Malgré l’arrêt brutal de la saison en raison du Covid-19, dirigeants et licenciés du Vénissieux Football Club ne sont pas restés inactifs. Réflexions de Jean-Pierre Chaix et Mehdi Gana, président et trésorier du club.
Comment avez-vous vécu personnellement ce confinement ?
– J.P-C. : Comme la plupart d’entre nous, sagement à la maison. Ma compagne ayant contracté le virus, très tôt, je suis resté confiné chez moi, même si je n’ai pas pu me faire tester. Là, on ne pense plus au sport, au foot, la situation dépasse l’aspect sportif.
– M.G. : En essayant de rester actif malgré tout. Même à l’arrêt, un club de plus de 1 000 licenciés, et une centaine d’éducateurs nous oblige à être sur le pont, d’anticiper, de faire un état des lieux, de ne pas se mettre en mode veille…
Et les retombées – pas seulement sportives – sur le club ?
– J.P-C. : On ne maîtrise pas tout. On aura par exemple à des licences impayées, mais cela ne nous perturbe pas de manière obsessionnelle. Nos cinq salariés ont été mis en chômage partiel. On a pu défrayer certains jeunes éducateurs, un petit coup de pouce. En début de crise sanitaire, nos joueurs ont suivi une préparation physique individuelle, chacun s’entretenait chez lui, en suivant un programme précis. Depuis l’arrêt des championnats, on est passé à autre chose, on prépare la prochaine saison, avec tout ce que cela va entraîner : départs, arrivées…
– M.G. : Au club, on est un peu « vacciné » face à ces problèmes économiques. De tout temps, il y a eu des gens qui avaient du mal à payer leur licences, et on a toujours su trouver des solutions internes, par le biais de donateurs. C’est certain, il y aura des pertes financières, car toutes nos recettes tirées de nos animations vont nous faire défaut.
Mais cette année, l’apport de nouveaux sponsors vous permettra de faire face à ces pertes…
– M.G. : Loin de là. On n’en a pas tant que cela, et ils ne nous donnent pas grand chose sur le plan financier, ce sont plutôt des aides indirectes. Notre principal partenaire est bien évidemment la mairie avec sa subvention (quelque 140 000 euros).
– J.P-C. : Il est clair qu’on va avoir une ou deux saisons difficiles à passer, avec baisse du budget (entre 500 000 et 600 000 euros), même si on va avoir des emplois aidés par l’État. On va s’adapter, et ça on sait faire. Il sera demandé à tout un chacun de faire des efforts, car ne nous leurrons pas, les sponsors aussi vont se serrer la ceinture…
– M.G. : Et sur ce plan, Vénissieux FC sera moins touché que pas mal d’autres clubs qui pouvaient compter sur un certain nombre de partenaires privés. Certains ne misaient que sur leur équipe fanion, en choisissant de mettre pas mal d’argent sur « l’inévitable accession à tout prix ». Sur le plan sportif, cette crise va peut-être ramener le foot amateur sur le terrain de la réalité, le conduire à arrêter de vouloir copier le monde pro. On le sait pertinemment, le monde amateur est composé de deux blocs, ceux qui se sentent presque pros, et les autres. De notre côté, on va orienter davantage notre politique sportive sur la formation et l’éducation des jeunes. On compte 66 équipes et pas seulement une équipe senior de niveau régional.
Vous mettez l’accent sur la particularité du Vénissieux FC ?
– M.G. : Vous le savez, le VFC a de tout temps eu un rôle social essentiel, comme d’autres clubs qui nous ressemblent, comme pas mal de clubs de campagne. Il faudrait que ces clubs bénéficient prioritairement d’aides de la fédération, de la ligue, ce ne serait que justice car ils ont de vrais projets sociaux tournés sur l’ensemble de leurs effectifs. Les collectivités n’ont pas à supporter les choix élitistes de certains.
Le rôle social du VFC, ce sont par exemple des actions ciblées, en dehors des terrains, qui ont vu le jour durant cette crise ?
– M.G. : Avec un volet éducation qui nous tient à cœur. On a vu que certains licenciés n’étaient pas en mesure de pouvoir poursuivre leur année scolaire à la maison par manque de moyens, comme l’absence de matériel informatique. On a sollicité un peu tout le monde, mis en place une cagnotte qui nous a permis de récolter un millier d’euros. On a acheté 15 tablettes informatiques, et la Fondation Orange en a offert 20. Je n’oublie pas la pharmacie de la Rotonde qui nous a transmis 3 ordinateurs, la distribution de tout ce matériel s’est concentrée sur ceux qui étaient vraiment dans l’urgence.
Il y a eu également une action solidaire née d’une initiative des joueurs de l’équipe senior…
– M.G. : En effet, ils se sont mis en relation avec un professionnel de la vente de produits alimentaires qui travaille au club. Celui-ci a fourni des quantités importantes de fruits, légumes, produits divers… Et les vendredis, à partir de 17h30, au 63, avenue des Martyrs-de-la-Résistance, des colis de première nécessité sont offerts aux plus démunis, une centaine en moyenne.
Une bonne nouvelle côté sportif, l’équipe fanion pourrait accéder à la Régionale 1, l’un des objectifs du VFC ?
– M.G. : Effectivement, grâce à la création d’une poule supplémentaire en Régionale 1. Arrivés premiers ex aequo en Régionale 2, on fait partie des clubs prioritaires pour y accéder. Réponse début juin.