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Meriem, infirmière : « Je suis révoltée. S’il faut ressortir dans les rues, on le fera »

Jeune maman de 26 ans, Meriem (prénom d’emprunt) est infirmière dans un centre de dialyse à Lyon. Si elle est aujourd’hui concentrée sur l’urgence, la Vénissiane se projette déjà sur l’après-crise : « Il va falloir que ça change ».

Jeune maman de 26 ans, Meriem (prénom d’emprunt) est infirmière dans un centre de dialyse à Lyon. Si elle est aujourd’hui concentrée sur l’urgence, la Vénissiane se projette déjà sur l’après-crise : « Il va falloir que ça change ».

Photo d’illustration – Pixabay.com

Racontez-nous d’abord votre quotidien d’infirmière pendant cette crise sanitaire ?
Contrairement à beaucoup de mes collègues et amies, je ne suis pas dans un service Covid, je n’ai donc pas de contact direct avec la maladie. Mais dans le centre de dialyse où je travaille, dans le 8e arrondissement, tout a changé avec l’épidémie. On fait beaucoup plus attention, tous les patients ont des masques. Les moments de collation ont été supprimés pour limiter les contacts. On prend le maximum de précautions. Et malgré cela, on sent que les patients sont très angoissés. Ce sont des personnes fragiles avec des pathologies associées, elles sont conscientes de courir plus de risques que les autres. Certains m’ont confié leur peur de ne pas être prioritaires dans les services de réanimation s’ils étaient mis en « concurrence » avec des personnes en meilleure santé.

Et vous, est-ce que vous ressentez de la peur ?
Très sincèrement, oui. J’ai peur de ramener la maladie à la maison, peur pour mon fils de 8 mois, et peur pour mon mari qui reste avec lui la journée. Sur mon lieu de travail, les risques sont certes limités, mais ils existent. Sur la centaine de patients que nous suivons, on a déjà recensé trois cas de Covid, et une dame est décédée samedi dernier. La veille, je m’étais occupée d’elle, et elle allait bien. Ce virus me fait vraiment peur. J’ai arrêté de prendre les transports en commun pour aller au boulot, à la maison nous respectons le confinement à la lettre. On essaie de mettre toutes les chances de notre côté.

Beaucoup de soignants se disent choqués par la légèreté dont font preuve certaines personnes vis-à-vis des règles de confinement. Vous partagez cette indignation ?
Le virus, on ne parle que de ça 24h/24, tout est mis en œuvre pour informer la population. En face de chez moi, à l’arrêt de tram Vénissy, il y a même des annonces vocales, mais non… Il y a toujours des malins pour aller se balader. J’avoue que je ne comprends pas. Ok, il fait beau, et c’est parfois dur en appartement, mais ça n’excuse pas de sortir quatre fois par jour pour aller faire ses courses. Ce n’est pas raisonnable. On doit rester au maximum confinés. Y’a pas le choix ! Même quand on est jeune car tout le monde est exposé. Aux Minguettes, je trouve que les premiers jours de confinement ont été plutôt bien respectés dans l’ensemble, mais maintenant, il y a un relâchement. Cela m’énerve au plus haut point.

Cette crise a jeté une lumière crue sur le manque de moyens de l’hôpital en France. Quel regard la jeune infirmière que vous êtes porte sur cette question ?
Sur ce point, c’est plus que de la colère que je ressens. Je suis révoltée, on ne se laissera pas faire. Quand cette crise sera terminée, il va falloir que ça change. Même si je n’ai que trois ans d’ancienneté dans le métier, j’ai pu constater les carences du système de santé. Avant ce poste, j’étais en hôpital public. J’ai fais toutes les manifs de ces derniers mois pour exiger davantage de moyens. Maintenant, l’Etat doit agir. Il faut arrêter de regarder le côté financier de l’hôpital, il faut regarder l’aspect humain. Macron a fait des promesses à Mulhouse, moi j’attends de voir. S’il faut ressortir dans les rues pour se faire entendre, on le fera, la tête haute. Et on rappellera au gouvernement combien il avait besoin de nous pendant la crise.

 

 

 

 

 

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