Dans l’agglomération, le nombre d’attributions de logements sociaux devrait chuter d’environ 40 % par rapport à l’an dernier. Ce sont là les premiers effets d’une aggravation de la crise du logement, étroitement liée à la situation sanitaire, dont on ne mesure pas encore totalement l’ampleur.
4 000 demandes de logements sociaux en attente à Vénissieux, 80 000 dans l’agglomération. Combien en 2021 ? Difficile de répondre avec exactitude à cette question tant que les données mesurant l’impact de la crise sanitaire ne seront pas publiées.
Un premier indicateur toutefois ne laisse pas d’inquiéter. Il concerne le nombre d’attributions de logements sociaux pour l’année 2020. C’est Pierre-Alain Millet, adjoint au maire en charge du logement, qui a tiré la sonnette d’alarme lors du conseil municipal de rentrée. « Au 28 septembre, selon les chiffres de l’association de gestion du fichier commun de la demande sociale locative du Rhône, on était à moins de 5 000 attributions. Si on arrive à 6 000 en fin d’année (contre 11 000 en 2019, ndlr), la chute sera de 40 %. Cela veut dire que partout dans l’agglomération, et sans doute ailleurs, les files d’attente vont s’allonger encore plus, et que les délais pour obtenir un appartement vont battre des records. »
Insécurité économique
La période de confinement est un premier facteur de compréhension. Durant deux mois, l’organisation s’est en effet grippée, les bailleurs traitaient beaucoup moins de dossiers, les visites de logements et les déménagements étaient impossibles. Mais cela ne suffit pas à expliquer un tel décrochage. « Pour une bonne part, estime l’adjoint, il est probable que le sentiment d’insécurité né de la crise sanitaire a dissuadé les locataires qui avaient un projet de mobilité de le concrétiser. Quand on ne sait pas de quoi le lendemain sera fait, on a plutôt tendance à être prudent, c’est logique. »
C’est d’autant plus vraisemblable que les difficultés économiques ont touché en priorité les ménages modestes, même si les dispositifs d’activité partielle et d’arrêts de travail pour garde d’enfants ont servi d’amortisseurs. Le dernier rapport du Secours populaire français est à cet égard instructif. Il montre qu’un Français sur trois a subi une perte de revenus, et qu’un sur cinq n’arrive qu’à boucler péniblement son budget chaque mois. L’association observe par ailleurs que « l’aide alimentaire a permis aux personnes aidées de reporter l’essentiel de leurs efforts sur le paiement de leurs loyers, afin de repousser le cauchemar de l’expulsion ».
Une rencontre élus-bailleurs le 17 novembre
« La paupérisation liée à la crise sanitaire est désormais une certitude, observe Pierre-Alain Millet. Ce que nous ne connaissons pas encore, c’est l’ampleur de l’impact et ses conséquences sur la durée. Au printemps, je suis intervenu à la Métropole pour la mise en place d’un Fonds de solidarité logement (FSL) doté de 1,5 million d’euros. L’objectif était d’agir vite pour que les familles qui ne relevaient pas encore de l’aide sociale ne tombent pas dans un circuit d’endettement, de contentieux… Face à une situation conjoncturelle, celle de la crise, l’idée était d’éviter que les difficultés deviennent structurelles. Mais aujourd’hui, avec le niveau de pauvreté qui augmente, on peut se demander si nous ne sommes pas en face d’une situation dégradée de façon structurelle. »
Dans ce contexte pour le moins préoccupant, l’adjoint au logement a proposé au maire de Vénissieux de mettre sur pied une rencontre qui réunirait l’association de gestion du fichier commun de la demande sociale locative du Rhône, les bailleurs, la Métropole, ainsi que les élus vénissians, de la majorité comme de l’opposition. « La date est fixée au 17 novembre. Il s’agira de faire un état des lieux précis sur le nombre d’attributions, la file d’attente, l’impact de la crise, ainsi que la politique d’attribution métropolitaine autour de laquelle il y a beaucoup de mythes. Cela permettra également de donner des outils aux élus municipaux qui sont souvent interpellés par les habitants sur la question du logement. »
Des locataires de plus en plus pauvres
Sans même parler de l’impact de la crise du Covid-19, on assiste depuis plusieurs années à un phénomène de paupérisation dans le parc locatif. Phénomène qui va de pair avec la flambée de la valeur des biens immobiliers. Selon le CREDOC (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), « il y a quinze ans, les locataires et les accédants à la propriété avaient des revenus très similaires et la location n’était pas toujours perçue comme une solution par défaut. L’augmentation des prix de l’immobilier a changé la donne. Seuls 31 % des bas revenus sont aujourd’hui propriétaires (contre 51 % en 1990), quand les hauts revenus le sont à 73 % (contre 62 % en 1990) ». Le CREDOC observe que « le parc locatif est devenu, progressivement, de plus en plus marqué sociologiquement en accueillant toujours plus de ménages jeunes, célibataires et aux revenus modestes. »
habitant
23 octobre 2020 à 7 h 25 min
La crise sanitaire a indéniablement des conséquences économiques pour l’emploi et donc les plus modestes : chômage, endettement, crainte du lendemain etc. Toutes les villes de banlieue doivent faire des efforts pour le logement social, les loyers atteignent des sommets dans le privé c’est aussi une manière de chasser les plus pauvres vers les villes où le logement social est accessible. Se loger est un droit mais là encore le système chasse les habitants des centres pour créer des villes où le déséquilibre dans la mixité sociale est vite atteint.
Le logement social devrait être développé sur tout le territoire mais les pauvres sont relégués dans les banlieues, les infrastructures ne suivent pas, les transports en commun sont insuffisants, la délinquance s’accroit etc… les plus modestes ont droit à une vie digne pour eux mêmes te pour éduquer leurs enfants. La politique du logement est à revoir pour éviter les ghettos de la misère.