Si le chômage progresse dans toutes les catégories, les jeunes, plus précaires, sont les premiers touchés par la crise économique découlant de la crise sanitaire. En cause : le grand nombre de missions intérimaires ou de CDD interrompus.
de demandeurs d’emploi
A : personnes sans emploi, tenues d’accomplir des actes positifs de recherche
B : personnes ayant exercé une activité de 78 heures maximum par mois, tenues d’accomplir des actes positifs de recherche
C : personnes ayant exercé une activité de plus de 78 heures par mois, tenues d’accomplir des actes positifs de recherche
D : personnes sans emploi, qui ne sont pas immédiatement disponibles, non tenues d’accomplir des actes positifs de recherche (demandeurs d’emploi en formation, en maladie, etc.)
E : personnes sans emploi, non tenues d’accomplir des actes positifs de recherche d’emploi
Le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi en catégories A, B ou C (voir ci-contre) s’élevait en mars dernier à 8690. Pour mémoire, au troisième trimestre 2018, Vénissieux comptait 8 630 demandeurs d’emploi. La hausse est donc faible. Mais la situation est plus inquiétante qu’il n’y paraît, car la catégorie A (personnes sans emploi) subit une augmentation de 3,3 % et regroupe désormais à elle seule 5 904 personnes. Et l’embellie ne viendra pas de la Région Auvergne Rhône-Alpes, qui accuse une hausse plus conséquente encore : 4,9 %.
Si l’on s’en tient aux données brutes fournies par Pôle Emploi, ce sont les jeunes qui paient le plus lourd tribut à la crise, avec une augmentation de 10 % en catégorie A au niveau local. À l’échelle de la Région, la hausse est tout aussi significative : 9 %. Les hommes sont légèrement plus touchés que les femmes, avec des hausses respectives de 4 % et 3 %.
« Le chômage progresse dans toutes les catégories. C’est un coup d’arrêt à une évolution qui allait dans le bon sens, observe la directrice de Pôle emploi, Corinne Nicolas. Les jeunes se sont pourtant bien mobilisés autour des offres liées au Covid, fabrication de masques et de gels notamment. »
Mais pourquoi sont-ils alors si touchés ? « La crise a touché en premier les personnes en situation de précarité, ceux qui travaillaient en intérim ou en contrat à durée déterminée, par exemple dans l’hôtellerie et la restauration, précise la directrice. Or, les jeunes qui arrivent sur le marché de l’emploi se trouvent souvent dans ces situations précaires. »
Et l’avenir s’annonce incertain. « Les entreprises avec qui nous sommes en contact expriment une absence de lisibilité. Le confinement était compliqué, mais le déconfinement l’est tout autant, car les règles sanitaires sont très fortes avec un important maintien du télétravail, peut-être jusqu’à septembre (…). En matière d’emploi, les schémas ne sont pas uniquement économiques. Ce qui donne le la, c’est la question sanitaire. »
Les prochaines statistiques seront publiées en juin au niveau local. On l’aura compris, difficile d’espérer une embellie.
Pôle emploi en mode confiné
Pour remédier à certaines situations « de grande urgence », l’agence s’est par ailleurs rapprochée des services sociaux de la Ville et de la Métropole, notamment pour les aides alimentaires et au logement. « Nous veillons à ne laisser personne sans ressource », assure-t-elle.
Après une semaine de préparation des locaux et de mise en place des procédures, l’agence a de nouveau ouvert ses portes aux demandeurs d’emploi. Mais uniquement sur rendez-vous, et seulement pour les situations d’urgence qui ne peuvent être traitées via le télétravail, c’est-à-dire par téléphone. « Plus que jamais, il faut passer par le 3 949 « , insiste la directrice. Le hall ne pouvant accueillir plus de 11 personnes (agent(s) compris), les intéressés doivent obligatoirement se présenter seuls, saufs dans certains cas spécifiques anticipés (présence d’un interprète par exemple). Les locaux seront en outre fermés de 12h30 à 13h30 pour nettoyage.
D’après Corinne Nicolas, cette situation devrait perdurer au moins jusqu’à la rentrée de septembre.
Ludovic Rioux
25 mai 2020 à 17 h 57 min
Bonjour,
Il est regrettable que la réforme en cours de l’assurance-chômage ne soit pas citée dans l’article. Oui, les jeunes sont les premiers touchés par cette précarité, et il est juste de le souligner. Rappelons néanmoins que le patronat fait en ce moment-même peser la menace du chômage sur les salariés, et qu’à deux pas de l’agence de Vénissieux, ceux-ci sont en lutte pour leur emploi. Face à cette réalité, des solutions existent: annulation de la réforme, indemnisation de tous les travailleurs privés d’emploi, réduction du temps de travail !
Je me permets de relayer ici cette tribune parue dans l’Huma https://www.humanite.fr/tribune-assurance-chomage-lheure-est-labandon-de-la-reforme-et-lindemnisation-de-100-des-chomeurs