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Une famille à la fibre citoyenne

Marya, Sirine, Dounia et Rahma ont 16, 14, 11 et 10 ans. Elles sont sœurs et ont toutes été, chacun leur tour, élues au conseil municipal d’enfants. Portrait d’une famille vénissiane impliquée dans la vie de la cité.

Marya, Sirine, Dounia et Rahma ont 16, 14, 11 et 10 ans. Elles sont sœurs et ont toutes été, chacune à son tour, élues au conseil municipal d’enfants. Portrait d’une famille vénissiane impliquée dans la vie de la cité.

« C’est quoi votre secret, dans la famille ? » La directrice de l’école Henri-Wallon ne plaisante pas lorsqu’elle pose cette question à son élève, Rahma Ayadi. D’autant que, quelques jours auparavant, Florent Louis-Chevreau, qui s’occupe des élections du conseil municipal d’enfants, avait passé un coup de fil à la maman, Sabrina Ayadi. Celle-ci témoigne : « Il m’a dit en rigolant : j’espère que la dernière sera élue ! »

Sabrina a quatre filles : Marya, 16 ans, aujourd’hui en 1re au lycée Lacassagne, dans le 3e arrondissement de Lyon ; Sirine, 14 ans ; Dounia, 11 ans, et Rahma, 10 ans. Les trois premières ont été élues au CME alors qu’elles étaient élèves à Henri-Wallon. Les espoirs de Florent se sont réalisés et la petite dernière a bien elle aussi franchi la ligne d’arrivée le 16 octobre dernier.

« Je ne sais pas si c’est de la chance », remarque simplement la maman. Elle ajoute que Marya a toujours aimé parler et que ses sœurs, bien que plus réservées, ont voulu suivre son exemple. Marya, d’ailleurs, conclut : « C’est vrai qu’on aime bien dire les choses ! »

Tout a commencé avec elle, alors qu’elle était en CM2 il y a six ans. Elle se souvient : « Je voulais faire connaître des idées qui pourraient intéresser les grandes personnes. J’ai été élue pour deux ans en 2014, dans la deuxième promotion du CME, qui a pris le nom de Malala (en hommage à la jeune Pakistanaise, prix Nobel de la Paix, NDLR). Chaque conseil municipal d’enfants est scindé en trois commissions : environnement, solidarité, école et loisirs. J’ai fait partie de l’équipe environnement. On allait dans les espaces verts. »

Rappelons que chaque promotion porte un nom prestigieux : après Malala, il y eut Mandela (celle de Sirine) et Anne Frank (celle de Dounia). Celle de Ramah n’a pas encore été baptisée.

Un investissement partagé

Pour ce conseil municipal junior, les enfants élus ne sont bien sûr pas les seuls à s’impliquer. Outre celui des équipes enseignantes, il faut aussi saluer l’investissement des parents. Ceux-là sont présents la plupart du temps lors des cérémonies auxquelles participent les jeunes.

Sabrina Ayadi est née et a grandi à Vénissieux, et elle mise beaucoup sur l’éducation, celle apportée par les parents et celle que procure l’école. Pour elle, « le CME est une bonne expérience qui responsabilise les enfants, leur donne de la maturité ». Elle a, à chaque fois, constaté des changements à la fin des mandats. Ses filles étaient plus à l’aise et ce n’est pour elle pas un hasard si « les petites ont suivi l’exemple de l’aînée ».

Ensemble, Marya, Sirine, Dounia et Rahma témoignent de ce que les élus du CME font, et voici qu’arrivent les exemples : « On est invitées aux conseils de classes ; on va dans les maisons de retraite, au théâtre, à la médiathèque, dans les cimetières, à Champagneux… Pendant les cérémonies, on fait des lectures et on chante, etc. Avant, on se retrouvait régulièrement à l’Espace jeunes mais à présent c’est à l’école Flora-Tristan. On rencontre aussi les élus adultes du conseil municipal et on voit Madame le maire. On est alors regroupés dans la salle du conseil municipal, à la mairie. Nous portons des écharpes, utilisons des micros… C’est intimidant mais tout cela a de la valeur ! »

Sabrina elle-même reconnaît ce côté impressionnant, même pour les parents. « Au début, ça fait bizarre, dit-elle en souriant. Maintenant, j’ai l’habitude. »

Puisque les élections du conseil municipal d’enfants se déroulent comme pour un véritable suffrage, quels étaient les programmes avec lesquels les filles ont été élues ? Rahma a demandé des logements pour les sans-abri, plus de fleurs pour la beauté de la ville, la création d’un groupe qui s’occupe des personnes en difficultés. Pour les élèves de l’école, elle a proposé la pose de miroirs dans les toilettes et des balançoires dans la cour. La beauté de la ville était aussi inscrite au programme de Marya et elle a été contente quand, en 2015, Vénissieux a obtenu une quatrième fleur au label des villes fleuries.

Inutile de préciser que les quatre sœurs sont toutes bonnes élèves. Ce n’est pas une condition sine qua non pour être élue mais Marya remarque que « celui qui ne s’investit pas à l’école ne va pas s’investir pour sa ville ».

L’importance de ce mandat destiné aux jeunes n’est plus à démontrer. C’est encore Marya qui en donne un exemple tout simple : « Je n’avais jamais rencontré le maire auparavant. Le fait d’être devant elle m’a impressionnée. »

Cette confrontation aux élus de leur propre ville accrédite, auprès de ces enfants, la portée de leur mission. Ainsi aussi le fait d’être rapporteur, ce qu’ont été Marya, Sirine et Dounia et ce que sera peut-être Ramah lorsque le nouveau conseil pourra se réunir normalement.

Déjà, pour Dounia, le CME avait souffert du confinement. « En septembre, précise la maman, la mairie les a récompensés par un cadeau. Cela se fait à chaque fin de mandat et cela a encore été fait, malgré une année perturbée. » Et, aujourd’hui, avec ce nouveau confinement, c’est la promotion de Ramah qui est à nouveau confrontée à un empêchement majeur. De quoi, sans doute, consolider la prise en compte des difficultés qu’un élu doit affronter.

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