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5G : aller vite, quitte à se précipiter

Depuis la rentrée, le déploiement de la 5G en France s’accélère : les fréquences sont attribuées, les opérateurs préparent leurs offres, les smartphones compatibles sont disponibles… Pourtant, les craintes des habitants restent nombreuses. Tout comme les doutes sur son intérêt réel.

Depuis la rentrée, le déploiement de la 5G en France s’accélère : les fréquences sont attribuées, les opérateurs préparent leurs offres, les smartphones compatibles sont disponibles… Pourtant, les craintes des habitants restent nombreuses. Tout comme les doutes sur son intérêt réel.

La France avance, inéluctablement, vers le déploiement de la 5G sur son territoire. Un peu aussi, pourrait-on ajouter, envers et contre tous : la Convention citoyenne pour le climat n’avait-elle pas demandé un moratoire sur la question, en attendant qu’une évaluation environnementale et sanitaire soit menée ?

Las : depuis la rentrée, le calendrier s’accélère. Le président de la République, Emmanuel Macron, a défendu la technologie contre le « modèle Amish », que certains seraient tentés d’imposer. Les enchères pour l’attribution des fréquences 5G ont été lancées, permettant à l’État d’empocher près de 2,8 milliards d’euros. Et les opérateurs commencent à communiquer sur leurs offres « 5G Ready », pour une commercialisation attendue d’ici la fin de l’année.

Pourtant, c’est peu dire que cette technologie suscite quelques craintes. Y compris parmi les élus. « Je suis dubitatif sur l’intérêt de la 5G, commente Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon. J’aurai souhaité que l’on puisse débattre de ses inconvénients (surconsommation énergétique, changement de matériel imposé…) et les mettre en perspective avec ses avantages. Le président de la République a refusé ce débat, c’est anormal. Le Conseil Citoyen le demandait a minima, cela a été écarté du revers de la main. C’est dommage. »

22 antennes sur Lyon-Villeurbanne

Pas encore lancée officiellement en France, la 5G n’en est pas moins déjà une réalité sur notre territoire. Ainsi, au 1er avril 2020, l’Autorité de Régulation des Télécoms (ARCEP) a autorisé l’installation de 462 antennes 5G (345 pour Orange, 43 pour SFR, 65 pour Bouygues Telecom et 9 pour Free Mobile) pour des expérimentations. Dans l’agglomération, aucune ne se trouve sur le territoire de la commune de Vénissieux, qui bénéficie d’une couverture théorique à 100 % par le réseau 4G. L’immense majorité des antennes se trouve en effet sur Lyon et Villeurbanne (22 antennes). Seule Saint-Priest fait en effet l’objet, en dehors des deux plus grandes villes de l’agglomération, d’une expérimentation de la 5G, opérée par Bouygues Telecom.

Reste une question, centrale : la 5G, à quoi ça sert ? Schématiquement, la première génération de réseaux téléphoniques mobiles permettait de passer des appels. La 2G, d’envoyer des SMS. La 3G, d’envoyer des images. La 4G, de développer l’Internet mobile et les usages vidéos. Selon Orange, l’opérateur mobile le plus impliqué dans le déploiement de cette nouvelle technologie, la 5G permettra de télécharger sur un appareil mobile un film en 4K, en quatre minutes. Mais pas seulement.

Elle offrira en effet des débits théoriques (indépendamment des conditions dans lesquelles se trouvent les utilisateurs) 100 fois supérieurs à ceux de la 4G. Et donc d’utiliser avec plus de fluidité de nombreux services innovants, comme la réalité virtuelle ou la réalité augmentée, et de connecter de plus en plus de terminaux : des smartphones certes, mais aussi des capteurs, des objets du quotidien, des caméras de sécurité…

