À Sembat-Seguin et Jacques-Brel, les premières épreuves communes de contrôle continu (E3C) se sont déroulées sans souci la semaine dernière. Mais tant chez les élèves que les enseignants, le nouveau baccalauréat est contesté. Et les examens devraient être davantage perturbés cette semaine.
Adossée au mur de la cité scolaire Sembat-Seguin, Jasmine, 17 ans, élève de première générale, révise sa première épreuve de bac en histoire. Ses fiches en main elle avoue ressentir un certain stress. « Le contrôle continu nous permet de travailler un peu plus régulièrement, explique-t-elle. Mais c’est stressant. » Certains de ses amis ne sont pas favorables à ce nouveau bac. Un avis partagé par de nombreux enseignants. « On perd un peu de l’universalité de ce diplôme, déplore Jasmine. Avant, tout le monde avait les mêmes sujets, maintenant les enseignants choisissent dans une banque de données. De toute façon, on sait très bien que si on veut intégrer l’enseignement supérieur il faut avoir d’excellents bulletins. Ce sont eux qui comptent, pas forcément les notes du bac. »
Un peu plus loin, devant le lycée polyvalent Jacques-Brel, Sarah et Adam, élèves de première également, sont vent debout contre cette réforme. « Nous souhaiterions qu’elle soit retirée. Si ça ne tenait qu’à nous nous aurions organisé un blocus. Quand on voit qu’à Lyon certains élèves d’établissements très réputés (ndlr, le lycée du Parc par exemple) l’ont fait, cela montre clairement que cette réforme ne va pas dans le bon sens ! » Ce que redoutent Sarah et Adam ? « De tomber sur des sujets que nous n’avons pas encore travaillé. De plus, le fait que les enseignants soient opposés à la réforme ne nous rassure pas. »
« Des épreuves hybrides » selon la FCPE
Dans la salle des profs de Jacques-Brel, le 20 janvier, des enseignants syndiqués réunis en assemblée générale rappellent les raisons de leur opposition à ce nouveau bac. « La réforme a été mal préparée, dénoncent-ils. Les sujets que nous pouvons piocher dans une banque nationale de données ne correspondent pas dans la plupart des cas aux savoirs étudiés avec les élèves. » Les professeurs remettent en cause les bienfaits pédagogiques de la nouvelle formule. « Cela nous empêche de travailler le fond avec nos élèves et surtout d’appréhender leurs difficultés. »
Même si les premières épreuves se sont bien déroulées la semaine dernière, la situation pourrait être davantage perturbée cette semaine. Déjà, ce lundi 27 janvier, les enseignants ont organisé un piquet de grève le matin, puis refusé d’assurer la surveillance de quatre salles d’examen. Ils ont été remplacés par du personnel administratif. Mais ce jeudi 30 janvier, une nouvelle grève est prévue et la non-surveillance touchera huit salles d’examen. Les profs sont donc déterminés à se faire entendre, malgré les annonces dissuasives du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, qui a menacé de « poursuites » ceux qui choisiraient ces méthodes de contestation.
Aux côtés des enseignants, les parents d’élèves de la FCPE sont également mobilisés. « Les E3C sont des épreuves hybrides entre contrôle continu et examen, qui renforcent le stress des élèves comme le bachotage, et qui ne présentent pas de plus-value pédagogique », estiment leurs représentants nationaux.
La réforme du lycée est appliquée depuis septembre dernier ; Les différentes filières dans les voies générales ont disparu. Place à un socle commun et à des enseignements de spécialité censés permettre aux lycéens l’approfondissement de leur connaissance et la concrétisation de leur projet d’études supérieures. Le contrôle continu représente 40 % de la note finale : dont 30 % proviennent des épreuves communes (E3C) passées en classes de première et de terminale (les 10 % restants sont issus des bulletins scolaires). En revanche, comme dans l’ancien système, les élèves passent le bac de français à l’écrit et à l’oral en fin d’année de première. En classe de terminale, le lycéen présente quatre épreuves finales : deux épreuves écrites sur les spécialités, une épreuve écrite de philosophie et un grand oral de 20 minutes consacré à la présentation d’un projet préparé en première et terminale. Concernant les épreuves écrites, les sujets sont nationaux.
Elles s’appellent E3C, comme épreuves communes de contrôle continu. Elles ont commencé la semaine dernière pour les classes de première. Au programme : histoire-géographie et langues vivantes pour la filière générale, et mathématiques pour la voie technologique. Issus de la réforme du baccalauréat, ces nouveaux examens durent entre une heure et demie et deux heures, selon les disciplines. Les dates sont fixées par le chef d’établissement. Pour favoriser l’égalité entre les candidats et les établissements scolaires, les professeurs doivent piocher dans une banque nationale de données. Les copies, anonymes, sont corrigées par d’autres enseignants que ceux de l’élève.