Athlète licenciée à l’AFA Feyzin/Vénissieux, coach sportive d’athlétisme, Nina Bécanne, presque septuagénaire, a été touchée par le coronavirus. Hospitalisée le dimanche 22 mars, elle en est sortie neuf jours plus tard, toujours battante mais marquée par cette expérience. Témoignage.
Après avoir été testée positive au coronavirus, le 22 mars, vous êtes revenue chez vous, à Sérézin, après dix jours d’hospitalisation. C’est fréquent, de rester aussi peu de temps en observation ?
Non, en effet. Le 29 mars, les médecins m’ont dit que je pouvais rentrer chez moi, dès le lendemain… Cette guérison peut s’expliquer, je le pense, par mon hygiène de vie, mon statut de sportive régulière et de longue durée, et surtout par le travail du corps médical.
À quel moment est-ce que vous vous êtes dit que vous aviez sans doute contracté le coronavirus ?
Cela s’est fait par étapes. Après la mi-mars, en revenant d’une course, près de chez moi, j’ai ressenti quelques courbatures, rien de plus. Ça arrive à tout le monde. Et puis, sincèrement, je me m’écoute pas. Le lendemain, j’avais un peu de fièvre, par sécurité j’ai téléphoné à mon médecin généraliste qui a accepté de réaliser un petit bilan. Tout allait bien. Ensuite, routine classique. On m’a indiqué que l’école dans laquelle je donnais un coup de main, fermait. Donc repos. Chez moi, je préparais mes cartons pour un prochain déménagement, puis j’ai accepté une petite sortie pour marcher autour de la maison avec une copine. Le samedi 21 mars, j’ai ressenti de nouveau de fortes courbatures que j’ai traitées avec de l’Efferalgan. Par téléphone, mon toubib m’a conseillé de boire énormément et de le rappeler, si cela perdurait. Dans la nuit, je suis montée jusqu’à 40°. À 7 heures du matin le dimanche 22 mars, j’étais une bouillotte ambulante. J’ai fait le 15, le SAMU est venu me chercher, il n’a pas mis une demi-heure…
On vous a dirigée sur quel hôpital ?
Directement à Jules-Courmont, avec examens, scanner… Mais visiblement, l’hôpital ne disposait pas de moyens nécessaires pour en savoir plus. On m’a transférée à l’hôpital de La Croix-Rousse, pour être prise en charge par un cardiologue qui a confirmé que j’avais le coronavirus, ajoutant que ça avait affaibli mon cœur, moi qui suis une athlète de demi-fond. J’ai été placée en réanimation, ce qui veut dire que c’était grave puisque mise sous respiration artificielle. Je vous l’avoue, j’avais très peur, même si je ne réalisais pas trop. On m’a mise en chambre isolée comme pour toute maladie infectieuse.
Vous avez assez vite repris le dessus sur ce virus, « cette merde », un terme que vous employez pour le désigner…
J’ai repris progressivement, mais les premiers jours je ne mangeais pas beaucoup, j’avais du mal à avaler, j’ai perdu du poids… Je regardais la télé, et les nouvelles n’étaient guère réjouissantes. Je me suis rabattue sur les documentaires, histoire d’arrêter de stresser !
Comment s’est passé le suivi de votre maladie ?
Alors là, j’ai découvert le monde soignant. Incroyable de disponibilité, de gentillesse, de prévenance… Je n’étais jamais seule : toujours une infirmière, un médecin, du personnel de service aux petits soins pour moi, toujours avec un petit mot. Ils n’arrêtaient pas de travailler, je n’étais pas la seule dans mon cas. Ils avaient à peine le temps de s’asseoir pour boire un café. Respect total pour eux. Chapeau. Et quand je vois ou que je lis que certains imbéciles, des voisins, demandant aux soignants de déménager, de ne pas toucher les poignées des portes quand elles rentrent, je suis outrée, scandalisée. Ces « imbéciles », et je suis gentille, méritent le PV. Ou, mieux, d’attraper ce coronavirus.
Savez-vous où vous auriez pu contracter le Covid-19 ?
J’ai longuement réfléchi à ça. J’étais impliquée dans un bureau de vote à Sérezin, nous n’avions aucune protection. Ou alors plus tard, lors d’une réunion de travail ou durant mon rendez-vous chez mon généraliste… Je penche plutôt pour le dimanche d’élection.
Vous êtes chez vous depuis le 30 mars, comment vous sentez-vous ?
Dire que je vais bien, ce serait mentir. Je suis encore fatiguée, je suis sous traitement, je prends deux cachets matin et soir, mais je suis seule. Pas question de voir enfants et petits-enfants. Hors de question de prendre le risque de contaminer quelqu’un. Mon généraliste suit l’évolution de ma guérison par téléphone. Je ne pense pas être rétablie en deux ou trois semaines, ça va être plus long. Heureusement, les amis m’ont soutenue par le biais de Facebook, ceux de l’AFA, de l’Office municipal des sports, les potes d’un club d’athlétisme toulousain dont j’ai été l’une des forces vives, des enfants que je dirige…
Avoir été touchée par le Covid-19 va changer votre mode de vie ?
Bien évidemment. Sincèrement, je pense avoir frôlé la mort. Je vais arrêter de courir, mon cœur s’est affaibli, mais je vais continuer à entraîner mes 7-11 ans en athlétisme. Et poursuivre mon investissement dans les associations humanitaires et solidaires. Quand je serai retapée, j’irai retrouver le personnel de service et les soignants de l’hôpital de La Croix-Rousse, leur apporter des chocolats pour aller avec le café qui leur permet de tenir. Est-ce que j’aurai la force de créer une cagnotte pour ces gens exemplaires ? J’aimerais bien.
Abbé yvon Bakala
13 mai 2020 à 13 h 17 min
Nina, salut
bon courage et bon rétablissement.Après la guérison, ma vie a changé. J’ai maintenant un autre regard sur la vie. J’apprends maintenant à apprécier les petites choses de la vie. Voilà pourquoi j’ai crée une association ou les malades guéris devraient partager leur expérience.
Abbé Yvon Bakala
Khadraoui amira
15 avril 2020 à 15 h 14 min
Super Nina
On pense à toi ❤️
CATIL martine
2 avril 2020 à 13 h 32 min
Bon courage à vous et bon rétablissement