Entre le moment où le fœtus commence à interagir et celui où l’enfant prononce ses premières phrases, une partie considérable de son développement est en jeu.
Cette période, comprise entre le 4e mois de grossesse et le deuxième anniversaire, ce sont les 1 000 premiers jours. Elle se caractérise par un rythme de croissance sans équivalent à l’échelle d’une vie : le bébé grandit alors de deux centimètres par mois, la taille de son cerveau est multipliée par cinq et les connexions neuronales s’y établissent au rythme de 200 000 par minute. Dans ce cadre, le rôle des parents, par la primo éducation qu’ils apportent et l’environnement qu’ils créent autour de leur bébé, est capital.
Ainsi, à l’occasion de la publication du rapport*, commandé par le président de la République en septembre 2019, sur les 1 000 premiers jours de l’enfant, Boris Cyrulnik revenait chez nos confrères de France Inter sur l’avancée sociale que constitue le passage du congé paternité à quatre semaines. « Les relations affectives facilitent le lien avec l’enfant. En quatre semaines, le père découvre le bébé : avant il partait très tôt, le bébé dormait encore et quand il rentrait, le bébé dormait déjà. Le père faisait la loi dans la maison mais il n’avait pas de lien affectif. » Et ce alors que le rôle du père est important dès la grossesse. « Quand les pères sont présents, les mères sont sécurisées, le psychisme commence dès la grossesse, le bébé naît dans une niche utérine déjà sécurisée. »
Si les théories de l’attachement sont bien développées dans les pays anglo-saxons, en France on commence à peine, depuis dix à quinze ans, à lancer des travaux scientifiques qui permettent de démontrer à quel point l’attachement de la mère et du père participe au bon développement neurologique et psychologique de l’enfant. Boris Cyrulnik souligne par ailleurs que « l’avancée seule du congé paternité ne suffit pas » : « C’est une attitude éducative, relationnelle entre le couple parental, et même la famille, qui doit se mettre en place. Le système familial qui protège le mieux un enfant, c’est celui à multiples attachements. » Sans oublier, évidemment, que si beaucoup de choses se jouent pendant les 1 000 premiers jours, tout ne s’y décide pourtant pas.
(*) Le suivi des travaux de la commission d’experts a été confié à Adrien Taquet, secrétaire d’État à l’enfance et aux familles auprès du ministre des Solidarités et de la Santé. Présidée par le célèbre neuropsychiatre Boris Cyrulnik, la commission a regroupé 18 experts de compétences différentes : spécialistes de l’éducation ou de l’éveil des enfants, acteurs de terrain de l’accompagnement social des parents, cliniciens spécialistes de la grossesse et du jeune enfant, sages-femmes.
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