– Pensez-vous, comme le répète le gouvernement, que la 5G permettra à l’économie française de faire un bond en avant ?
La 5G peut être un vrai atout. Néanmoins, dans le débat public, je regrette que la question technique prenne le pas sur la dimension politique. De manière surprenante, le débat s’est accéléré depuis l’affrontement commercial entre les États-Unis et la Chine, pourquoi ? En tout cas, la réponse ne peut être de chercher à trouver une place dans cet affrontement. Le vrai sujet du débat public devrait être : pour quels usages ? Quel est le système qui le met en œuvre ? Pour quels intérêts ? Quel impact pour les budgets des consommateurs ? Qui fabrique les équipements qui la rendent possible ? Le potentiel positif de cette technologie ne peut se révéler que si l’on s’intéresse au fond.
– Qu’est-ce qui manque aujourd’hui pour que la 5G se développe de manière responsable en France ?
L’État doit jouer un rôle important dans ce domaine. Si l’on souhaite que la 5G se développe correctement en France, il doit y avoir un grand plan d’investissement public. Sinon, si le privé est le seul décideur en la matière, la 5G ne va faire qu’aggraver la fracture numérique qui existe entre les territoires. Tout ne peut pas être rentable tout de suite : les antennes dans les campagnes, par exemple, mettront beaucoup plus de temps à être rentabilisées. Seul l’État peut faire un plan sur le long terme.
– Vous confirmez, néanmoins, l’intérêt de cette technologie, en dépit de son déploiement à marche forcée ?
Nous sommes favorables au déploiement de nouvelles technologies quand elles répondent à des besoins. Certaines peuvent révolutionner nos usages et apporter un réel service, aux particuliers comme aux professionnels. De plus, les antennes 5G ne sont actives que lorsqu’elles sont utilisées, contrairement à la 4G, cela devrait donc contribuer à une réduction de notre exposition. S’agissant des usages, cette technologie peut créer de nouvelles opportunités pour les entreprises et les industries, ou pour les services de santé. Mais la plupart sont prises au dépourvu, et ne savent pas vraiment, encore, comment elles pourront l’utiliser… Cela devrait être l’enjeu du débat public.
Les habitants des tours gérées par GLH n'ont toujours pas de chauffage. Ils étaient une soixantaine à manifester leur mécontentement ce mercredi matin.