Bab L’Bluz aurait dû se produire aux Fêtes escales cette année mais la crise du Covid en a décidé autrement. Le duo a accepté de répondre à nos questions par mail, pendant le confinement. Et en profite pour adresser un message aux Vénissians.
Yousra et Brice, vous vous êtes rencontrés à Marrakech et avez eu envie, je cite, « de propulser le guembri, la guitare des Gnawas, sur la scène des musiques actuelles ». Comment justement trouver une place originale dans un genre musical où les artistes sont très nombreux ?
En créant sa propre identité, un concept différent de ce qui existe déjà. Nous concernant, ce qui différencie notre groupe des autres sur la scène des musiques actuelles est le fait d’avoir créé un power quartet où la guitare électrique est remplacée par l’awisha (petit guembri) et la basse par un guembri. Les deux sont électrifiés et sont gérés comme des instruments de “musique actuelle”, effets, amplis etc…
Le truc original que nous défendons, c’est que nous sommes un groupe de rock, qui créons des compositions avec, comme bases instrumentales, les guembris électrifiés.
Pouvez-vous rapidement nous dire à quand remontent vos goûts respectifs pour la musique et décrire vos deux parcours professionnels ?
Nous avons été très jeune animés par l’amour de la musique, puis cet amour s’est concrétisé entre 14 et 15 ans, à l’adolescence.
Yousra a grandi à El Jadida, une ville fortifiée sur la côte atlantique du Maroc, balayée par les vents, en jouant de la guitare et en interprétant des chansons de la diva libanaise Fairouz. Elle a baigné dans différents registres musicaux, grâce à l’empreinte qu’a laissée chaque peuple qui a émergé dans la région à une certaine époque. Elle est aussi une guitariste chanteuse aguerrie, et maîtrise plusieurs styles de musiques et chante dans plusieurs langues.
Brice est guitariste, beatmaker, multi instrumentiste, autodidacte.
Diplômé du Conservatoire de Lyon et de la faculté de musicologie, il se produit en tant que musicien éclectique dans plusieurs styles et pour plusieurs artistes. Il a à son actif plusieurs tournées internationales, en Europe, aux USA, en Afrique, etc.
Comment travaillez-vous pour vos compositions ? Qui écrit quoi ?
La totalité des compositions a été faite à deux. Le plus souvent, nous partons d’une idée musicale que soit l’un soit l’autre amène, puis nous enregistrons cette chanson. Nous cherchons ensuite les meilleurs emboîtements rythmiques et mélodiques possibles, par rapport aux quatre instruments présents dans le groupe.
Puis, arrivent des idées de textes par rapport à ce que nous évoque le sentiment musical du morceau en cours.
Une fois cela créé, nous finalisons une version du morceau et nous répétons à quatre pour mettre en place ce que nous avons élaboré dans notre home studio.
C’est le processus habituel, mais des fois nous partons aussi d’un texte ou d’un message qu’on veut véhiculer. Le plus souvent, c’est un message de paix et d’amour.
À l’écoute de quelques-uns de vos titres, on pense à cette époque où les groupes de rock et de jazz découvraient l’Orient et mêlaient judicieusement rythmes modernes et orientaux. Comme Grateful Dead et le fameux Blues for Allah, Mahavishnu Orchestra, Shakti, etc. Écoutez-vous beaucoup de rock ? Appréciez-vous ces groupes des années 60-70 ? Votre clip Ila Mata est tout à fait dans le style psychédélique de cette époque.
Effectivement, on a baigné dans une culture rock 60-70s dès notre enfance, mais pas que.
On a eu la chance de rencontrer plusieurs styles de musique qui nous ont marqués au cours de notre vie. Et ce n’est pas fini !
Pour le clip, on a voulu rendre le caractère analogique psychédélique que vous pouvez entendre quand vous écoutez notre album, mais ceci visuellement.
On sent chez vous un besoin de mêler la tradition et la modernité. Ainsi, dans le clip El Watane mais aussi dans Teaser 2018 que l’on peut voir sur YouTube, vous utilisez des instruments traditionnels électrifiés. Est-ce toujours le cas ?
Oui effectivement, on cherche toujours de nouvelles sonorités en électrifiant nos guembris afin d’avoir l’aspect moderne de la musique tout en gardant la touche traditionnelle très présente.
Comment s’est construit votre album Nayda ! ? Quel accueil a-t-il reçu ?
Il s’est construit à Marrakech, à deux, dans notre home studio.
Ensuite, on l’a concrétisé en l’enregistrant à Lyon avec nos amis Jérôme Bartholomé (flûte, qarqabou, chant), et Hafid Zouaoui (batterie, pad, chant).
Aussi, nous sommes très heureux de collaborer avec le prestigieux label Real World Records, et nous recevons actuellement un très bon accueil de la critique musicale et des personnes qui l’écoutent. Ce dont nous sommes fiers et reconnaissants pour notre premier album.
On espère qu’il vous plaira aussi !
Comment avez-vous vécu cette période de confinement ? En avez-vous profité pour créer de nouvelles chansons ?
Nous avons été déçus de ne pouvoir donner nos concerts comme ça aurait du être le cas.
Nous espérons que cela puisse permettre aux gens de sentir le rôle et le poids de la Culture dans la société.
Nous avons pu voir aussi que quelques mois de pause ont permis à la Terre de se régénérer, et qu’il nous faut donc donc revoir notre manière de vivre et de consommer.
Oui, nous avons créé plusieurs chansons, mais nous faisons cela avec ou sans confinement !
Vous deviez vous produire cet été aux Fêtes escales mais tout a été annulé. Avez-vous un petit mot à faire passer aux Vénissians qui souhaitaient vous découvrir ?
On aurait adoré nous produire cet été aux Fêtes escales, et on espère que cela n’est que partie remise !
On vous envoie de la force, de l’amour et de la positivité à toute l’équipe du festival et aux Vénissians qui souhaitaient nous découvrir !
Aussi, n’hésitez pas à écouter notre album Nayda ! qui sort le 24 juillet en physique !