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Entreprises et covid-19 : production ou protection ?

Les appels au confinement pour limiter la contagion sont contredits par des appels à poursuivre l’activité, y compris dans des domaines non essentiels. Dans les secteurs « en première ligne », les salariés exigent d’être mieux protégés.

Les appels au confinement général pour limiter la contagion du covid-19 sont de plus en plus contredits par les appels du gouvernement et du Medef à poursuivre l’activité, y compris dans des domaines non essentiels. Dans les secteurs « en première ligne », les salariés demandent à être mieux protégés.

Sur les sites de production industrielle, les mesures de chômage partiel commencent à s’étendre, mais pas assez vite pour plusieurs syndicats, qui demandent une meilleure protection des salariés, tandis que le gouvernement et le Medef appellent à poursuivre l’activité, brouillant le message de la nécessité du confinement.

Du côté des entreprises qui ont pris des mesures de protection, Renault Trucks, le plus gros employeur privé de Vénissieux, est à l’arrêt depuis le 16 mars au soir. Ses unités de production sont fermées « jusqu’à nouvel ordre », tandis que qu’un protocole de travail à distance a été mis en place pour les services commerciaux ou de recherche et développement. Toutefois, « parce que le rôle des transporteurs est primordial pour approvisionner les établissements de santé et les commerces de première nécessité », le service de dépannage du constructeur continue de fonctionner.

« Nous avons décidé de sécuriser notre plus grande valeur ajoutée : nos salariés » déclare de son côté Boostheat. Le constructeur de chaudières, situé boulevard Joliot-Curie, a placé la majorité de ses salariés en chômage partiel et télétravail pour ses activités stratégiques et suspendu son activité d’installation. En revanche, avec 800 salariés à Vénissieux, le laboratoire Carso LSEHL poursuit ses prestations de contrôle de la qualité des eaux, sans exclure « une adaptation des effectifs si le volume de commandes décroît en dessous d’un certain seuil », explique un membre de la direction.

En revanche, le secteur du commerce en ligne et de la grande distribution fonctionne à plein régime. Pris d’assaut par des consommateurs craignant une pénurie de produits de première nécessité, les supermarchés « explosent leurs chiffres mais exposent leurs salariés », selon des syndicats. À Carrefour Vénissieux, la CGT dénonce les conditions de travail des employés en caisse ou dans les rayons, au contact d’un public nombreux et nerveux. Lors du CSE (ex-CE) du 17 mars, ses représentants ont dit comprendre « la nécessité de garder ouvert l’établissement pour permettre l’approvisionnement de la population », mais estiment que l’objectif du groupe reste « de faire du profit afin d’engraisser les actionnaires. Tout, dans le Plan de continuité d’activité qui nous est présenté, suinte la volonté de Carrefour de profiter de la crise pandémique pour remplir encore plus ses coffres-forts en faisant peu de cas de la santé des clients et des salariés ». Selon des sources internes au grand magasin, Carrefour aurait fait quotidiennement pendant dix jours les ventes réalisées d’habitude lors du rush de Noël. Sur la seule journée du lundi 16 mars, le chiffre d’affaire de l’enseigne vénissiane aurait bondi de 80%.

Mais beaucoup d’employés ne se sentent pas assez protégés, tant contre le virus que contre les comportements de clients angoissés et énervés. Des vitres en plexiglas ont été posées devant les caissières, mais le syndicat a exigé la mise à disposition de gants, de masques, de lingettes désinfectantes, la possibilité de pauses à la demande et une organisation différente des lignes de caisses (en ouvrir une sur deux) pour respecter les distances de sécurité. La CGT demande aussi des horaires de fermeture du magasin dans la journée sans clients pour le réassort des rayons.

Dans de nombreux autres secteurs d’activité « en première ligne », les salariés exposés à un public potentiellement contaminant demandent des mesures de protection ou invoquent le « droit de retrait ». Un dispositif qui permet de cesser son activité temporairement sans retenue de salaire. C’est le cas notamment du syndicat Alliance qui a invité les policiers à exercer ce droit afin d’obtenir des masques, mais aussi des syndicats bancaires estimant que les salariés en agence sont confrontés potentiellement à un risque grave et imminent pour leur santé. Face à cet afflux de demandes, Emmanuel Macron et le gouvernement exhortent les entreprises et les salariés à poursuivre leur activité.

« Beaucoup trop d’entreprises à l’heure actuelle refusent de suspendre leurs activités, alors que celles-ci ne sont pas indispensables à la vie de la nation, et continuent à faire travailler des salariés, sous-traitants, intérimaires, sans même respecter les précautions élémentaires », estime la CGT. Le 17 mars, les trois fédérations patronales du BTP (Capeb, FFB, FNTP) avaient elles aussi demandé instamment l’arrêt officiel des chantiers pendant le confinement, le temps de « s’organiser »« Quand un syndicat patronal dit aux entreprises « Arrêtez d’aller bosser, arrêtez de faire vos chantiers », ça c’est du défaitisme », leur a répondu le 19 mars la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Bigre, « défaitisme » ? En temps de « nous sommes en guerre », quel peloton collera les maçons au mur ?

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