Habitué du commerce de détail alimentaire sur les marchés et fournisseur de restaurateurs, Redouane, gérant de Vénifruit, s’est lancé dans la livraison à domicile. Une centaine de clients font déjà appel à ses services.
Vous êtes primeur depuis deux ans et demi, comment avez-vous vécu ce début de crise sanitaire, en particulier l’arrêt des marchés alimentaires ?
Bien évidemment, on a tous été un peu pris de court. On avait suffisamment de stocks durant la première quinzaine de mars, les marchés alimentaires étaient encore fonctionnels. Après la décision de leur fermeture, il a fallu se retourner, très vite. Moi et trois collègues, nous avons décidé de mettre en place un système de livraison de produits alimentaires sur le Grand Lyon.
Vous mettre en chômage partiel était pourtant encore possible ?
On s’est renseigné sur la question. Comme j’avais bien bossé les quinze premiers jours de mars, je ne pouvais ni bénéficier du dispositif mis en place par l’État (les 1 500 euros), ni celui lancé par la Région (1 000 euros dans le cadre du fonds d’urgence pour les très petites entreprises).
Comment avez-vous pu lancer cette nouvelle activité en si peu de temps ?
À l’automne dernier, afin de développer ma simple activité de primeur, j’avais projeté de créer un service analogue de vente directe. Aller chercher le client plutôt que de l’attendre me paraissait intéressant, et prometteur. J’ai donc accéléré le mouvement, créé un partenariat avec un développeur informatique qui bosse en télétravail, un transporteur et deux préparateurs de commande.
Comment fonctionnez-vous ?
On effectue des livraisons qui sont gratuites sur Lyon et alentours — 30 km autour de Vénissieux — mais il faut un minimum de 30 euros d’achat. On répond également aux commandes groupées, mais à une seule adresse. Nos livraisons sont en conformité avec les règles sanitaires, des livraisons sans contact, uniquement pour des paiements prépayés en CB. Il arrive qu’on nous paie en chèque.
Comment faites-vous pour promouvoir votre activité ?
J’ai démarré par mon carnet d’adresses de primeur, une trentaine de personnes à qui j’ai envoyé des SMS. Les réseaux sociaux et le bouche-à-oreille ont fait le reste. Je dois avoir une centaine de personnes qui font appel à nous, certaines deux à trois fois par semaine. Comme cette dame âgée qui fait des commandes groupées pour d’autres amies qui ne se déplacent guère. Pour la petite histoire, j’ai une retraitée qui habite sur la Côte d’Azur et qui m’a demandé d’aller livrer, par deux fois, des amis sur Lyon 8e. En plus, ce nouveau service que nous avons mis en place donne la priorité au personnel soignant, aux personnes en difficulté ou aux handicapés. À eux de nous le faire savoir quand ils prennent commande.
Une centaine de personnes à livrer deux à trois fois par semaine sur toute l’agglo, ce doit être une sacrée organisation au niveau logistique…
On fait jouer les priorités, on rallonge les délais en cette période de confinement, on s’autorise un délai de livraison de 24 heures à 72 heures, selon les secteurs. Rachid, un de mes partenaires, calcule le meilleur trajet possible.
Quels sont vos fournisseurs ?
À l’heure actuelle, le marché de gros de Corbas, c’est la solution la plus fonctionnelle. On va chercher les produits deux à trois par semaine. On a été obligé de louer une chambre froide pour assurer les livraisons sur deux ou trois jours.
Quels produits proposez-vous ?
On essaie de s’en tenir aux produits de saisons. La semaine prochaine, il va falloir rendre visite à nos producteurs de Valence, Pont d’Isère ou Aix. On va entrer dans la période des melons, des cerises… Je suis inquiet pour les agriculteurs et maraîchers, on n’en parle pas assez. La plupart de nos producteurs commencent à être âgés, fonctionnent avec des équipes réduites. Ils vendent en petite quantité pour survivre.
Êtes-vous compétitifs ?
Nous, on joue pleinement la qualité. Globalement, sur la plupart de nos produits, on est largement compétitifs face aux grandes surfaces.
Ce service de livraison continuera-t-il après la crise ?
J’y pense. La priorité sera de reprendre mon activité traditionnelle de primeur, mais pourquoi pas développer ce service de livraison ? J’ai déjà la certitude d’avoir un noyau de clients. On va bien étudier la question car il nous faudra trouver un local et une chambre froide. En tout cas ce serait une manière d’évoluer dans mon métier.
www.venifruit.fr
Rue Auguste-Isaac, Vénissieux
contact@venifruit.fr
Pierre
16 avril 2020 à 7 h 29 min
Bravo parfait exemple d’adaptation.
Hafid
15 avril 2020 à 15 h 51 min
Bravo que dieu continue à fructifier ton affaire inchahllah ????
Camélia
15 avril 2020 à 1 h 59 min
Bravo belle initiative je vous souhaite bonne prospérité et votre affaire prenne le bon chemin.