Au contraire des clubs pros, qui gardent la possibilité de jouer en soirée à huis clos, les clubs amateurs ne bénéficient pas d’aménagements dans le cadre du couvre-feu . “Il faut que tout le monde s’organise pour être chez soi à 21 heures, a précisé le ministère des Sports. Les exemptions accordées au sport professionnel le sont, parce qu’il s’agit justement de gens qui exercent là leur métier.”
Les sports en salle étaient déjà interdits aux adultes dans les zones en alerte maximale. Après les annonces du président Macron mercredi soir, en particulier l’instauration d’un couvre-feu dans les métropoles, ce sont les sports de plein air qui vont devoir s’adapter. Une contrainte de plus dans un contexte difficile.
Pour Jean-Pierre Chaix, président du Vénissieux football club (VFC), “il est probable qu’on va nous demander de jouer plus tôt. Pourquoi pas ! Il nous faudra prendre en compte la situation de notre adversaire. Jouant au niveau régional, nous n’avons pas de très longs déplacements à effectuer. Mais on ne pourra pas jouer à Clermont par exemple après 17 heures. Ce serait trop juste. Autre problème qu’il nous faut aborder : comment gérer les entraînements de nos différentes équipes, sachant que plusieurs créneaux vont au-delà des 19 heures et 20 heures. Jouer un samedi après-midi ne sera pas évident. Nous sommes des clubs amateurs, certains dirigeants, entraîneurs et joueurs travaillent le samedi… On a par exemple un joueur de l’équipe fanion qui commence à travailler à 2 heures du matin, il est pâtissier. Comment fera-t-il pour jouer à 15 heures ? Par ailleurs, il va y avoir des embouteillages aux entraînements et lors des matches programmés en début d’après-midi. Comble de malchance, une partie du terrain et une cage du stade Auguste-Delaune ont été vandalisées.”
Double peine pour les sportifs “indoor”
Du côté des disciplines indoor (basket, volley et hand) l’arrêté préfectoral du 25 septembre dernier avait déjà entraîné la fermeture des gymnases, sauf pour les scolaires, les mineurs en association sportive, les sportifs de haut niveau et espoirs, les professionnels et les sportifs en formation continue. Exit donc les matches et entraînements pour les équipes seniors de basket de l’ALVP et du CLAM-V, ainsi que celles des handballeurs du VHB.
“La préfecture doit annoncer, d’ici une dizaine de jours, si elle étend ou non cette mesure de fermeture des gymnases, explique Christine Thiebault, présidente de l’ALVP. Heureusement que nos seniors se maintiennent en condition en extérieur. On a également la chance d’avoir pas mal d’étudiantes qui jouent dans leurs associations sportives universitaires, ça aide un peu. Si on peut reprendre le chemin des parquets, on devrait pouvoir gérer les contraintes du couvre-feu. L’équipe féminine de Nationale 3 a toujours joué le dimanche à 15h30, il n’y aurait pas trop de bouleversements. En avançant le coup d’envoi à 14 heures par exemple, pour nos deux plus longs déplacements à Nîmes (315 km) et Mauguio (290 km), on sera rentrés avant 21 heures. Notre équipe fanion masculine qui évolue à un niveau régional pourra, je le pense, jouer après nous, sans problème.”
Du côté du handball qui joue en Nationale 2, le président Gilles Clauss reste prudent. “On n’a joué qu’une fois, le 26 septembre à Saint-Priest (victoire 30-24), et depuis, les joueurs s’entretiennent comme ils le peuvent. On navigue à vue. Dès qu’on pourra reprendre entraînements et matches, il faudra qu’on s’adapte aux nouveaux horaires qu’impose le couvre-feu. Plus question de jouer à 20 heures à Tola-Vologe. On devra se mettre d’accord avec les équipes que l’on reçoit afin de jouer plus tôt. Lors de nos déplacements, il nous faudra prendre en compte les durées du match et du trajet, les aléas dus à la circulation… Attendons déjà de voir si les gymnases nous seront de nouveau ouverts pour les amateurs.”
Le monde sportif amateur va-t-il rester les bras croisés ?
Si les fédérations françaises de football, rugby, basket et handball n’ont pas encore réagi de façon précise, il n’en est pas de même pour la fédération sportive et gymnique du travail (FSGT), qui concerne bon nombre d’équipes vénissianes. Celle-ci s’est fendue d’un communiqué. “Nous demandons une dérogation au couvre-feu de 21 heures sur présentation d’une attestation pour les sportifs amateurs, les équipements sportifs disponibles ne permettant pas d’organiser ces rencontres plus tôt. Comme pour le sport professionnel, le sport amateur doit pouvoir continuer à rassembler des millions de pratiquants. Les activités physiques et sportives encadrées par des animateurs et animatrices responsables et soucieux des protocoles sanitaires établis par l’État, sont un levier face à la crise sanitaire. La FSGT en appelle donc à une mobilisation offensive et solidaire du mouvement sportif et du mouvement social, pour faire du sport un droit pour toutes et tous. La FSGT ne passera pas à côté de l’essentiel : la solidarité, le collectif et le vivre ensemble, et demande donc une dérogation pour le sport amateur. »
La FSGT demande également « un véritable plan d’urgence. Le sport associatif fédéré est en sursis, les 120 millions d’un plan de relance ne suffiront pas. Comme pour le secteur de la culture, c’est la survie de tout un pan de l’économie sociale et solidaire nourrie au quotidien par le tissu associatif et les bénévoles des clubs, qui est en jeu.”