Du 12 au 16 février, la 34e édition de la Fête du livre de Bron accueille pléthore d’auteurs à l’hippodrome de Parilly, sur le thème de la « Soif d’idéal ». Rencontre avec Yann Nicol, son directeur.
Le temps passe vite, doivent penser les organisateurs de la Fête du livre de Bron qui présentera cette année sa 34e édition. À l’hippodrome, dans des lieux dont les noms évoquent tout un univers — salles des parieurs, des balances — mais aussi dans plusieurs autres sites brondillants, comme la médiathèque Jean-Prévost, le cinéma Les Alizés, la Ferme du Vinatier, l’espace Albert-Camus ou l’université Lyon 2. S’y ajoutent cette année quatre librairies de Charlieu, Clermont-Ferrand, Aix-les-Bains et Romans-sur-Isère qui créeront des animations hors-les-murs.
Cela fait déjà de très nombreuses années que les auteurs prestigieux se pressent dans les salles de conférences de l’hippodrome ou signent des dédicaces aux tables de la librairie, où sont vendus leurs ouvrages. Longtemps portée par Colette Gruas et la romancière Brigitte Giraud — qui en est toujours la conseillère littéraire —, la Fête du livre est toujours organisée par l’association Lire à Bron — depuis 1987, sa première édition — et désormais dirigée par Yann Nicol.
Les lecteurs de Vénissieux aussi
La librairie est au cœur de la Fête du livre. C’est là que l’aficionado le plus enragé pourra se fournir en abondance et remplir ses étagères. Il trouvera non seulement les dernières parutions des auteurs présents mais quantité d’autres ouvrages tout aussi indispensables. Cet espace central associe onze librairies indépendantes de la métropole et même de plus loin.
Ne nous y trompons pas : la Fête du livre n’est pas qu’un lieu de dédicaces mais surtout un endroit de débats et d’échanges sur une thématique précise, cette année « Une soif d’idéal ». Elle est également l’occasion de rencontrer, ainsi que nous l’indique Yann Nicol, « les plus grands auteurs du moment ». Citons cette année Régis Jauffret (prix Goncourt de la nouvelle en 2018 avec Microfictions), Jean-Paul Dubois (prix Goncourt 2019 avec Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon), Jonathan Coe, Marie Desplechin, Serge Joncour, Kaouther Adimi…
Outre les rencontres avec les auteurs et la librairie, la Fête du livre propose également une programmation jeunesse, accueille pour la première fois un écrivain en résidence et remet sa récompense : le prix Summer, choisi par les lecteurs d’une quarantaine de médiathèques dont celle de Vénissieux.
Chaque année, quelque 30 000 visiteurs se ruent vers l’hippodrome et les autres lieux. En ferez-vous partie ?
PRATIQUE
Festival en entrée libre sauf les soirées des 13 et 14 février.
Horaire de l’hippodrome de Parilly : le vendredi 14 février de 12h30 à 21h30 ; les samedi 15 et dimanche 16 février : de 10 heures à 19h30.
Programme sur fetedulivredebron.com
QUESTIONS À YANN NICOL, DIRECTEUR DE LA FÊTE DU LIVRE DE BRON
Depuis combien de temps programmez-vous ce salon littéraire ?
Cela fait six ans que j’ai la direction globale du projet. Auparavant, j’en étais le directeur artistique chargé de la programmation. Quand Colette Gruas a pris sa retraite en 2014, je lui ai succédé à la direction.
Comment choisissez-vous le thème (cette année Une soif d’idéal) et les auteurs ?
Nous ne choisissons pas le thème à l’avance. Notre fonctionnement est de lire un maximum de livres, en particulier ceux de la rentrée d’automne, pour voir si quelque chose émerge. Cette année, plusieurs auteurs posaient la question de l’idéal et de l’utopie. Comment s’inscrire dans cette société marquée par le pragmatisme ? Il existe aussi un dessin intime de l’idéal : l’idéal amoureux ou l’idéal de vie. C’est un thème assez bien représenté.
Vu le renom de la Fête du livre, les grands écrivains viennent-ils de plus en plus facilement ?
Cette année, on peut citer Régis Jauffret, Jonathan Coe, Jean-Paul Dubois, Marie Desplechin, Serge Joncour mais aussi ceux dont on attend beaucoup comme Kaouther Adimi.
C’est vrai que nous sommes devenus un des grands rendez-vous littéraires au niveau national. La République des lettres, comme on disait jadis, est très intéressée de participer. Les auteurs peuvent non seulement parler de leur travail mais aussi rencontrer d’autres écrivains. Les lecteurs peuvent ici croiser les plus grands écrivains de notre temps, tels Jauffret, Coe, Dubois… Aussi de plus jeunes auteurs comme Kaouther Adimi, qui a déjà été repérée, et d’autres qui signent leurs premiers romans.
Parlez-nous de votre nouveauté, la résidence d’auteur…
Elle s’est enclenchée cette année avec Camille de Toledo. Pendant six mois, nous proposerons des rencontres avec cet écrivain transdisciplinaire, qui est essayiste, plasticien. Il réfléchit sur la question de l’anthropocène, sur la crise écologique et sur cette manière dont les écrivains, comme les journalistes, sont en quête de transparence et d’une forme de vérité.
Quels liens avez-vous avec la médiathèque Jean-Prévost ?
Elle collabore avec la Fête du livre pour la programmation jeunesse. Un espace lecture est géré par les médiathécaires de Bron, avec des temps de lecture et des conseils. Nous développons aussi des liens avec les autres structures de la ville : le cinéma Les Alizés, Pôle en scène… Cela permet des rencontres plus hybrides avec les autres arts.
Un mot sur le prix Summer…
C’est un prix des lecteurs construit il y a trois ans, qui associe les médiathèques de la métropole. Nous voulions inscrire les lecteurs dans ce grand prix. Nous sélectionnons cinq écrivains dont les livres paraissent à la rentrée et qui ne jouissent pas encore d’une grande notoriété. Chaque médiathèque constitue un groupe de lecteurs et les écrivains font ensuite deux rencontres avec les lecteurs. Ainsi, Vincent Message est-il venu à la médiathèque de Vénissieux le 23 janvier dernier. Les lecteurs se réunissent ensuite puis votent. Le 14 février en fin d’après-midi, la Fête du livre organise une grande table ronde avec les cinq écrivains et on déclare le lauréat. Nous avons près de 45 médiathèques partenaires, ce qui crée des passerelles. C’est une manière de placer la littérature au cœur de la cité. C’est aussi faire en sorte que des gens de nature diverse puissent se rencontrer. Créer du débat, de la pensée dans une société qui en a besoin.
Et pourquoi ce nom de Summer, alors que nous sommes plutôt au printemps qu’en été ?
La première année le prix n’avait pas de nom. La première lauréate a été Monica Sabolo pour son livre Summer. Nous avons décidé de garder ce titre. Cela crée un peu de lumière, de soleil. Après tout, la littérature est là pour éclairer.