Après avoir obtenu la validation de son dossier par l’Agence nationale de renouvellement urbain (ANRU), la Ville de Vénissieux lance la seconde phase de la rénovation du quartier des Minguettes. Plusieurs tours et barres disparaîtront du paysage, les réhabilitations se multiplieront, et de nouveaux équipements verront le jour.
Quelqu’un qui quitterait, demain, les Minguettes pour n’y revenir qu’au début des années 2030, reconnaitrait-il « son » quartier ? À la lecture du Nouveau programme de rénovation urbaine (NPRU) – dont le maire de Vénissieux, Michèle Picard, a signé la convention avec l’ANRU en mars après avoir défendu le dossier en juillet de l’année précédente -, il est permis d’en douter, tant ce quartier emblématique de la ville est appelé à changer.
« Ce que nous avons ciblé, c’est bien la vie et le quotidien des Vénissians, assurait, lors de sa conférence de rentrée, Michèle Picard. Mais il s’agit aussi de prolonger la dynamique actuelle, urbaine, économique, sociale, et de l’inscrire dans le cadre d’un développement durable, écologique et humain. Le NPRU Minguettes-Clochettes est une ligne forte du mandat qui commence, un temps fort de réalisations, de dialogue et de concertation avec les habitants. »
Premières opérations « urgentes »
Quatre opérations urgentes ont été identifiées par l’équipe municipale. Tout d’abord, la destruction, par grignotage, de la tour 36 du boulevard Lénine, prévue pour 2021. Ensuite, au printemps, la démolition par implosion de l’iconique barre ICF rue Monmousseau, dont le désamiantage est en cours. « Cela va être un moment fort du projet, estime Idir Boumertit, adjoint en charge du grand projet de ville. Cette démolition va lancer une nouvelle dynamique, et casser la frontière psychologique qui peut exister entre le centre de Vénissieux et le plateau des Minguettes pour créer du lien entre les quartiers. »
Toujours s’agissant des opérations les plus urgentes, deux réhabilitations-résidentialisations ont été décidées. Elles concernent 260 logements gérés par Alliade, sur la place Édouard-Herriot, et 230 appartements au Couloud. Dans les deux cas, les travaux seront achevés courant 2021.
La rénovation urbaine du plateau des Minguettes, qui implique à la fois la Ville, les bailleurs sociaux, l’État et la Métropole, sera alors véritablement lancée. « Nous avons également prévu la destruction du petit immeuble de 87 logements, situé à côté de la barre ICF, puis celle de la tour 71 dans un premier temps, et celle des tours 38 et 40, plus tard, explique l’élu au Grand projet de ville. Dans tous les cas, bien en amont, des opérations d’information des habitants seront organisées, en vue de leur relogement. »
Deux projets retoqués mais pas abandonnés
Si la démolition-reconstruction de la piscine Auguste-Delaune n’a pas été retenue – ce qui n’était pas une surprise, l’ANRU ne subventionnant pas, en règle générale, ce type de projet -, la Ville n’abandonne pas l’idée pour autant. « Nous le ferons, assure Idir Boumertit. Nous avons commandé des études, pour ce dossier comme pour d’autres équipements municipaux. Il s’inscrira dans une temporalité différente, dans la programmation de la Ville. »
Idem concernant la création d’une halle pour le marché Monmousseau-Balmes. Elle ne fera pas l’objet d’un financement de l’ANRU, mais « les espaces seront requalifiés, avec toujours autant de forains, deux marchés par semaine, une redéfinition des usages, bref une nouvelle forme d’attractivité pour une zone qui constitue le cœur du plateau ». « Pour la halle des producteurs en tant que telle, ce n’est pas un projet que l’on met de côté, nous croyons en sa pertinence, poursuit Idir Boumertit. Nous allons en discuter avec nos partenaires. »
1 000 nouveaux logements et les équipements idoines
Viendra ensuite le temps de la reconstruction et de la redéfinition des espaces. « Nous prévoyons de construire environ 1 000 logements au total, avec de l’accession à la propriété et du privé. Cela va contribuer à créer de la mixité dans les quartiers, et à redéfinir la vie en leur sein. » Le centre commercial devrait, pour sa part, s’installer sur l’emplacement de la tour 71. Des études sont en cours pour « créer de nouvelles dynamiques économiques, artisanales et liées aux questions de santé, sur le plateau des Minguettes ». Le gymnase Jacques-Brel sera déplacé. Une nouvelle crèche verra le jour, tout comme un nouveau groupe scolaire Charles-Perrault. Un nouvel équipement polyvalent, avec bibliothèque et EPJ, devrait être créé dans le quartier Pyramide. Et les réhabilitations se multiplieront : 800 à 900 à Léo-Lagrange, notamment.
