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Menacée de liquidation, la SAD entame « une lutte sans merci »

Faute d’accord entre ses actionnaires, Presstalis, premier distributeur de presse en France, fonce vers une liquidation judiciaire. La SAD, sa filiale régionale basée à Vénissieux, est occupée depuis lundi soir par ses 110 ouvriers menacés de perdre leur emploi.

Les quais de chargement de la SAD, avenue André-Sentuc à Vénissieux, n’accueillent plus la presse nationale depuis lundi soir. Photo DR

En cessation de paiement depuis avril, Presstalis, premier distributeur de presse en France, se dirige vers une liquidation judiciaire. Basée à Vénissieux, sa filiale régionale, la SAD, est occupée depuis lundi soir par ses ouvriers.

De lourds nuages s’accumulaient au-dessus de sa tête, l’orage vient d’éclater à la SAD (Société d’agence et de diffusion), rue André-Sentuc. La filiale régionale du distributeur de presse Presstalis est directement menacée par la liquidation de sa maison-mère, qui risque d’être prononcée dès ce vendredi 15 mai par le tribunal de commerce de Nanterre. Cette liquidation laisserait un millier de salariés sur le carreau, dont une centaine à Vénissieux. Des salariés qui n’ont manifestement pas l’intention de se laisser faire.

Petit rappel : première société de messagerie de presse française, Presstalis a déposé le bilan fin avril. Alors qu’elle distribue 75% de la presse en France, l’entreprise est victime d’un divorce entre ses actionnaires, les éditeurs de magazines d’un côté, les éditeurs de quotidiens nationaux de l’autre. Les premiers, plus rentables que les seconds, veulent sortir d’un système coopératif qui mutualise la distribution. Quitte à démolir complètement l’édifice commun.

Journaux bloqués

Le 11 mai, un ultime espoir de redressement judiciaire est tombé à l’eau, et sans aucune offre de reprise, la liquidation est quasiment actée. Le soir même, les salariés de Pressatlis et de ses filiales se mettaient en grève, paralysant la distribution des titres nationaux dans les kiosques, les buralistes et les maisons de la presse. Exit le Monde, le Figaro, Libération, les Echos, l’Équipe, Paris Turf, etc. Une manière directe de démontrer l’importance de leur activité. Et d’appeler l’État à prendre ses responsabilités, en intervenant dans un conflit qui menace la diffusion d’une composante essentielle de la vie démocratique.

Le site de Vénissieux occupé

Située dans la zone d’activité de l’Arsenal, à Vénissieux, la SAD est donc occupée depuis lundi soir par ses salariés. « Si les actionnaires, le gouvernement et les juges pensent que les ouvriers du Livre vont se laisser faire, ils se trompent lourdement », confie Guillaume Dumoulin, délégué syndical central SGLCE-CGT (également secrétaire de l’Union locale de Vénissieux-Feyzin), qui plaide pour le maintien d’une structure unique. « Tant qu’il n’y aura pas d’accord, il n’y aura pas non plus de presse quotidienne nationale ni de magazines. Nous allons montrer que l’on ne peut pas se passer de nous ».

Une dizaine d’imprimeries à l’arrêt

Héritiers d’une tradition syndicale notoirement combattive, les ouvriers du Livre avertissent qu’il serait plus prudent pour d’éventuels concurrents d’y réfléchir à deux fois avant d’essayer de récupérer leurs missions. « On veut nous sortir comme des malpropres, ça sera une lutte sans merci ». Mardi soir, les salariés de la SAD n’ont pas eu besoin de retenir dans leurs locaux les journaux qu’ils reçoivent chaque nuit des imprimeries parisiennes et régionales. En solidarité avec leur mouvement, leurs camarades de nombreuses imprimeries, notamment celle de Saint-Vulbas (Ain), ont stoppé les rotatives.

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