C’est en pleine période de confinement que Yaya Soumaré (20 ans en juin) a apposé, le 16 avril dernier, sa griffe au bas d’un document qu’il attendait depuis quelques mois : un contrat professionnel de trois ans avec l’Olympique lyonnais.
La signature a eu lieu, non pas dans les bureaux du Groupama Stadium comme le prévoit le rituel en temps normal, mais au domicile de Yaya, aux Minguettes, à la Rotonde.
Á l’OL depuis 2015, le milieu offensif au gabarit discret (plus proche de Jean Tigana que de Bafé Gomis) a progressé de manière régulière, s’imposant depuis deux ans comme titulaire en équipe réserve de National 2, en Youth League (coupe d’Europe des moins de 21 ans) et en intégrant l’équipe de France des U18.
Á Vénissieux, un sentiment de fierté accompagne le discours de ses entraîneurs. À commencer par Fayçal Tellis, qui a suivi cet espoir du foot à l’AS Minguettes. “J’ai eu la chance de l’avoir de 6 à 12 ans, et bien évidemment Yaya avait déjà des qualités qui n’échappaient à personne, notamment la vitesse et la maîtrise technique. Son gabarit fin, presque fluet ne le desservait pas, au contraire. Pour l’anecdote, en foot à 7, on a eu la chance de faire jouer un peu tout le monde à tous les postes, et Yaya a même gardé les cages. Joueur polyvalent, il était à l’aise défensivement et offensivement. Élément non négligeable, il a toujours eu un comportement exemplaire. Fort de ce premier contrat pro, il va falloir qu’il confirme, mais on peut lui faire confiance, il vit encore avec sa famille à Vénissieux, c’est un signe.”
Dernier entraîneur à l’avoir dirigé à l’AS Minguettes, Samir Mertani est tout aussi élogieux. “Yaya mérite ce qui lui arrive. Quand il était chez nous, il avait intégré le Pôle de foot espoir de Dijon. La semaine il s’y entraînait , et le week-end il revenait à Vénissieux pour retrouver sa famille et jouer avec l’ASM. En U15, il a endossé le rôle de capitaine, meneur de jeu, il était rigoureux et discipliné. Et ses qualités de détente pure et de vitesse ont sauté aux yeux de tous. Il savait être décisif, comme lors de ce match important joué à Valence. Parti de son camp, il a passé en revue ses adversaires pour nous offrir le but victorieux, sous les yeux de Stéphane Roche et Julien Sokol, boss du centre de formation et recruteur pour le centre de formation de l’OL.”
“D’abord jouer quelques matches en pro”
Pourtant, l’OL a attendu pour jeter son dévolu sur Yaya. Il faudra attendre une saison et la confirmation des qualités du jeune homme pour que les contacts s’établissent véritablement. “Il faut dire que des clubs étrangers comme Arsenal, Leipzig et surtout le Bayern de Munich pointaient le bout de leur nez, en janvier dernier, complète Mehdi Gana, dirigeant de Vénissieux FC, qui s’est occupé de lui. Troyes lui a même fait faire un essai, non concluant. Et c’est sa performance face au PSG, match entre pôles, qui a incité des tas de recruteurs à s’informer sur lui. L’OL n’a plus hésité à faire signer le Vénissian. Logique que la priorité soit accordée à Lyon, nous sommes club partenaire.”
Qu’en pense l’intéressé ? “C’est la concrétisation de plusieurs années de travail, a-t-il expliqué il y a quelques jours, alors qu’il finissait son footing d’entretien près de la Rotonde, confinement oblige. Mais le plus dur reste à venir. Mes objectifs sont de progresser à l’entraînement avec le groupe professionnel et de jouer quelques matches. À moyen terme, c’est de m’imposer en équipe fanion, et pourquoi pas jouer au Groupama Stadium.” Quand on lui rappelle son parcours, le jeune homme savoure discrètement. “J’ai tout fait pour en arriver là, quitte à délaisser mon cursus scolaire, j’ai arrêté en 1re. Le foot, c’est ma passion.”