérogations qui pourraient notamment concerner les véhicules achetés entre 2017 et 2021, classés Crit’Air 2.

Au final, le vote sur cette extension de la ZFE a été aussi partagé que les avis au sein de la majorité métropolitaine : 77 voix pour, 53 contre, 20 abstentions. Ce qui promet une phase de concertation pour le moins animée.

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