Culture

Rman : get up, stand up

Voilà un Vénissian qui a suivi en quelque sorte le conseil chanté par Bob Marley : il s’est bougé et commence à se faire une place dans le stand-up, cette nouvelle école d’humoristes. On s’en rendra mieux compte les 31 janvier et 1er février à la salle Érik-Satie, où Rman présente son spectacle Cramé.

 

Si vous avez fréquenté l’AS Minguettes, où il a été joueur et éducateur, la MJC, dont il fut le vice-président, les concerts des Ming8 Halls Starf, qu’il accompagnait parfois sur scène avec quelques vannes, ou si vous êtes simplement de La Darnaise, vous le connaissez forcément. Mais pas seulement. Car vous avez pu voir Hermann Meva’a, qui a choisi le nom de scène de Rman, à La Grooverie, dans le premier arrondissement de Lyon, où il a mis en place un plateau de stand-up, le Blue Monday. Ou encore au Jamel Comedy Club. Les plus chanceux auront pu l’applaudir au Maroc, où il retourne cet été ainsi que bientôt à Londres, « pour un plateau en français ».

On l’aura compris, Rman est un stand-upper, ainsi que l’on nomme ce nouvel art comique qui s’inspire des États-Unis : seul sur scène, l’artiste joue avec le public, improvise, parle de lui et des autres, chambre tout le monde. C’est un fait, Rman aimait la vanne mais de là à monter sur scène… Il n’y croyait pas. « Un jour, Chaya, qui faisait du théâtre d’impro à Vaulx-en-Velin, me demande de venir la voir. Elle m’a dit que j’avais de la répartie et que je devrais écrire du stand-up. J’ai gagné un concours à Vaulx et… let’s go ! »

Les cafés-théâtres lyonnais ne savent même pas alors ce qu’est le stand-up. « Ils pensaient que c’était une sorte de zouk, de musique exotique. Ou alors de l’humour communautariste. Moi, je n’en fais pas. Je suis né en France. Ils me disaient aussi que c’était trop urbain. »

Le jeune homme part à Paris pour tenter de devenir professionnel. « Je voulais voir si j’avais du potentiel. J’étais parti de l’AS Minguettes, faut savoir chambrer, là-bas. Bouchra Beno m’a fait entrer au Jamel Comedy Club. J’ai fait un plateau, j’ai cartonné. L’année suivante, j’ai fait un passage télé. J’ai aussi joué à Barbès, dans les festivals du 9-3 et du 9-4, dont Villeneuve-Saint-Georges. Je n’avais pas de producteur, aucune subvention, je payais mes voyages avec mon RSA. J’ai préféré redescendre à Lyon, où, avec deux potes, j’ai préparé une structure indépendante. »

De l’huile de coude et de la détermination

Elle est devenue Carré Rouge Comédie. Son premier spectacle, Rman le joue au palais de la Mutualité à Lyon et ça marche, « avec un peu de com’, d’huile de coude et de détermination ». Et il ajoute : « J’avance plus vite en faisant mon propre chemin plutôt que de prendre celui qu’on me montre. » C’est alors que l’humoriste est contacté par Hamid Ferkioui et Patrice Pommier, des Vénissians qui viennent de monter l’association La Perche et qui désirent créer à Vénissieux un festival du rire. Rman apprécie cette « forme de reconnaissance », le fait qu’on le considère « avec respect ». La première édition de ce Vénissieux en rire attire plus de 300 spectateurs au Théâtre de Vénissieux et Hamid est aujourd’hui rassuré : « Le maire nous fait confiance. Rman est talentueux, Yanisse Kebbab aussi et tous deux sont de Vénissieux et Saint-Fons. J’aimerais qu’ils puissent donner des cours de stand-up aux jeunes des EPJ. »

Rman est d’accord pour le faire, d’autant plus que sa définition du stand-up va dans le bon sens : « C’est une prise de parole devant un public, un art très humain, qui contient une part de sincérité. On joue de notre misère, de nos points de vue, c’est accessible à tous. Dès le collège, on devrait nous apprendre à parler, ne serait-ce que pour les entretiens d’embauche. C’est une belle énergie. Le stand-up est aussi une culture, une manière de faire de la scène différemment. On n’a besoin que d’un micro, de la lumière, d’un tabouret. »

C’est ce que Rman aura ces 31 janvier et 1er février à la salle Érik-Satie, à l’occasion de la carte blanche que lui offre La Perche. Il présentera Cramé, son nouveau spectacle. Qu’il explique ainsi : « C’est ce que nous sommes, moi et Vénissieux : un peu cramés. C’est une réputation. Ça veut dire beaucoup de choses : on peut se faire cramer par sa femme ou au taf. L’AS Minguettes était le club le plus cramé, comme Michelet l’était aussi pour les collèges de la région. La moralité, c’est qu’on peut être cramé, carbonisé, se sentir nul mais avoir aussi des idées et s’éclater si on arrive à les réaliser. Je veux déconstruire ces idées reçues sur ce qu’est être cramé. Il existe à Vénissieux une vraie énergie positive, avec des gens qui ne demandent qu’à sortir du foot et du rap. »

Cramé, spectacle de Rman proposé par l’association la Perche : les 31 janvier et 1er février à la salle Érik-Satie. Ouverture : 20 heures, spectacle à 20h45. Tarif : 10 euros.

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