Autre argument avancé pour justifier l’accélération du déploiement de la 5G, les attentes qu’en auraient les professionnels et les industriels. Voiture totalement autonome, nouvelles machines connectées dans les usines « 4.0 », chirurgie à distance… « Cela ne veut toutefois pas dire que des voitures autonomes seront massivement déployées dès que le réseau 5G sera opérationnel, car ces technologies comportent aussi leur lot d’incertitudes et de limites, précise Gauthier Roussilhe, chercheur sur les impacts environnementaux du numérique, dans son étude ‘La controverse de la 5G. Mais le déploiement massif de ce réseau est présenté par les acteurs industriels et financiers comme la condition sine qua non pour le déploiement massif de toutes les autres technologies. »

Sauf qu’à Vénissieux aucune entreprise contactée n’a été en mesure de nous expliquer en quoi la 5G allait révolutionner leurs process. Même si toutes ont pu noter « un certain potentiel de la technologie ». Quant à la clinique des Portes du Sud, le service communication n’a trouvé, malgré ses recherches, « aucun médecin ou chef de service à l’enthousiasme débordant pour la 5G ».

Des conséquences incertaines sur l’emploi

L’impact de la 5G sur l’emploi est, pour sa part, difficile à estimer et à prévoir. « Nous ne sommes pas sur une ligne anti-technologie, comme on pourrait nous le reprocher injustement parfois, commente à ce sujet Guillaume Dumoulin, secrétaire de l’union locale CGT. Mais nous avons deux interrogations. La première, c’est ce que va générer cette technologie sur la santé, et l’application, de fait, du principe de précaution dans le positionnement des antennes par exemple. La seconde, c’est l’utilité et l’usage de la 5G. Est-ce que cela va créer des emplois, ou au contraire en détruire ? Sur ce point, nous manquons de recul, en tout cas au niveau local. »

Au niveau national, cependant, les conséquences de la 5G sur l’emploi sont déjà réelles. Le groupe finlandais Nokia a par exemple signé, depuis plusieurs mois, de nombreux contrats de déploiement de la 5G à l’international (au Royaume-Uni, en Espagne, à Singapour…) — certes moins que ses concurrents, comme Ericsson ou Huawei. En France, l’ex-Alcatel-Lucent, devenu Nokia en 2016, a pourtant lancé un nouveau plan de licenciement de plus de 1 200 postes. Le quatrième en quatre ans. Chez les premiers concernés par la 5G, il faut admettre que le symbole est des plus malheureux !


Lire aussi : Trois questions à Pierre-Alain Millet, adjoint au maire en charge du développement durable

 

 

« La 5G, un atout extraordinaire, mais… »

 

 


« Ce sont avant tout des postes dans la R & D, concentrés sur la 5G, qui sont concernés, commente Claude Josserand, délégué syndical chez Nokia. Seront donc effacés ceux qui ont permis le déploiement de la 5G, un comble. » Des emplois perdus, mais compensés par des postes à venir dédiés à la maintenance du nouveau réseau ? « Même pas : dans le secteur, la maintenance des installations est très souvent sous-traitée », constate, amer, Claude Josserand.

Notons, néanmoins, que certaines publications se veulent plus rassurantes. Selon une étude publiée par IHS Markit pour le compte de Qualcomm (un fabricant de puces… 5G), la chaîne de valeur de cette nouvelle technologie (opérateurs de réseaux, fabricants de terminaux, fournisseurs de technologies et de composants, développeurs d’applications…) pourrait contribuer à créer 396 000 emplois en France. Et représenter une valeur globale de l’ordre de 85 milliards de dollars. Assez pour justifier un déploiement aussi rapide de cette technologie ? Il semblerait bien que oui.


Lire aussi : Un impact sanitaire difficile à évaluer

 

 

La 5G est-elle dangereuse pour la santé ? Sur ce point, les avis divergent, et les incertitudes demeurent.

 


 

1 Commentaire

  1. pierre Mateo

    15 octobre 2020 à 10 h 35 min

    le 29 juin le président macron s’adresse au conseil citoyen qui demande un moratoire sur le déploiement de la 5g en france macron leur répond favorablement pour ce moratoire 3 mois plus tard il traite les opposants à la 5G ou simplement ceux qui réclame un véritable débat un moratoire de membres de la secte américaine d’amischs

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