Particulièrement touchés par la baisse de l’emploi et la diminution des offres de formation, les jeunes suivis par la Mission locale se sont particulièrement bien adaptés aux procédures de télétravail. Leur situation reste néanmoins préoccupante, notamment au niveau du logement.
C’est une période surprenante qui s’achève pour la Mission locale. Alors que les jeunes, dans leur ensemble, ont payé un tribut social particulièrement élevé à la crise, ceux qui étaient suivis par la structure semblent avoir moins souffert du confinement que ce que l’on pouvait craindre.
Pourtant, dès le 16 mars, la Mission locale a fermé ses portes, tandis que le lendemain l’ensemble du personnel adoptait le télétravail. Au revoir entretiens en « présentiel », place aux échanges distanciés. Mais avec un dispositif téléphonique inchangé pour les bénéficiaires : mêmes numéros de téléphone et possibilité de passer d’un interlocuteur à l’autre. « Pour informer les premiers intéressés, nous avons envoyé 3 000 courriers électroniques dès le 16 mars », se souvient Martial Guiguet, le directeur de la Mission locale.
« Les jeunes ont dû faire face aux interruptions de stages, à l’annulation des formations et à la fin des contrats précaires (CDD et intérim). La situation s’est aussi avérée très compliquée en matière de logement, car certains ne pouvaient plus payer leur loyer, relève Martial Guiguet. Mais paradoxalement, nous avons pu échanger plus facilement avec eux pendant cette période. Nous avons aussi pu mettre en place un site web dédié, qui leur apporte une foule d’informations et de fonctionnalités. »
« Les bénéficiaires ont été dans l’ensemble très heureux d’être contactés par téléphone, et rassurés que nous soyons toujours là pour eux, explique Karine Moiroud, conseillère référente emploi à la Mission locale. Ce que confirme sa collègue Christine Tchedjian, en charge du parrainage : « Tous étaient très heureux d’être appelés car cela les rassurait pour la suite. Certains en ont même profité pour lancer de nouveaux projets en reprenant un accompagnement qu’ils pensaient arrêter […]. Il me semble qu’ils ont vécu ce confinement sereinement, peut-être grâce à nous ».
Difficultés de logement
Pour Christiane Lahure, conseillère emploi et formation, « le fait que nous soyons en télétravail a permis aux jeunes de se retrouver dans le même environnement que nous, ce qui a parfois fluidifié les échanges. Enlever le cadre institutionnel avec un jeune face à un conseiller dans un bureau a facilité les échanges, notamment pour les plus timides ». Résultat ? « Les jeunes étaient très réactifs dans leurs réponses, que ce soit par mail ou par téléphone. »
« Le suivi s’est principalement axé sur des conseils et des informations sociales, sur l’emploi et la formation, souligne Laurent Badolle, conseiller référent formation et orientation. Les jeunes avaient du mal à se projeter et à travailler sur leur orientation. Certains ont été obligés de rentrer dans leurs familles faute de pouvoir payer leur loyer, d’autres cesser d’aider financièrement leurs familles ou les personnes qui les hébergeaient. »
Même son de cloche du côté de Clémentine Kane, chargée d’accompagnement logement. « Je n’ai pas constaté de baisse réelle de l’activité du service logement, indique-t-elle. Nous avons traité beaucoup de situations d’urgence. Par exemple, beaucoup de signatures de baux ont été reportées. Et tous les services étaient fermés. Nous avons donc aidé les jeunes dans leurs démarches administratives. »
Finalement, cette nécessaire réorganisation aura porté ses fruits. Entre le 16 mars et le 30 mai, 715 jeunes ont été accompagnés. C’est 4 de plus qu’en 2019 à la même période.
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