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Le « 100 % santé », comment ça se passe ?

Le « reste à charge zéro » sur certaines prothèses dentaires et lunettes est entré en vigueur début 2020. Comment se met en place le dispositif sur le terrain ? Reportage chez des professionnels vénissians. 

Le « reste à charge zéro » sur certaines prothèses dentaires et lunettes est entré en vigueur début 2020. Comment se met en place le dispositif sur le terrain ? Reportage chez des professionnels vénissians. 

Depuis le 1er janvier, la réforme du « 100 % santé » a passé une étape majeure avec un remboursement qui peut être intégral pour l’optique et certaines prothèses dentaires. Ce dispositif « reste à charge zéro » est ouvert à tous, sans condition de revenus. La seule obligation : être couvert par une mutuelle complémentaire dite « responsable », ce qui est le cas de 95 % de la population.

Si de nombreux opticiens en France ont exprimé des réticences après des ratés dans la mise en œuvre du dispositif, notamment de gros problèmes informatiques, Alexandre, responsable de la boutique Vény Optique aux Minguettes, se dit plutôt satisfait. « On joue le jeu. On propose des verres anti-reflets, anti-rayures, amincis, tout à fait adaptés à la pathologie de nos clients avec toutes les corrections. Nous proposons également une grande variété de montures « made in France ». Nous parlons systématiquement de ce nouveau dispositif à nos clients. Certains le connaissent déjà. »

Des limites dans l’optique

Pour Patrick, responsable de la boutique Vision Plus au centre-ville, le reste à charge zéro est une avancée, mais ne change pas fondamentalement la donne : « Cela fait plus de 40 ans que je fais ce métier. Nous pratiquions déjà des forfaits à prix peu élevés pour les personnes qui n’ont pas les moyens. Il nous arrivait aussi de faire des facilités de paiement. Le 100 % santé est intéressant parce qu’il donne de la souplesse dans l’offre : on peut mixer une monture qui n’est pas remboursée à 100 % avec des verres sans reste à charge, ou l’inverse. »

Le dispositif a néanmoins ses limites. Si le client opte pour une monture « hors panier », c’est-à-dire plus haut de gamme, le remboursement est limité à 100 euros, au lieu de l’ancien plafond de 150 euros. Et concernant les verres, l’offre est scindée en deux : d’une part des verres dits de « classe A », sans frais supplémentaires, avec un traitement anti-reflets basique ; d’autre part la « classe B », autrement dit le panier libre, qui donne accès à des technologies anti-lumière bleue ou anti-UV plus pointues, et plus onéreuses. Les opticiens conseillent donc à leurs patients de bien se renseigner auprès de leurs mutuelles.

Restrictions esthétiques chez le dentiste

Du côté des dentistes, le panier de l’offre 100 % santé couvre seulement certains modèles de prothèses – couronnes et bridges – selon la localisation de la dent soignée. Il s’agit de restriction d’ordre esthétique puisque les couronnes en céramique sont réservées aux dents visibles. Pour les dents non visibles, les patients doivent se contenter de prothèses en métal.

Enfin concernant les aides auditives, elles sont déjà un peu mieux remboursées depuis 2019, et leur remboursement total est prévu en 2021. À compter de cette date, les audioprothésistes, comme le font déjà leurs confrères dentistes et opticiens, seront tenus de proposer un devis où figure une offre permettant de bénéficier du remboursement intégral par l’assurance maladie et les mutuelles.


LE RENONCEMENT AUX SOINS, UNE RÉALITÉ

• Une personne sur six renonce à une prothèse dentaire en raison de son coût
• 35 % seulement des personnes souffrant de déficience auditive se font appareiller, le reste à charge moyen étant de 850 euros par oreille.
• Quant aux lunettes, 27 % des Français disent renoncer à pousser les portes de l’ophtalmologue.


L’UFC-QUE CHOISIR DÉNONCE LA HAUSSE DES CONTRATS DE MUTUELLE

Le gouvernement avait assuré que l’entrée en vigueur du « 100 % Santé » serait sans effet sur les tarifs des complémentaires. Une étude de l’UFC-Que Choisir prouve le contraire. Afin d’estimer l’inflation subie par les consommateurs en 2020, l’UFC-Que Choisir a lancé un appel à témoignages pour recueillir des avis d’échéance 2019 et 2020. Ce sont ainsi près de 500 contrats qui ont pu être étudiés, émanant de 86 organismes complémentaires différents. Cette base de données significative met en évidence que l’inflation médiane est de 5 % en 2020, bien au-delà des 3 % annoncés par certains professionnels, et davantage qu’en 2019 (+ 4 %). Parmi les grandes familles de complémentaires santé, ce sont les mutuelles qui sont le moins inflationnistes (+ 4,6 %), devant les sociétés d’assurance (+ 4,9 %), alors que les institutions de prévoyance augmentent en médiane de 9 %. Sur les contrats étudiés, pour les 20 % qui ont le plus augmenté, le surcoût était de plus de 150 euros par an pour les assurés.

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