Du haut de son mètre quatre-vingt-six posé sur quelque 70 kg, il n’a rien d’impressionnant. Mais sur un ring ou dans une cage, il devient un redoutable combattant en arts martiaux mixtes.
Farès Ziam va sur ses dix ans, en 2007, quand il découvre le MMA (Mixed martial arts, en anglais). Il a déjà une prédilection pour les sports de combat. Son père, Taïeb, ancien boxeur pro qui a raccroché les gants dans les années 2000, y est bien sûr pour quelque chose. Mais c’est le petit écran qui va être déterminant pour cet écolier fluet et discret. « J’ai découvert le monde du MMA grâce à RTL 9 qui était la première chaîne à retransmettre des combats, et j’en suis devenu immédiatement mordu. »
Natif de Vénissieux, où réside encore une bonne partie de sa famille dans le quartier Léo-Lagrange, Farès suit une scolarité sans heurts au Charréard. Des études qu’il poursuivra au collège et au lycée à Givors, jusqu’au bac. Sur le plan sportif, il fait ses gammes dans le multisport, goûtant au judo, au full-contact et au ju-jitsu brésilien dans cette commune enserrée entre les monts du Lyonnais et les contreforts du Pilat, s’emparant au passage d’une bonne demi-douzaine de titres nationaux chez les jeunes. Un solide combattant est né, qui ne cherche qu’à « devenir meilleur ».
En 2014, Farès va chercher à progresser du côté de Villeurbanne et du team Ezbiri, ce qui se fait quasiment de mieux dans la région. « Fouad Ezbiri est une référence, confirme l’athlète. Plusieurs fois champion du monde en kick-boxing, muay-thaï et en MMA, il est devenu, depuis plus de 12 ans, coach mental et enseignant de « thaï », de K1, de MMA et de grappling. » Et très vite, le Vénisso-givordin prend de la hauteur dans cette discipline qui a longtemps eu mauvaise presse… du moins jusqu’en juin dernier. La ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a en effet lancé un appel pour la création d’une fédération sportive délégataire. Un acte de reconnaissance officielle et un grand pas vers la structuration de cette discipline dans l’Hexagone (lire ci-dessous).
Sur les rings (boxe thaïe, kick-boxing) et dans les cages (MMA), Farès s’illustre. Impossible de suivre le rythme infernal de ce multicartes capable de s’exprimer en judo, K1, pancrace, ju-jitsu brésilien, kick-boxing, MMA. Il poursuit parallèlement un cursus universitaire en sciences et techniques des activités physiques et sportives de Lyon 1, et il est même couronné champion de France universitaire de kick-boxing. Un trophée de plus.
Il y a deux ans, invité pour participer à un championnat du monde de kick-boxing de grand standing organisé par Glory 47, il séduit. Face à Mohamed Souane, un spécialiste, Ziam junior tient la distance et obtient le match nul. Bonne préparation avant d’aller faire un stage avec l’équipe de France, en Algérie. Il déclarait alors à Expressions : « Mon objectif est de progresser avec les nombreuses personnes qui m’entourent : Guillaume Peltier, mon manager, Malik, Yanis… À moyen terme, j’envisage de faire quelque chose en UFC, (Ultimate Fighting Championship), une organisation américaine d’arts martiaux mixtes, reconnue comme la plus importante ligue mondiale de ce sport de combat ».
Souhait devenu réalité l’an dernier. Ziam est recruté par cette ligue professionnelle américaine. « Au niveau international, dans ma catégorie des moins de 70 kg nous sommes une soixantaine de concurrents, les places sont chères. On doit combattre trois à quatre fois dans l’année, et tenter de remporter un maximum de victoires. Sinon, on risque d’être déclassé et viré de l’UFC. »
En septembre dernier, à Abou Dhabi, Farès a fait son entrée dans la cour des grands, avec son premier combat pro de l’UFC. Suite au forfait de Magomed Mustafaev, avec une courte préparation, il a défié le Sud-Africain Don Madge, s’inclinant aux points et avec les honneurs. « Je n’ai pas à rougir de ce revers, je n’ai jamais été mis en danger, mais je suis tombé sur un adversaire expérimenté, très fort tactiquement. Les dirigeants de l’UFC ont apprécié ma prestation. J’ai retenu la leçon. »
En attendant la désignation de son prochain adversaire, Farès n’a pas dérogé à ses bonnes habitudes : une dizaine d’heures d’entraînement hebdomadaires dans la salle Ezbiri, des footings, des vacations sportives, notamment à Vénissieux. « J’ai eu la chance de faire connaissance avec Aïssa Azouzi, un éducateur sportif spécialiste des arts martiaux. J’ai pu faire des animations avec les jeunes. »
Une fois sa licence en poche – probablement dans quelques semaines – Farès va consacrer tout son temps au MMA. « Ma motivation, c’est d’être le meilleur, j’ai toujours eu cette soif de compétition en moi. »
Quand on l’interroge sur l’origine de son surnom, « Smile Killer », Farès s’épanche. « C’est mon manager qui me l’a donné. Il s’est aperçu que je souriais tout le temps, dans mon quotidien, aux entraînements, à la pesée. Mais une fois entré dans la cage, mon visage se contracte, je deviens un killer, et cela trouble mes adversaires qui m’avaient vu tout souriant, juste avant. »
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Le MMA sur la voie de la légitimité
Sport de combat violent opposant deux combattants lors d’un duel où (presque) tous les coups sont permis, le MMA combine un ensemble de techniques empruntées à plusieurs disciplines – lutte, boxe, jiu-jitsu brésilien, muay thaï, kick-boxing, sambo – et se pratique debout, en corps à corps ou au sol. Les compétitions sont longtemps restées interdites en France, seuls les entraînements étaient autorisés.
Depuis quelques mois, le MMA a obtenu une première reconnaissance par la voix de Roxana Maracineanu, la ministre des Sports. « Il y aura bientôt des compétitions de Mixed Martial Arts, sa pratique, au moins au niveau amateur, est une réalité en France et se développe notamment vers les publics jeunes et féminins. On ne peut plus occulter cette réalité, il faut pouvoir l’encadrer et la structurer, a-t-elle expliqué pour justifier sa décision. On estime que quelque 40 000 pratiquants sont aujourd’hui concernés par cette discipline. »
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