Des enfants heureux de se retrouver et des parents sereins, ce matin devant les groupes solaires de Vénissieux, tous accueillis par des équipes qui ont tout fait pour que cette rentrée inédite se passe bien.
Jeudi 14 mai, 8h15, groupe scolaire Gabriel-Péri. Le directeur et les enseignants accueillent les premiers élèves et leurs familles. Stéphanie, maman d’Isaac, élève de CP, est sereine. « Je suis infirmière et j’ai confiance en l’équipe éducative. Après ces deux mois de confinement, Isaac n’en pouvait plus. C’était très difficile de le faire travailler à la maison. Il est très content de revenir ». Le petit bonhomme confirme, avec un sourire qui fait plaisir à voir. « J’avais vraiment envie de retrouver ma maitresse et mes copains. Je vais venir deux jours et aussi je mange à la cantine ».
Un peu plus loin, Thierry, papa d’Élodie, en grande section de maternelle, et de Yohann, en CP. « Nous avons décidé de les remettre à l’école. Élodie va passer en CP et rien de mieux que les enseignants pour étudier. Je suis totalement tranquille, compte tenu du petit nombre d’élèves. Tout à l’air d’être bien sécurisé ! » Élodie, très fière de montrer le masque qu’elle porte, se dit heureuse, « je commençais à trouver le temps un petit peu long à la maison ».
Suivons la fillette dans sa classe. Avant de rentrer, premier passage obligé au lavabo pour se laver les mains, un geste qui sera renouvelé plusieurs fois par jour. Les Atsem sont présentes dès cette étape. Puis Elodie s’installe à son bureau, très éloigné de celui de son voisin. « Vous avez une barquette chacun avec tout votre matériel uniquement pour vous. Vous ne pouvez pas vous prêter les crayons, ni les gommes. Et ce soir tout sera nettoyé », explique Ihleme, la maitresse de grande section. « Ce matin, nous confie l’institutrice, nous allons mettre des mots sur le confinement, les enfants vont raconter comment ils l’ont vécu, ce qu’ils ont aimé ou détesté ». Élodie a vite retrouvé ses réflexes de jeu et de dessin, assise à sa table.
Un peu plus loin, au groupe scolaire Jean-Moulin, Sonia, a accompagné son fils Shemsedine en CP. « Le confinement a été pesant sur notre moral. Pour le travail, nous nous organisions à la convenance des enfants. Nous en avons quatre : l’ainée est en première, la deuxième est en 3ème et les deux petits en CP et CE1. Je suis contente qu’ils puissent revenir, nous avons confiance dans l’équipe enseignante. Cinq mois à la maison sans reprendre l’école aurait été trop néfaste pour eux. D’autant qu’ils prennent de mauvaises habitudes. C’était nécessaire qu’ils reprennent un rythme le plus normal possible ». Près de là, Salim, papa de Nouredim et de deux autres enfants. « On est en lien avec l’équipe, le directeur nous a tenu au courant. Ce matin, je ne ressens pas d’inquiétude. Mais jusqu’au 3 juin, il faudra être vigilant. Le travail à la maison a été difficile, tout simplement parce que nous ne sommes pas enseignants ».
Les écrans, rois du confinement
Pour les grands de CM2, parler du confinement est également à l’ordre du jour. Dans l’une des classes, on dessine, dans l’autre on écrit. Faire sortir les émotions, c’est important. Mohamed avoue ne pas avoir beaucoup travaillé. Il a apprécié se lever tard, parfois à 13 heures, et de se coucher très tard, car il pouvait regarder plusieurs films. En revanche, ne pas avoir le droit de sortir pour voir les copains a été le plus difficile. À ses cotés, Aron avait envie de revenir vite. « On est quatre enfants à la maison, des fois c’était difficile ». Sirima, a bien profité des écrans : « je jouais à la Play et je regardais la télé. J’aimais bien être en famille. La maitresse a envoyé des devoirs, j’essayais de comprendre tout seul ».
Pendant les récréations, pas de foot, les enfants ne peuvent plus toucher les ballons. « Il nous faut continuer à éduquer les enfants sans les parquer, insiste Christophe Tsalichis, directeur du groupe scolaire Jean-Moulin. C’est pourquoi nous travaillons très étroitement avec l’USEP, qui a toute une série de jeux à proposer aux enfants ».
Les maitresses sont heureuses de retrouver leurs élèves, mais émettent quelques bémols, telle Nathalie Fanget, enseignante de CM2 : « Le ministère ne nous a pas livré les bons masques, pas de gel hydroalcoolique, pas de thermomètre, rien de ce qui nous avait été promis pour travailler dans de bonne conditions . Il a fallu que ce soit la commune qui nous fournisse le matériel sanitaire, je suis scandalisée. Sans cette aide, nous n’aurions pas pu ouvrir l’école ».