Jeudi 14 mai, 906 enfants devraient reprendre le chemin de l’école à Vénissieux. Ils seront accueillis à 8h30 par les directrices et directeurs d’écoles et les enseignants. Une rentrée pas comme les autres, préparée lors d’une pré-rentrée qui s’est étalée sur deux jours pour les enseignants et sur une semaine pour les agents de la Ville.
Dans la salle des profs des groupes scolaires Ernest-Renan, Gabriel-Péri et Jean-Moulin, l’ambiance est déjà studieuse. On parle gestes barrières, conditions sanitaires, pédagogie, jeux dans la cour… On évoque bien entendu la poursuite du travail à distance, qui reste indispensable pour une majorité d’élèves. Plus de 900 élèves de grande section de maternelle, CP et CM2, retourneront en classe jeudi 14 mai. Pour les autres élèves de ces classes, leurs familles ont choisi de poursuivre le travail à la maison.
« Tout ça pour ça ». Le directeur du groupe scolaire Ernest-Renan, syndiqué au Snu-IPP, ne mâche pas ses mots. « Dans mon établissement, 17 enfants feront leur rentrée le 14 mai, sur 230 élèves en temps habituel : 4 en grande section de maternelle, 6 en CP et 7 en CM2, explique Bernard Bagaggia. S’ajoutent deux enfants de soignants qui d’habitude ne sont pas scolarisés ici. Le 25 mai, nous devrions accueillir une trentaine d’élèves de plus, en CE1. Pour les CE2 et les CM1, dont la rentrée est prévue le 4 juin, je n’ai pas encore beaucoup de retour ».
Trois enseignants et le directeur seront sur place ce jeudi, tandis que les 15 autres instituteurs poursuivront le travail à distance. Ici, les mêmes enfants viendront toute la semaine. « Ils ne sont pas assez nombreux pour que nous mettions en place des groupes sur deux jours ». Un effectif réduit qui facilitera les mesures de distanciation sanitaire. La cantine sera ouverte pour 10 élèves, et trois enfants seront accueillis au périscolaire du soir.
Le groupe scolaire Gabriel-Péri accueillera au total une soixantaine d’enfants sur la semaine, contre 472 en temps normal. « Soit une trentaine par jour, calcule le directeur Marc Laurent. Nous avons fait deux groupes, la moitié des enfants viendra le lundi et le mardi, l’autre moitié le jeudi et le vendredi ». Moins d’une dizaine ira à la cantine en primaire, et moins de 5 en maternelle. Quant aux activités périscolaires, les enfants devraient se compter sur les doigts d’une seule main. « Nous sommes en train de contacter les parents d’élèves de CE1, CE2 et CM1 pour les rentrées du 25 mai et du 4 juin ».
Des effectifs très réduits
Un peu plus loin, à Jean-Moulin, l’ensemble des enseignants du groupe scolaire s’est retrouvé pour la pré-rentrée. Tout comme comme leur directeur Christophe Tsalichis, ils ont gardé un lien physique avec l’école. « Pour récupérer les devoirs à faire pendant le confinement, nous avions mis en place un système de répartition par tour. Un parent venait à l’école récupérer les devoirs de l’ensemble des gamins de son immeuble. Il se chargeait également de ramasser les copies et de nous les rapporter. Ce qui nous a permis de suivre de prés nos 250 élèves d’élémentaire et de garder le contact avec nos 172 élèves de maternelle ».
« Jeudi nous accueillerons 9 élèves de CM2 sur 44, 8 de CP sur 50 et 5 grande section, auxquels il faut ajouter deux élèves de personnel soignant et deux enfants d’enseignants, poursuit le directeur. Quatre ou cinq petits déjeuneront à la cantine et moins de 5 iront au périscolaire. Quatre enseignants et moi-même seront présents ». À Jean-Moulin aussi, les enfants seront accueillis tous les jours, compte-tenu du faible nombre d’élèves.
Que feront les enfants ?
Concernant les activités, les enseignants de Jean-Moulin travaillent beaucoup avec l’Usep (Union sportive de l’enseignement du premier degré), qui propose toute une série de jeux compatibles avec le respect des gestes barrières. Rassurés par une organisation « au cordeau », et malgré les nombreuses contraintes peu compatibles avec ce que l’on attend de l’école, les enseignants vénissians semblent aborder cette rentrée inédite avec sérénité.
Persiste, malgré tout, une certaine inquiétude, à Jean Moulin par exemple, où un nombre important d’élèves n’ont pas gardé le contact avec l’école pendant le confinement. « Nous devons convaincre les parents de remettre leurs enfants à l’école. Si on ne veut pas accentuer les inégalités sociales et scolaires, il faut qu’ils reviennent en classe. Six mois sans école, ça serait dramatique pour certains ».
Une rentrée inédite, un travail en partenariat
Ces deux jours de pré-rentrée ont été précédés d’une grosse semaine de nettoyage complet des écoles par les agents municipaux, avec des protocoles plus poussés dans les écoles ayant accueilli des enfants pendant le confinement. Pour faire respecter les distances règlementaires dans les classes, il a aussi fallu pousser les meubles, suivre des consignes envoyées au dernier moment par les services de l’État, et, pour les agents, accepter de modifier des missions et des affectations… Véronique Callut, adjointe au maire en charge des affaires scolaires, rappelle que depuis plusieurs semaines un travail important a été mené avec l’inspection de l’Éducation nationale, les Atsem, les agents des écoles, les différents services municipaux, les animateurs du temps périscolaire… « À ce jour [mardi 12 mai], 906 élèves sont inscrits pour rentrer jeudi, précise l’élue. Sur ce nombre, 422 déjeuneront à la cantine et 143 seront accueillis le soir sur le temps périscolaire ». La rentrée des petites et moyennes sections de maternelle n’a pas encore été fixée.
DANS LES ÉCOLES, OÙ SONT LES MASQUES POUR ADULTES ?
Le ministère de l’Éducation nationale a envoyé dans les écoles des masques « pédiatriques » pour les élèves. Alors qu’ils ne sont pas obligatoires en élémentaire et même proscrits en maternelle. En revanche, très peu voire pas du tout de masques chirurgicaux pour adultes. Les syndicats enseignants sont en colère : « la semaine dernière, nous avons reçu une dizaine de boites de masques pédiatriques et une seule boite pour les professeurs, s’insurge Bernard Bagaggia (Snu-IPP). Nous espérons une livraison urgente. On nous avait également promis des thermomètres de prise de température à distance, que nous attendons encore. Il manque également du gel hydro-alcoolique, des lingettes désinfectantes, à deux jours de la rentrée. L’éducation nationale doit prendre ses responsabilités ». De son côté, Samuel Delor, secrétaire général de la CGT Éduc’action du Rhône et professeur dans un lycée vénissian, estime que dans près de 40 écoles du Rhône, les masques promis par l’Éducation nationale n’ont pas été livrés. « C’est de la responsabilité de l’administration de protéger ses personnels, de leur garantir les précautions sanitaires pour reprendre le travail. » Le rectorat reconnaît une « erreur d’aiguillage » et s’emploie à « redéployer les colis là où les manques ont été signalés, comme à Vénissieux ».
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