Coordonnée par le centre associatif Boris-Vian (CABV), l’opération « Solidaires même confiné-es » est menée sur le terrain par plusieurs associations, dont Aide et Partage. Sa présidente, Sihem Benaceur, a bien voulu répondre à quelques questions. Et demande des aides supplémentaires, dons ou partenariats, pour mener à bien son difficile travail de terrain.
« Solidaires même confiné-es » a démarré hier. Pouvez-vous nous en parler ?
Sihem : Elle est menée par plusieurs partenaires : la Ville de Vénissieux, le CABV, YMMNE et Aide et Partage. Les Colibris solidaires, qui sont aussi dans le projet, ont mené une action de leur côté.
Qu’avez-vous distribué hier ?
Nous avons reçu un très gros don alimentaire d’Ikea. Nous avons aussi fait des courses au petit Casino du centre.
Qui ont été les bénéficiaires ?
Une partie du foyer des Cèdres et des familles de Vénissieux. Déjà, un certain nombre d’entre elles sont inscrites chez nous tout au long de l’année. Aide et Partage fait cela depuis onze ans, avec le soutien de la Banque alimentaire, qui est notre principal donateur. Nous n’avons pas attendu la crise du Covid-19 pour distribuer des colis. C’est vrai que, suite au confinement, plus de personnes encore sont en très grosses difficultés. Nous avons des retraités, des personnes en chômage technique, d’autres qui nous sont adressées par les services sociaux. Ce qui fait beaucoup plus de monde qu’on pensait au départ. Et on ne peut malheureusement pas honorer tout le monde, cela représenterait plus de 300 colis par semaine.
Combien de familles cela représente-t-il ?
Nous en avons une trentaine en provenance du foyer. En tout, cela doit faire 50 familles. Et, je le répète, nous avons vraiment eu de la chance d’avoir ce don alimentaire de la part d’Ikea.
À quel rythme vont se dérouler les distributions ?
Une a été faite hier, une autre sera faite jeudi. Et ce sera pareil les semaines qui suivent. En fonction de notre budget, bien sûr. Les paniers sont déposés à Boris-Vian et les gens viennent les chercher.
Qu’y a-t-il dans les paniers que vous distribuez ?
Ils sont uniquement alimentaires. Même s’il le faudrait, nous n’avons hélas pas les moyens de distribuer du non-alimentaire. Si nous pouvions avoir des dons de la part de magasins, ce serait génial. Nous appelons des partenariats pour nous aider. Nous allons avoir besoin de produits non-alimentaires pour tout ce qui concerne l’hygiène, par exemple, mais on ne peut pas tout acheter. Pour l’instant, on a mis dans les paniers des pâtes, du riz, des yaourts, du chocolat, des légumes, du lait, des céréales pour le petit-déjeuner, du cacao, etc. Le but d’Aide et Partage est de servir dignement les familles. C’est pourquoi nous nous efforçons de mettre un peu de diversité dans ces paniers.
Comment avez-vous trouvé les bénévoles ?
L’association YMMNE gère les inscriptions. Comme pour Aide et Partage, elle est composée uniquement par des femmes. Nous avons pris nos différents listings. À cela, s’est rajouté le bouche-à-oreille. Et les services sociaux, au courant de notre action, se sont aussi mobilisés. Nous allons essayer de faire tourner les bénévoles, pour que ce ne soit pas toujours les mêmes qui soient sur le terrain. Le soutien logistique du CABV nous a beaucoup aidés. Beaucoup de bénévoles s’étaient inscrits auprès du CABV. Ils viennent un peu de partout, de Vénissieux mais aussi d’ailleurs.
Qu’en est-il des règles d’hygiène imposées par l’épidémie ? Avez-vous pu fournir en masques et gants les bénévoles ?
Les bénéficiaires ont tous un masque ou une écharpe. Avant la distribution, nous avons placé au sol des marques d’un peu plus d’un mètre pour garder les distances réglementaires. Le CABV a pu nous procurer des gants, du gel hydro-alcoolique et des masques.
Le président Macron a évoqué, lors de son intervention de lundi dernier, une aide supplémentaire en faveur des démunis. Avez-vous des informations à ce sujet ?
Non, je ne suis pas au courant de ce que l’État veut faire. Mais faut-il attendre d’être dans une telle situation de crise pour s’occuper enfin des démunis ? Nous faisons cela toute l’année, sans avoir beaucoup d’argent. L’État ne comprend pas ce qui se passe sur le terrain. Nous déplorons un manque de subventions pour les petites associations. J’ai dû mettre 600 euros de mon argent personnel pour avoir plus de fonds et faire tourner Aide et Partage. Je n’ai pas un gros salaire, je suis aide-soignante dans une maison de retraite. Si des associations comme les nôtres perdurent, c’est qu’il y a de la demande. Et cela, l’État n’arrive pas à le comprendre. Mais c’est trop compliqué pour obtenir de l’argent, il faudrait que les démarches soient plus faciles. Nous avons distribué 50 colis mardi. On va en faire encore une cinquantaine jeudi. Il faut de l’argent pour tout ça et l’État en a. Nous, nous n’avons rien eu. Aide et Partage n’a aucune aide de l’État. Lequel fait juste des annonces pour calmer la population. Si nous n’avions pas le soutien du CABV, nous serions perdus. C’est une chance d’avoir à nos côtés des organismes tels qu’eux. Je le redis : ce que nous faisons aujourd’hui en pleine crise, nous le faisons toute l’année depuis 11 ans. Nous sommes tous dans le même bateau. La maladie touche tout le monde, riches et pauvres, quelles que soient les ethnies et les religions. Un être humain est un être humain et un ventre est un ventre. J’espère que l’on ressortira plus forts de cette épreuve et que les mentalités changeront.
Pour participer à « Solidaires même confiné-es », vous pouvez contacter le CABV : 06 31 92 96 59 – contactsolidaire@cabv.com
Duclos
20 avril 2020 à 15 h 12 min
Je félicite cette belle initiative surfaite à mon goût
En effet la misère n’a pas de barrière
Néanmoins je trouve extrêmement déplacé les photos publiées avec des affiches préalablement éditées et fournies aux bénéficiaires ….
L associatif n’a plus de respect de la dignité humaine ?
Prendre le soin d imprimer des documents pour que chacun soit identifié dans sa bonne action évince l action elle même
Allez à l essentiel sera plus louable ????