« Avec Michèle Picard, nous avons prévu une nouvelle négociation avec l’ANRU en 2021. Cette clause de revoyure doit permettre de préciser l’engagement financier de l’Agence nationale pour le renouvellement urbain sur les programmes de renouvellement des secteurs Léo-Lagrange et Darnaise Porte Sud. »
Le tout, pour un budget total qui sera supérieur à 500 millions d’euros, dans le cadre d’un projet au long cours. Les dernières opérations liées au NPRU devraient en effet être livrées à l’horizon 2030.
L’avis des habitants comptera
Le programme de rénovation urbaine des Minguettes est un projet majeur pour la ville de Vénissieux. C’est pourquoi l’équipe municipale a prévu une place importante pour la concertation avec les habitants.
Des « ateliers de Ville » seront organisés, permettant aux Vénissians de consulter les projets, mais aussi de proposer des ajustements, de formuler des remarques, d’échanger avec les responsables… Les conseils de quartier seront également mobilisés. Enfin, des « comités d’usagers » pourraient être créés, impliquant directement les premiers concernés dans les différentes réalisations.
« C’est un projet à horizon 2030, tout ne se fera pas tout de suite, rappelle Idir Boumertit. Notre ambition est d’impliquer les bailleurs, la Métropole, la Ville et les habitants, pour que les réalisations soient à la hauteur des attentes. »
Les Minguettes, encore plus vertes
Des démolitions d’immeubles, de nouveaux équipements, une place de marché réinventée, des logements… C’est un fait : le nouveau programme pour la rénovation urbaine des Minguettes accorde une large place au bâti. Mais les espaces verts ne sont pas oubliés. Loin de là.
Sur le secteur Darnaise Porte Sud, le projet d’aménagement est marqué par l’ambition de créer une porte du parc des Minguettes, qui sera clôturé, à proximité d’un arrêt du tramway T4. « Cela permettrait de donner une nouvelle visibilité au parc des Minguettes, apprécie Idir Boumertit, adjoint en charge du Grand projet de ville. C’est un élément important du NPRU. »
Par ailleurs, la rénovation urbaine des Minguettes accompagnera la réalisation de l’Anneau des parcs, ce « chemin vert » reliant plusieurs espaces verts et faisant la part belle aux modes doux (vélos, promenade…). « Il s’agit d’un projet qui met en lien le parc des Minguettes (14 hectares) avec le parc Victor-Basch à Saint-Fons Clochettes (environ 20 hectares), pour produire un programme cohérent et une boucle de 4 km de périmètre. Les opérations seront sous la maîtrise d’ouvrage de Saint-Fons, de Vénissieux ou de la Métropole de Lyon. Cette dernière a d’ores et déjà engagé les études pour le réaménagement du boulevard Yves-Farge, sur une longueur d’environ 1,5 km. »
Sans oublier, bien sûr, des espaces verts « ponctuels », intégrés aux différents équipements et nouveaux logements. Lesquels feront l’objet d’une concertation avec les habitants.
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